« Suicide simulé », cocaïne… ce qu’il faut retenir de la conférence de presse du procureur de la République

« Suicide simulé », cocaïne… ce qu’il faut retenir de la conférence de presse du procureur de la République
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Trois jours après les faits, les circonstances de la fusillade sont devenues plus claires. Le tir de balle, qui a grièvement blessé Kendji Girac, lundi 22 avril à Biscarrosse (Landes), a été “volontairement provoqué” par le chanteur lui-même, a indiqué le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, lors d’une conférence de presse. ce jeudi 25 avril. Transporté dans un état grave à l’hôpital Haut-Lévêque du CHU de Bordeaux, la vie de l’artiste n’est plus en danger.

Lors de ses premières auditions, l’homme de 27 ans a répété qu’il s’agissait d’« une fusillade accidentelle ». À plusieurs reprises, il a évoqué une mauvaise manipulation d’une arme à feu achetée la veille dans une brocante. Mais ce mercredi 24 avril, il a finalement reconnu devant les enquêteurs qu’il avait voulu “simuler un suicide” pour “effrayer sa femme”, qui menaçait de le quitter, a indiqué le procureur.

Pendant plus d’une heure, ce jeudi 25 avril à 15 heures, lors d’une conférence de presse, tenue au siège du tribunal judiciaire de Mont-de-Marsan (Landes), Olivier Janson est longuement revenu sur la chronologie des faits et de la enquête.

Les secours alertés par une femme

Lundi 22 avril, à 5h24, le Samu a été appelé pour “une intervention urgente” concernant un “homme blessé par balle”, a indiqué le procureur. Les secours ont été alertés par une femme, non encore identifiée, qui a appelé sur le téléphone du compagnon de Kendji Girac. A 5h42, trois pompiers arrivent dans un campement, situé dans une zone d’accueil des Gens du voyage à Biscarrosse (Landes). Ils ont découvert Kendji Girac, assis devant une caravane, en sous-vêtements. Il était visiblement porté sur une chaise, a indiqué le procureur.

De leur côté, les gendarmes de Biscarosse ont été appelés par les pompiers pour « une suspicion de blessure par balle », a poursuivi le procureur de la République. Mais arrivés sur place, à 6h05, les agents ont découvert « un camp plongé dans l’obscurité », avant d’apercevoir une vingtaine d’hommes « à l’arrière du camp ».

Une « omerta » dans le camp

Selon le procureur de la République, l’accueil réservé aux policiers “est en décalage” avec celui réservé aux pompiers, explique Olivier Janso, qualifiant une “omerta”. Les “gendarmes sont invités à ne pas rester sur place”, a-t-il précisé. L’intervention des pompiers, elle aussi, « est loin d’être facile ». “L’accueil a été hostile”, les pompiers ayant été soumis aux “directives” des habitants du camp, a précisé Olivier Janson.

Jusqu’à l’arrivée d’un enquêteur de la brigade de recherche à 6h35, la situation est restée “gelée”, a détaillé le procureur. L’agent a tenté d’en savoir plus sur les circonstances de l’incident, mais les habitants ont refusé de s’identifier et sont restés silencieux. Toutefois, selon le procureur, aucune violence n’a été constatée.

Un « tir à bout portant »

Selon le procureur, à l’arrivée des secours et des enquêteurs, Kendji Girac n’était pas encore identifié. Il est actuellement dans un état grave, a expliqué Olivier Janson. Les enquêteurs ont réussi à identifier le chanteur grâce à la plaque d’immatriculation de sa Porsche Cayenne.

Selon les premières constatations du médecin légiste, Kendji Girac a été touché entre deux côtes à une distance « considérée comme proche » et « par un tir à bout portant », a détaillé le procureur. Ses poumons et sa rate ont été touchés. Ses os n’ont pas été touchés.

