Forte densité d’animaux, malformations de poulets issus d’une souche génétiquement modifiée, mauvais traitements de la part d’un supposé exploitant du site. L’association contre la maltraitance animale, L214, a révélé des vidéos qu’elle affirme avoir filmées dans un élevage de poulets dans les Deux-Sèvres. LDC, la société en question, réfute ces accusations. Explications.
“Je m’appelle Ross, je suis né dans un couvoir et je n’ai jamais connu mes parents.“Le poulet difforme du film d’animation de l’association L214 est pénible à regarder.”24 heures après ma naissance, j’ai été mis dans une caisse, chargé dans un camion et enfermé dans un hangar avec des milliers d’autres poussins.“
C’est par la voix de l’acteur engagé, Raphaël Mezrahi, que l’association de défense des animaux veut faire entendre la voix de ces poulets d’élevage.
Derrière ces images de synthèse façon Chicken Run, l’association L214 a directement révélé les images réelles d’un élevage à Beugnon-Thireuil dans les Deux-Sèvres. Des poules entassés par milliers, se déplaçant sur leur propre litière qui ne semble jamais changée, des animaux morts piétinés par leurs pairs, mais aussi un opérateur qui jette une poule contre le mur…
L’association affirme avoir filmé ces images chocs il y a un mois.
Léo Le Ster, responsable des campagnes agroalimentaires à L214, dénonce ces conditions d’élevage pourtant légales. “Ce sont des images chocs, malheureusement tristement représentatives du standard qui existe en France, et représentatives de 80% de ces élevages intensifs de poulets qui fournissent des marques bien connues des Français comme Le Gaulois, Maitre Coq..»
L’association L214 a organisé un happening à Paris, place de la Bourse, avec des poulets géants pour dénoncer les conditions d’élevage des poulets et l’utilisation de races de poulets génétiquement modifiées pour produire plus de viande.
•
© L214
La réglementation française prévoit que les élevages de poulets limitent le nombre d’animaux à environ 22 poulets par mètre carré (42 kilos/m²), soit l’espace d’une feuille A4 par poulet.
Un standard respecté par cette ferme du groupe LDC, maison mère des marques Le Gaulois et Maître Coq. “Ils se cachent derrière réglementation, déclare Léo Le Ster de L214. Mais nous pensons que cela est impossible et incompatible avec le bien-être animal. Il faut arrêter ces choses, nous avons des demandes raisonnables : descendre à quinze poules au mètre carré.»
Au-delà de la question de la densité de population animale, l’association pointe du doigt la race de poulet utilisée : la Ross 308. Il ne s’agit pas d’un nom de voiture, mais d’une race artificielle créée en laboratoire par la société Aviagen.
Cette souche génétique favorise la prise de poids au niveau de la poitrine pour fabriquer de la viande au détriment du reste de leur corps. C’est un vrai poulet Frankenstein… et cela crée des problèmes pulmonaires et cardiaques, mais cela les fait aussi boiter. Certains meurent dans cette ferme avant même d’être envoyés à l’abattoir alors qu’ils ne restent qu’un mois dans ces hangars.
En utilisant cette race, la durée de vie des oiseaux est réduite, mais leur croissance est décuplée. “Il s’agit uniquement d’un objectif de rentabilité.», estime le directeur de campagne de L214.
LDC, la société mise en cause par L214 sur cet élevage des Deux-Sévrien, assume l’utilisation de poules à croissance rapide comme la Ross 308, mais souligne que ce type de race n’est largement pas leur apanage : «Le type de race mis en avant ici est le plus produit au monde : il correspond à 98 % des poulets vendus sur la planète.», précise LDC.
Pour LDC, qui réfute les accusations de l’association, L214 se trompe de cible. Car l’entreprise serait volontaire dans la démarche d’élever des poulets issus d’autres races dites à croissance lente qui représenteraient 26% des poulets proposés par les enseignes LDC. Elle dit aussi vouloir entretenir le dialogue avec l’association qu’elle accuse de vouloir «susciter l’émotion et [de] désinformer le public sur les conditions d’élevage en France, imposer un régime végétalien à tous les consommateurs afin d’abolir l’élevage français.»
De son côté, L214 demande à LDC de cesser d’utiliser ces races de poulets pour les trois quarts restants et de respecter l’European Chicken Commitment, une charte sur le bien-être animal, pour tous ses poulets. reproduction.
