Nogent-sur-Oise. Les seigneurs des taudis régnaient dans la terreur dans le quartier de la Commanderie

Nogent-sur-Oise. Les seigneurs des taudis régnaient dans la terreur dans le quartier de la Commanderie
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Deux propriétaires de taudis ont rouvert les logements, se sont fait passer pour les propriétaires et ont loué des appartements à des prix élevés à des sans-papiers et à des personnes vulnérables. Un excès de violence a fait échouer « l’affaire juteuse ». – Photo : Otto Beaumont-Senn/Oise Hebdo.

Moussa Diarra et Antonio Veiga Correia n’ont pas encore été jugés et sont donc présumés innocents des charges retenues contre eux.

Dans le quartier des Rochers ex-Commanderie et plus précisément dans les immeubles 6a, 6b et 6c de la rue de la Tuilerie, ils seraient au centre d’un système de gestion d’une quarantaine de logements dont ils ne seraient pas propriétaires et dont ils auraient encaissé les loyers. Une affaire de marchands de sommeil donc dans des immeubles à l’abri des regards situés plein nord et sur une rue d’accès assez étroite.

Dans ces trois bâtiments, la terreur règne. Insultes, brimades, violences, extorsions et « peut-être même plus » confie un habitant sous couvert d’anonymat. Et oui, car sur place, on essaie d’être le plus discret possible, de se faire oublier. Non pas que les habitants aient grand-chose à se plaindre, mais tout simplement parce que plusieurs d’entre eux sont en situation irrégulière ou vivent dans une extrême pauvreté.

Lorsqu’un marchand de sommeil jette son dévolu sur ces braves gens, la tentation est trop forte de « prendre froid ».

Les appartements inoccupés sont rouverts et loués à des prix allant jusqu’à 600 euros.

Les services de la ville de Nogent-sur-Oise ont même tenté de murer certains appartements. Logiquement, la plupart de ces logements étaient sous mise en demeure de libérer les lieux, par arrêté préfectoral.
Rien ne s’est passé. En deux ou trois coups de masse, les ouvertures sont réalisées.

Pire encore, le personnel technique aurait été menacé en cas de nouvelle tentative de blocage des accès.
En professionnels, les deux amis profitaient de toute situation susceptible de les ralentir dans leur quête d’escroquerie. Ils sont tour à tour serruriers, électriciens, plombiers… Ils remettent en service n’importe quel appartement, rouvrent les réseaux d’eau et d’électricité et font office de bailleurs sociaux.

Cibler les personnes vulnérables

Et où finiront les locataires maintenant ? C’est la première remarque qui vient à l’esprit des résidents d’appartements en location : « Où allons-nous vivre ? Ici au moins, nous avions un logement. Cette affaire va nous obliger à partir», affirment les habitants.

Dans l’immeuble, on ne parle pas trop de voisin à voisin, sauf ceux par l’intermédiaire desquels le bouche à oreille a fonctionné.
Pour le loyer, des paiements en espèces étaient demandés. Certains ont utilisé des virements bancaires. C’était particulièrement le cas des personnes en situation régulière mais vulnérable.

Le bouche à oreille a fonctionné, tout comme les publicités sur les réseaux spécialisés. Les logements furent rapidement occupés.

L’activité bien établie aurait pu perdurer pendant des mois ou des années s’il n’y avait pas eu un événement permettant la découverte du pot aux roses.

Un locataire récalcitrant, ou plus précisément qui n’avait pas les moyens financiers de payer son loyer avec plusieurs mois de retard, a été tout simplement tabassé. Violence au point que la police a été appelée. Très vite, les enquêteurs sont convaincus que les « propriétaires » ne sont que des escrocs.
L’affaire est prise très au sérieux. Les logements répertoriés un par un.

Les « propriétaires » auraient rouvert une quarantaine d’hébergements comme celui-ci. A raison de quatre à six cents euros par loyer, le calcul est vite fait. Mais dans ce type d’activité, mieux vaut être le plus discret possible.

Ironie du sort, il y a quelques semaines, une délégation nogentaise accompagnée des services préfectoraux s’est rendue sur place. La réhabilitation des bâtiments fut un véritable désastre. Mauvaises exécutions, canalisations bouchées quasiment en permanence, dégâts, au point que certains considèrent ce quartier comme « maudit ».
Mais tous les habitants ne voient pas les choses de cette façon. Beaucoup d’entre eux l’apprécient. Ils veulent juste pouvoir y vivre en paix et espèrent qu’un jour les problèmes seront enfin résolus. Ils s’accordent à dire : « le travail effectué est une dissimulation ». Alors, cette nouvelle affaire de marchands de sommeil n’arrange pas la réputation de « La Com », puisqu’elle est taguée un peu partout dans le quartier pour rappeler que le quartier des Rochers était avant… La Commanderie.

Apparition immédiate

C’est peut-être par volonté d’être trop gourmands et de jouer de petits tours pour « donner l’exemple » et « se faire respecter » que des individus soupçonnés d’être des marchands de sommeil ont été arrêtés et placés en garde à vue. garde à vue puis déférée au procureur de la République. Trois jours plus tard, ils ont fait l’objet d’une comparution immédiate. L’un d’eux a demandé davantage de temps pour préparer sa défense.

Ce dossier sera donc examiné le 2 mai. Les deux prévenus sont présumés innocents.

Quant aux locataires mécontents, qui risquent également des poursuites pour occupation illégale du logement, plusieurs dossiers sont entre les mains des services sociaux. D’autres locataires ont préféré faire leurs valises et repartir le plus discrètement possible, sans doute à la recherche d’un autre marchand de sommeil sans scrupules.

 
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