Sur place, les gendarmes ont constaté un « impact de balle à l’arrière de la caravane » de Kendji Girac, clos au début des investigations. Cette dernière, isolée du reste du camp, se trouvait « sans voisins immédiats » le soir du drame en raison de l’absence de ses parents, a détaillé le procureur.

Mauvaise manipulation mise en avant par Kendji Girac

Selon Olivier Janson, ce n’est qu’à 10 heures, au retour de la compagne du chanteur, que la caravane a pu être ouverte et examinée par les enquêteurs. A l’intérieur, les policiers ont constaté du “désordre” dans le salon, où se trouvaient un lit bébé et une couette. Aucune arme ni étui n’a été trouvé à ce moment-là.

Interrogé une première fois, vers 8h15 lundi, Kendji Girac a évoqué un « accident » sans apporter davantage de contexte. “J’ai manipulé l’arme, je n’y suis pas vraiment habitué”, a-t-il expliqué, indiquant qu’il était seul avec son partenaire lors du tir.

L’arme “en mauvais état d’entretien”

Selon le récit du procureur, c’est une personne « non identifiée » qui a indiqué à la police où se trouvait l’arme. Elle a été retrouvée à quelques dizaines de mètres de la caravane, dans un bosquet, sans chargeur. L’oncle du chanteur a remis le chargeur et l’étui du pistolet à la demande des enquêteurs et avec le soutien du père de la star.

L’arme est identifiée comme étant un pistolet semi-automatique modèle 1911, “en mauvais état” mais fonctionnant parfaitement, a précisé le procureur. « Un coup de feu ne peut pas partir tout seul », selon Olivier Janson, « il faut appuyer sur la gâchette de l’arme », rappelle-t-il. Cette arme de poing de catégorie B nécessite une autorisation pour être possédée. Il n’a jamais été utilisé dans d’autres cas, selon les contrôles des enquêteurs.

La thèse d’un accident “jugé impossible” par le parquet

Un ensemble d’éléments qui ont poussé le parquet à juger “impossible” la thèse d’un accident ou “d’une fusillade intempestive”. « Il ne peut y avoir de tir sans que l’arme soit activée », a déclaré Olivier Janson, le procureur de la République.

D’autant que selon lui, Kendji Girac, qui a participé à un stage au Raid en 2019, “sait clairement comment fonctionne l’arme”. Par ailleurs, l’achat dans une brocante semble “fortement douteux” et serait, s’il était confirmé, illégal, a ajouté Olivier Janson.

Le couple s’est rencontré en 2014

Selon les précisions fournies par le procureur, Kendji Girac s’est récemment installé dans le camp, sans sa fille de 3 ans et son compagnon, mais avec ses parents. Quelques jours avant le drame, sa compagne, originaire de Suisse, rendait visite à sa famille qui y vit.

Le jour du drame, Kendji Girac revenait vers 23h20, après une soirée couscous. Le coup de feu a été tiré lundi vers 5 heures du matin. Ses cousins ​​affirmaient qu’il était « sobre », une version qui a été démentie par le chanteur lui-même. « Il a beaucoup bu tout au long de la journée », a détaillé le procureur.

Devant les enquêteurs, Soraya, la compagne de Kendji Girac, a expliqué qu’ils s’étaient rencontrés en 2014, en Suisse, avant d’entamer une relation à distance jusqu’en 2020. À partir de cette année-là, le couple s’est installé ensemble. La jeune femme, qui n’est pas issue de la communauté des gens du voyage, a adopté le mode de vie nomade des Girac. Aux policiers, elle a confié qu’elle n’avait pas été très bien intégrée par sa belle-famille. Une situation qui s’est légèrement améliorée il y a trois ans, à la naissance de leur fille.

Mais selon sa compagne, Kendji Girac souffre d’une “addiction à l’alcool”. Il prend des « beuveries » régulièrement et de la cocaïne « une à deux fois par semaine », a-t-elle précisé aux enquêteurs, selon le procureur.

