Menaces sur la République et germes de division (Par François Mendy)

Une école en crise. Des loyers trop chers. Un taux de chômage en constante augmentation. Un système de santé en mauvais état. Une eau chère et trouble, souvent inacceptable à la consommation pour certains de nos compatriotes. Des produits de la pêche inaccessibles à nos pêcheurs locaux, malgré des côtes poissonneuses. Viande inaccessible à la majorité de la population. Un riz très cher qui ne profite pas aux agriculteurs de la vallée fluviale qui transpirent sang et eau pour une hypothétique autosuffisance. Une huile hors de prix pour beaucoup de nos compatriotes, malgré le courage des paysans du bassin arachidier qui transpirent sang et eau pour nous la fournir. Et que sais-je d’autre.

Face à tous ces défis sous le poids desquels s’effondre le goorgorlu sénégalais, le Président de la République, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, n’a trouvé d’autre urgence que la création au sein de la Présidence de la République, d’un Direction des Affaires Religieuses et de l’Intégration des Diplômés de l’Éducation Arabe.

Si l’annonce n’avait pas été faite dans le très solennel Communiqué du Conseil des Ministres du 17 avril 2024, j’aurais dit que c’était une plaisanterie. Mais malheureusement ! C’est vrai. Notre Président a fait de la question religieuse une priorité absolue de son Magistère. A ma connaissance, il n’y a pas de problème religieux au Sénégal. Alors, quelle est l’urgence vitale qui peut expliquer, dès sa 2ème Conseil des ministres, que le chef de l’Etat prenne une telle décision ? En clair, cela signifie que c’est un sujet essentiel pour lui et qu’il mettra en œuvre les moyens nécessaires pour y parvenir.

Concernant cette Direction, sa création n’est en aucun cas opportune. A l’exception de la parenthèse Mamadou Bamba Ndiaye, la question religieuse est du ressort du ministère de l’Intérieur depuis l’indépendance, qui a toujours bien fait son travail. Alors que se cache-t-il derrière cette création à laquelle il ajoute « l’intégration des diplômés de l’éducation arabe » ? Ce premier acte n’est-il pas un signal du projet de remodelage de la société sénégalaise, qu’il veut calquer sur le modèle du monde arabe avec la prééminence de la religion ? Et si au fond, le PROJET de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko était un projet pour nous conduire insidieusement vers une société de qamis et d’abayas ?

Un PROJET dangereux

Comment les diplômés en arabe, quels que soient leurs domaines de compétence, ont-ils plus de mérite que les ingénieurs, sages-femmes, infirmiers, informaticiens, architectes, journalistes, diplômés en russe, chinois, allemand, italien, etc. qui sont au chômage ? dans le pays ? Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi l’intégration d’un diplômé en arabe est plus urgente que le recrutement de sages-femmes et d’infirmières qui sauveront des vies ? S’il vous plaît, expliquez-moi pourquoi l’intégration d’un diplômé en arabe est plus urgente que le recrutement d’enseignants pour encadrer nos enfants appelés à servir le pays avec la langue officielle ? S’il vous plaît, expliquez-moi ce qui mérite plus d’un diplômé en arabe que les diplômés des universités et instituts de formation de Dakar, Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor, Kaolack, Tambacounda… Je veux juste être convaincu.

Aucune justification sérieuse ne peut être avancée, car le Sénégal n’est pas un pays arabe et l’arabe n’est pas la langue officielle du pays. En outre, c’est une infime partie de la population qui a étudié en arabe. La vérité est que les nouvelles autorités du Sénégal ont une aversion pour le modèle de notre République qui est laïque. Ils n’en ont jamais fait mystère. Cela s’est d’ailleurs révélé lors des premières nominations opérées par le président Diomaye. En effet, Mary Teuw Niane, directrice de cabinet du président de la République, nommée auprès du Premier ministre, le soir de la prestation de serment du chef de l’Etat, est l’une des principales pourfendeuses de la laïcité. Soutenant que la laïcité est une absurdité inscrite dans notre constitution, il est un théoricien de l’enseignement religieux dans les écoles publiques.

C’est sans doute cette position sur l’éducation religieuse et la suppression de la laïcité dans la constitution qui a pesé dans sa nomination comme directeur de cabinet. En effet, avec son aura intellectuelle, le Président de la République s’est dit qu’il était le mieux placé pour nous faire avaler la pilule. D’où la création de ce fameux Directoire à la présidence duquel Faye et son équipe veulent faire croire que toutes les religions sont concernées. Mais personne n’est dupe. Laissez-les assumer leur choix.

François MENDY

Journaliste-Politicien

 
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