Alors que les dépenses militaires augmentent dans un monde tourmenté par les guerres, la Suisse vend moins d’armes. L’explication réside notamment dans le Qatar.
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25 avril 2024 – 13h30
2443 milliards de dollars, soit près de 2300 milliards de francs suisses : c’est la somme que le monde a dépensé l’année dernière pour s’armer. Avec l’augmentation de la demande mondiale, le chiffre d’affaires global des entreprises d’armement, qui fabriquent toutes sortes d’équipements de guerre, augmente également.
Mais en Suisse, leur chiffre d’affaires est en baisse. Les exportations d’armes de la Suisse se sont élevées à près de 700 millions de francs en 2023, soit une baisse de 27% par rapport à l’année précédente. Une baisse qui s’explique notamment par le durcissement des dispositions concernant les exportations de matériel de guerre. La Suisse est très stricte à ce sujet.
Il faut aussi se tourner vers le Qatar pour expliquer ce déclin. Le pays du Golfe a organisé la Coupe du monde de football en 2022 et s’est équipé en conséquence. Pour protéger ses stades, le pays s’est doté de systèmes de défense antiaérienne d’une valeur de 120 millions de francs. Cette commande n’a pas été renouvelée l’année dernière, ce qui explique en partie la baisse du chiffre d’affaires du secteur en 2023.
Exportations interdites dans les pays belligérants
«Les services commerciaux des entreprises suisses ont nettement moins de travail», confirme Matthias Zoller de Swiss ASD, le groupe – sous l’égide de Swissmem – d’entreprises actives à l’international dans les domaines de la sécurité, de la défense et de l’aéronautique. Ces entreprises fabriquent des produits militaires et civils.
Le resserrement politique a également un impact sur le secteur. Le groupe allemand Rheinmetall fabrique par exemple moins de munitions en Suisse qu’auparavant pour les chars Guepard. En effet, il est interdit en Suisse d’exporter du matériel vers des pays en guerre. Cette interdiction s’applique également aux États qui pourraient transmettre ces armes à d’autres pays.
«Nos voisins européens, qui sont aussi nos principaux clients, ont perdu confiance en la Suisse et ne passent plus de commandes chez nous. Les Pays-Bas ont par exemple décidé de ne plus acheter de matériel militaire suisse», poursuit Matthias Zoller.
14 000 personnes sont employées dans le secteur
Cette interdiction a divisé l’opinion publique au milieu du débat sur la livraison de chars Leopard déclassés à l’Allemagne pour les transférer en Ukraine. Dans le secteur, on craint pour les affaires.
L’«interprétation dogmatique de la neutralité» menace l’industrie de l’armement, déclarait en octobre dernier le président de Swissmem, Martin Hirzel, dans les colonnes du Nouveau Zürcher Zeitung.
On estime que 14’000 personnes travaillent dans le secteur de l’armement suisse. Et la tendance n’est probablement pas à la hausse. Les associations de l’industrie s’activent donc au niveau politique pour obtenir un assouplissement des lois strictes sur les exportations d’armes.
Texte traduit de l’allemand à l’aide de DeepL/dbu