Laurent Burgoa, « le Smic ne doit pas être au même niveau que les aides sociales »

Laurent Burgoa, « le Smic ne doit pas être au même niveau que les aides sociales »
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Tour d’horizon des sujets d’actualité avec le sénateur LR du Gard, Laurent Burgoa.

InfOccitanie : Eaux minérales naturelles du groupe Nestlé (Perrier, Vittel, Contrex, Hépar), contaminées par des matières fécales, des pesticides et des PFAS. L’Agence nationale de sécurité sanitaire a recommandé aux autorités de mettre en œuvre un plan de surveillance renforcée de Nestlé. Certains ministres sont soupçonnés d’avoir eu connaissance des manœuvres du groupe suisse sans avoir cru bon de prévenir les consommateurs. Comment voyez-vous cet échec ?

Laurent Burgoa : Il faut être prudent. J’ai demandé à plusieurs reprises à visiter le site Perrier à Vergèze, mais je n’ai jamais eu de réponse. Je leur poserais la question si je venais leur rendre visite. Bien sûr il faut être vigilant, la santé de nos concitoyens est essentielle. Si une information judiciaire est ouverte par la suite, je laisserai la justice faire son travail. C’est quand même un chantier important pour notre département, je ne jetterai pas les eaux sales avant d’y voir plus clair. Rappelons que l’entreprise soutient de nombreuses familles du secteur et celui de Vaunage.

Vous assumez pleinement votre vote en faveur de la loi sur l’immigration (largement censurée par le Conseil constitutionnel depuis), et notamment le retrait de l’AME (Aide médicale de l’Etat) au profit de l’AMU (Aide médicale d’urgence). ). L’Ordre des médecins du Gard s’est également “fermement opposé” à une restriction des conditions d’accès à l’AME. L’AMU n’est-elle pas plus dommageable en termes de santé publique ?

Ce n’est pas du tout de cela dont il s’agit. Nous avons voté pour un texte qui permettait les hospitalisations en urgence, par exemple pour une appendicite. Ce dont nous ne voulons pas, ce sont des étrangers qui bénéficieraient de soins dentaires ou de soins esthétiques, qui ne sont pas une nécessité absolue. Je n’ai jamais cédé à la tentation des extrêmes, mais à un moment donné, il faut écouter la position de nos concitoyens. Il faut intensifier la coopération internationale, les fonds dédiés aux pays africains ont largement plus profité aux dirigeants qu’aux populations. Cela aurait permis d’éviter certaines vagues d’immigration de l’Afrique vers l’Europe.

Une vague d’immigration bienvenue pour travailler dans l’agriculture, le bâtiment, la restauration, qui manquent cruellement de main d’œuvre

Je ne dis pas le contraire, en fait ce sont des Équatoriens qui travaillent là où je vais acheter mes asperges. Je fais partie de ceux qui ont négocié le fameux article 3 qui prévoyait la régularisation des sans-papiers dans des métiers en pénurie. C’est devenu l’article 4bis, qui prévoit des titres de séjour accordés au cas par cas par les préfets. Le salaire minimum ne devrait pas être au même niveau que l’aide sociale. Maintenant, faut-il augmenter le salaire minimum ou réduire les aides, telle est la question. L’après-Covid a habitué certains de nos concitoyens aux contrôles de l’État. J’ai certes voté pour le « quoi qu’il en coûte », mais il faut mettre la valeur du travail au cœur du débat.

Votre positionnement idéologique semble parfois flou. La première version de la loi sur l’immigration a introduit la préférence nationale. Ne déviez-vous pas de la ligne gaulliste pour flirter avec le RN, parti qui revendiquait alors une « victoire idéologique » ?

Je n’ai pas voté pour un texte par rapport au RN, la plupart des Marcheurs ont également voté pour. C’est un accord qui a été trouvé entre la majorité présidentielle relative à l’Assemblée nationale et la majorité sénatoriale, de droite et du centre. Nous n’avions pas besoin du RN, d’ailleurs il n’y avait qu’un seul représentant du RN au sein de la Commission Mixte. Si c’était à refaire, je voterais exactement la même chose.

Vous avez voté en faveur du CETA, l’accord commercial controversé entre l’UE et le Canada. Les éleveurs de bovins ont toujours été parmi les principaux opposants, craignant une concurrence déloyale. 97% des vaches du département sont des races à viande selon la Chambre d’Agriculture du Gard. L’élevage bovin est-il sacrifié sur l’autel du libre-échange ?

