« L’art est un remède à l’horreur du monde »

« L’art est un remède à l’horreur du monde »
Descriptive text here

L’engagement est quelque chose qui est très important pour le Dr Liu et ce depuis longtemps.

«Ma vie est basée sur l’engagement. Très jeune, j’ai été éveillé à cela. Je suis un peu la génération Nelson Mandela”, raconte le médecin dont le parcours exceptionnel a inspiré la pièce. Nos Cassandres présenté à La Bordée à partir du 23 avril.

“Il y a toujours quelque chose à faire et même le plus petit geste compte”, insiste celle qui, adolescente, a arrêté de manger des pommes vertes pour montrer son indignation contre l’apartheid en Afrique du Sud, où ce fruit est cultivé.

Lors de sa récente apparition sur les ondes de Radio-Canada commentera le documentaire 20 jours à MarioupolLe Dr Liu a pris le temps de dire aux téléspectateurs que leur présence et l’attention qu’ils portaient à ce sujet étaient des gestes de solidarité importants.

« Joanne nous dit que l’engagement, ce n’est pas aller sur le terrain : s’engager, c’est être conscient, savoir, faire passer le message, en discuter », intervient le réalisateur Frédéric Dubois.

>>>>>>

Le directeur de l’École nationale de théâtre, Frédéric Dubois, a invité à deux reprises le Dr Liu à parler avec ses élèves pour les inspirer. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Anne-Marie Olivier et lui se sont appuyés sur la riche expérience de cette femme née au Québec et dont la famille est originaire de Taishan en Chine continentale pour créer Nos Cassandres.

« Nous aurions pu en faire douze montre avec ce qu’elle nous a dit », raconte la réalisatrice.

Cette pièce, qui a fait ses débuts à Montréal, est peuplée de petits clins d’œil à la ville où Dr Liu a grandi et où est né son engagement.

“Nous parlons d’un engagement qui est une dynamique d’action pour combattre un statu quo générateur de souffrance et de détresse”, explique celle qui fut présidente de Médecins sans frontières de 2013 à 2019.

Cette œuvre n’est pas du théâtre documentaire, mais plutôt du théâtre inspiré d’événements réels.

Certaines scènes ont été imaginées pour le plaisir du spectacle, mais l’essentiel est vrai. Par exemple, la rencontre, à l’âge adulte, entre le personnage de Joanne et son amie d’enfance est fictive, mais celle entre le médecin et Barack Obama est réelle.

Durant l’enfance de Joanne, nous avons visité plusieurs pays et autant de crises. Cependant, la pièce ne met jamais le public au premier plan. L’action se déroule souvent dans les hôpitaux ou dans les lieux de décision.

« Je suis un peu le fil d’Ariane dans cette pièce », dit le médecin avec humilité.

Inspiré des hôpitaux de fortune installés en urgence, le décor est composé de bâches de différents formats déplaçables.

« Nous rendons également hommage : nous dédions le spectacle aux humanitaires », déclare le réalisateur.

Cassandra et la vérité

« Pour rapprocher réalité et théâtre, nous avons créé le personnage de Cassandre qui est une figure mythologique », annonce Frédéric Dubois.

Dans la mythologie grecque, Cassandre avait le don de prophétie. Cependant, comme elle refuse Apollon, elle est condamnée à ne jamais être crue.

« Je pense qu’aujourd’hui nous sommes encore à une époque où la vérité est souvent mise à mal, voire rejetée. Nous nous souvenons que lors de l’élection du président Trump en 2016, les gens parlaient de post-vérité ou de vérité alternative », affirme le Dr Liu.

Même avant cette élection, elle et ses collègues de Médecins Sans Frontières se sont souvent retrouvés à la place de Cassandra. Comme lorsqu’au début de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ils ont tenté d’expliquer qu’il s’agissait d’une autre épidémie et qu’il fallait la traiter différemment.

« Il a fallu six mois pour que le reste de la planète se mobilise », déplore-t-elle.

Sur scène, Cassandre côtoie les autres personnages. Elle est interprétée par l’actrice québécoise Claudia Ruelland.

« Anne-Marie Olivier a écrit [les répliques de] Cassandra dans un langage plus soutenu. Elle écrivait même des alexandrins », mentionne la réalisatrice.

La beauté sauvera le monde

En plus d’être un moteur d’engagement, l’art apparaît au Dr Liu comme une Source nécessaire de beauté « face à la laideur de ce monde ».

« L’art est un remède à l’horreur du monde. C’est la plus belle incarnation de la beauté que l’homme puisse créer. Cela me calme.

— Dr Joanne Liu

Dans Nos Cassandresle public est également témoin d’un épisode de la vie du Dr Joanne Liu qui, de retour des centres de détention pour migrants en Libye, se promène dans les montagnes, visite un musée et assiste à un opéra, tout cela dans la même journée.

« J’avais vu la pire incarnation de la cruauté humaine », affirme-t-elle encore aujourd’hui.

Cette dose de beauté était son remède contre les excès de laideur dont elle avait été témoin. C’est notamment grâce à cette beauté qu’elle trouve le courage et l’énergie pour poursuivre son engagement.

Scriptarium 2024

En plus d’être au cœur de Nos Cassandresl’engagement est aussi le thème qu’elle a proposé pour l’édition 2024 du Scriptarium, dont elle est la commissaire.

Le spectacle issu de cette initiative, qui touche particulièrement son « cœur de pédiatre », a été créé à partir de textes réalisés par des adolescents âgés de 13 à 17 ans. Il sera présenté au Théâtre jeunesse Les Gros Becs, à Québec, du 8 au 13 mai.

Le Dr Liu sera au Québec pour assister aux premières représentations de Nos Cassandres à La Bordée les 23 et 24 avril.

« Ce sera un plaisir pour moi de retrouver le public après la pièce », annonce-t-elle.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Aimez-vous le café? Ce festival est fait pour vous
NEXT Incroyable! La Suisse et Nemo remportent l’Eurovision