Une dispute au sein du couple le soir de l’incident

Le soir du drame, le chanteur avait consommé plusieurs verres d’alcool, selon sa compagne. Elle a quitté les lieux des festivités seule avec leur fille, affirmant s’être couchée vers 23 heures. A son retour, Kendji Girac était “ivre”, a-t-elle précisé. Elle l’a alors accusé de faire du bruit et de mettre la musique trop forte pour leur fille qui gisait dans la caravane. Elle a ensuite expliqué avoir appelé son beau-père pour tenter de le raisonner.

Vers 3 heures du matin, selon sa compagne, le chanteur est rentré à la caravane, en sous-vêtements, en état d’ébriété. Leur fille, réveillée à plusieurs reprises par son père, s’est mise à pleurer, selon son récit. La jeune femme a alors demandé à son compagnon de partir, avant de s’enfermer dans une autre pièce de la caravane. C’est à ce moment-là qu’elle dit avoir entendu un « coup de feu ». En sortant de la pièce, elle a découvert Kendji Girac grièvement blessé, a-t-elle indiqué, selon le procureur de la République.

“Il n’y avait personne d’autre dans la caravane, ça ne pouvait être que lui qui s’est suicidé volontairement ou non”, a précisé le compagnon de Kendji cité par le procureur. Selon elle, le chanteur avait déjà évoqué la volonté de mettre fin à ses jours dans le cadre de disputes conjugales.

Selon les premiers examens médicaux légaux, le chanteur avait, le soir du drame, 2,5 grammes d’alcool par litre de sang. Le chanteur avait également consommé de la cocaïne. Une trace de la balle a été retrouvée dans la caravane, à proximité du canapé. Selon les expertises, le chanteur n’était pas assis sur le canapé au moment de la fusillade. Il était « collé au mur inversé » de l’endroit où se trouvait le trou de balle.

«Faire un suicide» pour «effrayer sa femme»

Interrogé sur les faits par les enquêteurs ce mercredi, Kendji Girac a expliqué « être fatigué » et « un peu perdu moralement ». “Je n’aurais pas dû boire autant pour un repas (le jour du drame)”, a regretté le chanteur, qui a également reconnu avoir consommé de la cocaïne.

Contrairement à sa précédente version, Kendji Girac a reconnu avoir « volontairement porté » le coup pour « effrayer » son épouse qui menaçait de le quitter, évoquant « une pulsion ». Selon le parquet, Kendji Girac a reconnu avoir voulu « simuler un suicide ». “Je voulais que Soraya entende le bruit de la gâchette, pour qu’elle ne parte pas”, a-t-il déclaré, selon ses propos rapportés par le procureur.

Devant les enquêteurs, il s’est également rétracté sur l’achat de l’arme. Contrairement à sa première version, dans laquelle il affirmait l’avoir acheté dans une brocante, il a finalement indiqué l’avoir payé 500 euros à un homme, qui n’était pas issu de la communauté des voyageurs, et qui était en visite au camp. À ce stade, cet individu n’a pas encore été identifié.

Un tir “volontairement provoqué par Kendji Girac”

Trois jours après les faits, le parquet a écarté la possibilité d’une fusillade menée par un tiers. “Nous avons une fusillade volontairement provoquée par Kendji Girac”, a expliqué le procureur.

Le chanteur a déclaré qu’il ignorait que l’armée était occupée au moment du drame. « Sa version lui appartient et doit être liée au tabou de la question du suicide chez les Gens du voyage », juge le procureur. Ce geste, s’il est confirmé, n’est pas puni par la loi.

L’information judiciaire, ouverte pour “tentative d’homicide volontaire” va continuer de confirmer les circonstances de la scène, mais le chanteur ne sera pas forcément poursuivi pour la détention de son arme, a précisé le procureur. “La leçon est largement entendue” par le chanteur, a poursuivi Olivier Janson. “Sauf nouveaux événements, cette procédure doit être close”, a-t-il conclu.

 
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