« Le couvre-feu est symbolique et ne résoudra pas tous les problèmes », juge Jean-Marc Vayssouze

« Le couvre-feu est symbolique et ne résoudra pas tous les problèmes », juge Jean-Marc Vayssouze
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l’essentiel
Le président régional de l’Association des maires de et sénateur PS du Lot, Jean-Marc Vayssouze, donne son point de vue sur le couvre-feu mis en place par certains élus en France pour lutter contre les violences des mineurs.

Plusieurs maires ont évoqué la possibilité d’un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés de moins de 13 ans à partir de 23 heures. Qu’en pensez-vous ?

Tout d’abord, la légitimité que peuvent avoir les maires de France à l’égard de ce type de décret me semble tout à fait normale. Cela reste une compétence de l’État, exercée par les élus. Je pense que chaque élu a une situation dans sa ville qui est différente. Ce n’est pas forcément une mesure récente. Je constate qu’il y a plusieurs maires qui ont pris ce type d’arrêté. On parle actuellement de maires de droite et d’extrême droite, mais Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a également instauré un couvre-feu pour tous les mineurs non accompagnés à partir de 22 heures. C’est un vrai sujet qui dépasse parfois les clivages politiques. Je pense que cela dépend aussi de la situation. Il y a évidemment des territoires bien plus concernés que d’autres.

Cette mesure peut-elle être dissuasive ?

Nous voyons clairement que nous sommes à un moment qui appelle des actions fortes dans cette crise d’autorité. Je pense qu’il ne faut pas stigmatiser les jeunes, pourtant on l’entend dans certains discours. En revanche, je pense que c’est une mesure plus symbolique qu’autre chose. On ne résoudra pas les problèmes d’insécurité, de violence exacerbée, avec une mesure de couvre-feu qui concernera une infime minorité.

Une décision comme celle-ci peut-elle résoudre le problème de la violence chez les jeunes ?

Cette mesure reste symbolique à l’heure qui fait suite à une hausse des incivilités et des violences auprès des mineurs. Que, disent toutes les forces de police, il y a aujourd’hui un problème plus grave qu’avant concernant les mineurs. Nous avons une autorité qui n’existe pas. Il y a aussi une partie des jeunes qui perdent leurs repères et qui manquent de règles.

Pour le moment, seuls les moins de 13 ans non accompagnés sont concernés par ces couvre-feux. Sommes-nous en train de cibler les mauvaises cibles ?

Il est difficile de dire quel est le bon moment, quel est le bon âge… Nous devons montrer des mesures fortes, mais le problème est plus large que cela. Inégalités, structures familiales qui ont explosé, pouvoir d’achat qui baisse… Ce sont autant de problèmes que ce couvre-feu ne pourra pas prévenir, c’est une évidence. Et quand on a la possibilité de gagner 10 fois plus que ses parents grâce au trafic et aux réseaux sociaux, c’est un problème de fond. L’efficacité de la mesure reste à démontrer. Mais je peux comprendre qu’il y ait actuellement besoin d’éléments forts. Et on voit bien que la population y est plutôt favorable.

Cette mesure serait-elle réalisable sur tout le territoire français ? Sommes-nous suffisamment équipés en matière de maintien de l’ordre, par exemple ?

Bien sûr, se pose la question de pouvoir faire respecter cette mesure. Et c’est pourquoi je pense que cela doit rester au niveau du maire. Il n’est pas nécessaire de l’étendre à l’échelle nationale. D’abord parce que les territoires sont tous différents les uns des autres et je n’imagine pas qu’une telle décision puisse s’appliquer à des territoires ruraux comme le nôtre. Par exemple, aucun élu du Lot n’a réclamé un tel couvre-feu. De plus, il faut avoir la police municipale. Avec le peu d’effort qui est fait sur ces chiffres, il est évident que nous ne serions pas en mesure de faire respecter cette mesure.

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