La majorité des députés LR ont voté pour au Parlement européen. L’élevage dans le département concerne essentiellement les taureaux camarguais. Selon l’ambassadeur du Canada en France, nous importons principalement des bisons du Canada. Il faudra me dire où se trouvent les élevages de bisons dans le Gard ? J’ai reçu des représentants de la filière vitivinicole, discuté avec le président de l’UPE30, j’ai voté en faveur de nos entreprises gardoises. Beaucoup m’ont dit que j’avais fait un choix courageux et que je n’étais pas un politicien. Je n’aurais pas voté de la même manière pour le Mercosur qui est défavorable à la France.

36 millions d’euros de rémunération en 2023 pour Carlos Tavares, directeur général de Stellantis (PSA – Fiat-Chrysler). Choqué?

De toute façon, un parlementaire est loin de gagner ces sommes-là (rires). Je n’ai pas de discours contre le capital, si les gens gagnent leur vie par le travail et le savoir, tant mieux pour eux. C’est comme ceux qui disent que les élus coûtent cher, que la démocratie a un coût. Les riches et les pauvres ont toujours existé, le populisme profite aux extrêmes. Nous devons voir comment partager la valeur plus équitablement. Je suis pour l’idée de revaloriser les bas salaires, compte tenu du coût de la vie et de l’inflation. Mais je suis contre le fait de prendre l’argent des riches pour le redonner aux autres sous forme d’aide sociale.

Météo France, qui réduit drastiquement ses effectifs et ses budgets, peut-elle encore assurer sa mission de surveillance météo, compte tenu de l’intensification des phénomènes météorologiques (épisode Méditerranée et Cévennes) ?

Lors des événements tragiques de mars dernier dans le Gard, nous avons eu rendez-vous en préfecture, les précipitations n’ont pas été très intenses. Les prévisions météorologiques sont comme les sondages politiques, vous pouvez vous tromper. Je déplore particulièrement l’insouciance de certains de nos concitoyens face au danger. Par contre il y a trop de vigilance, entre la pluie, l’avalanche, le vent, il faut un bac plus 15 pour comprendre. Sans parler de l’accoutumance, si rien ne tombait alors même qu’il y avait une alerte rouge… Il faut revenir à la sensibilisation de nos populations, en travaillant auprès des écoliers qui sont les meilleurs relais de leurs familles.

Vous reconnaissez-vous dans le personnage d’Eric Ciotti, patron de votre famille politique qui prône la « priorité nationale » chère au Rassemblement National et n’a pas peur de débattre du « grand remplacement » ?

Ce sont des termes que vous ne retrouverez jamais dans ma bouche. Eric Ciotti n’a jamais été ma tasse de thé, je trouve que son positionnement est un peu trop extrême droitier. J’ai soutenu Bruno Retailleau à l’époque. La droite républicaine doit avoir deux jambes, l’une sur le régalien, la sécurité, et l’autre sur le social. Je suis toujours resté chiraquien, la « France pour tous » me convient parfaitement.

Regardez-vous une carte chez Horizons, le parti de la majorité présidentielle ?

Il y aura une reconfiguration politique après Macron, c’est certain. Nous reviendrons à une droite et une gauche classiques. Le candidat de la droite en 2027 ne doit pas forcément venir de LR. Je suis pour gagner. Passons d’abord par étapes, si la liste LR fait moins de 5% d’Européens, nous n’existerons plus. Je tiens quand même à souligner que c’est M. Macron qui a renforcé les deux pôles extrêmes avec LFI et le RN.

Vincent Bouget, vice-président du Conseil départemental du Gard, a par le passé souligné votre ambiguïté politique, que lui répondez-vous ?

S’il tend la main à LFI, il quitte l’arc républicain. Il m’a reproché de ne pas l’avoir soutenu au second tour des élections cantonales, mais il avait le soutien de LFI ! C’est plutôt M. Bouget qui est très ambigu. Il tend la main aux gens populistes, communautaires et dangereux pour la démocratie.

Seriez-vous intéressé par un fauteuil de maire à Nîmes ?

Je suis très heureux là où je suis, à la rencontre des maires du Gard. En revanche, je m’intéresserai de près à la vie politique nîmoise et je dirai le moment venu qui je soutiendrai… Une chose est sûre, je combattrai partout le RN et LFI et ceux qui leur sont associés.

 
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