Première mission scientifique indépendante sur le homard en Gaspésie

Pour la première fois en Gaspésie, Pêches et Océans Canada réalisera des relevés scientifiques sur le homard sans utiliser l’équipement des pêcheurs commerciaux.

Jusqu’au 5 octobre, un imposant navire de la Garde côtière canadienne sillonnera la côte gaspésienne, de Carleton-sur-Mer à Gaspé, pour récolter du homard à une cinquantaine d’endroits à l’aide d’un chalut afin de mieux connaître les stocks de ce crustacé.

Quatre scientifiques de Pêches et Océans Canada seront à bord du NGCC Leim, un navire de 22 mètres, pour participer à cette mission scientifique au sud de la péninsule.

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

Alors que ce type de mission est réalisé chaque année aux Îles-de-la-Madeleine depuis près de 30 ans, Pêches et Océans Canada n’était pas encore parvenu à concevoir un chalut qui serait résistant et aurait une faible empreinte sur les fonds marins particulièrement accidentés de la Gaspésie.

Il n’y a jamais eu d’enquête scientifique indépendante sur la pêche au homard à bord d’un navire de la Garde côtière en Gaspésie. Il y a eu des tentatives, mais elles ont échoué.

Une citation de Benoît Bruneau, biologiste et responsable des évaluations de stocks pour le Québec

Benoît Bruneau explique que les relevés scientifiques de Pêches et Océans Canada étaient auparavant réalisés les pêcheurs, à l’aide de casiers, mais cette technique comporte de nombreuses limites pour bien caractériser les populations de homards.

Avec un casier, vous récoltez les homards en les attirant avec un appât, cela influence donc le homard qui sera attiréexplains Mr. Bruneau. Dans certains cas, les mâles sont prédominants parce qu’ils remportent la compétition intraspécifique, mais cela n’est pas nécessairement représentatif de l’ensemble de la population de homards environnante.

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À l’aide d’un chalut, les scientifiques pourront collecter des dizaines de homards dans une seule zone pour avoir une meilleure idée des populations. Le ratio mâle-femelle sera un indicateur qui pourra ensuite être mieux étudié. (Photo d’archives)

Photo: Radio-Canada

Avec l’échantillonnage que nous allons faire, nous serons en mesure de combler les lacunes dans les connaissances que nous avons actuellement dans la région de la Gaspésie.affirme le biologiste de Pêches et Océans Canada.

50 lignes de chalut

Afin de disposer de données plus complètes sur les populations de homards, les quatre scientifiques participant à la recherche délimiteront, à l’aide de coordonnées GPS, une cinquantaine de stations d’échantillonnage entre Carleton-sur-Mer et Gaspé.

Ils reviendront chaque année à ces endroits précis pour récolter des crustacés, toujours à la fin de l’été.

En fonction de la densité de homards, à chaque station, nous effectuerons des traits de chalut de 300 à 600 mètres perpendiculairement à la côte pour avoir des profondeurs différentes.explains Benoît Bruneau. Nous ne voulons pas attraper trop de homards, juste assez. Nous souhaitons capturer une centaine de homards, maximum 200 par prise.

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Les scientifiques recueilleront diverses données sur les homards capturés sur le bateau à l’endroit où ils ont été capturés afin de les relâcher à l’eau dans le même secteur.

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

Les biologistes recueilleront diverses données sur leurs prises avant de remettre les crustacés dans l’eau où ils ont été capturés.

Le but est de caractériser la population, pas de la briser.

Une citation de Benoît Bruneau, biologiste et responsable des évaluations de stocks pour le Québec

M. Bruneau affirme que le chalut scientifique de Pêches et Océans Canada a été conçu avec un grand souci de protection des fonds marins.

>>La structure métallique d'un chalut posée sur le pont d'un navire.>>

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Le chalut à perche conçu spécifiquement pour la Gaspésie possède une ouverture de 4 mètres, une hauteur de 2 mètres et une profondeur de 3 mètres.

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

Nous avons beaucoup étudié cette question avec des technologies sur les engins de pêche qui n’existent nulle part ailleurs.explains Mr. Bruneau. Nous avons testé le chalut à Rivière-au-Renard et avons constaté que l’appareil ne déplace même pas de gros obstacles, car il passe par-dessus et parce qu’il a une empreinte minimale. Les patins du chalut s’enfoncent au maximum de deux centimètres dans le sol.

Les pêcheurs déplorent l’utilisation du chalut

Bien que l’équipe scientifique de Pêches et Océans Canada tente de rassurer la population quant à l’impact limité du chalutage sur les fonds marins, certains pêcheurs gaspésiens dénoncent l’utilisation de tels engins à des fins scientifiques.

The Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG) supports the ministry’s approach but still understands the concerns raised by some of its members.

Les pêcheurs de homards de la Gaspésie ont toujours craint les engins qui traînent au fond parce que nous avons des régions qui ont été vraiment endommagées par les dragues à pétoncles.explique le directeur scientifique de RPPSGJean Côté. Il est donc difficile de les convaincre du bien-fondé d’un appareil qui a été créé pour faire le moins de dégâts possible tout en ayant un échantillon représentatif.

C’est viscéral ici, la peur des pêcheurs de voir leurs fonds marins endommagés. Ils ont peur de ça.

Une citation de Jean Côté, directeur scientifique de l’Association des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie

Jean Côté estime que ce nouveau relevé scientifique permettra aux pêcheurs gaspésiens d’avoir des données ministérielles aussi précises qu’aux Îles-de-la-Madeleine et ailleurs dans les Maritimes et que celles-ci seront complémentaires aux données déjà recueillies avec l’aide des pêcheurs et de leurs casiers.

Nous voyons comme une bonne chose d’avoir de nouvelles données recueillies par le ministère qui vont nous éclairer sur des points que nous ne connaissons pas correctement ou que nous interprétons mal.a-t-il déclaré, soulignant que les hommes sont surreprésentés dans les données, ce qui RPPSG a actuellement.

>>Un homme photographié devant un bateau.>>

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Benoît Bruneau est biologiste en sciences aquatiques et responsable des évaluations des stocks pour le Québec.

Photo: Radio-Canada / Isabelle Larose

Le biologiste de Pêches et Océans Canada, Benoît Bruneau, estime que l’exercice sera bénéfique pour les pêcheurs.

Nous savons que l’environnement change, les températures se réchauffentil explique. Il se passe des choses sur les fonds marins et, lorsque l’on évolue dans un environnement en mutation, il est très important d’obtenir davantage de données, de les diversifier et de s’assurer qu’elles sont de bonne qualité. Cela est dans l’intérêt de la protection de la ressource et de sa durabilité.

Il s’agit d’un outil permettant aux pêcheurs d’exploiter la ressource sur le long terme.concludes Mr. Bruneau.

 
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