Pourquoi les ordres de quitter le territoire sont-ils si mal appliqués ? – .

Pourquoi les ordres de quitter le territoire sont-ils si mal appliqués ? – .
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Un ordre de quitter le territoire (OQT) est un document notifié à une personne étrangère qui séjourne « de manière irrégulière » sur le territoire belge parce que la durée de validité de son visa est expirée, car elle n’a jamais adressé de demande. demande de régularisation, ou parce que leur demande d’asile a été rejetée. De l’Office des Etrangers, il reçoit alors, par lettre recommandée, ce document lui demandant de quitter le territoire dans un délai déterminé.

Le souhait des autorités est que la personne quitte le pays volontairement, de manière indépendante ou en s’adressant à l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil). Ces dernières peuvent aider les personnes à organiser leur retour, mais aussi à se réintégrer dans leur pays. Fedasil travaille notamment avec l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) et Caritas International qui contactent leurs partenaires locaux pour aider la personne à créer une micro-entreprise, à chercher un emploi dans son pays d’origine, etc. Une aide matérielle à la réinsertion peut alors être accordée sous conditions. En 2023, 777 personnes ayant bénéficié d’une OQT ont effectué un retour volontaire.

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Des retours forcés difficiles

Dans bien des cas cependant, pour des raisons personnelles, humaines ou matérielles, les personnes ayant bénéficié d’une OQT n’y donnent pas suite. Seuls ou en famille, ils s’installent ensuite dans le pays, intégrant des réseaux de soutien parallèles pour survivre. Ils deviennent ce que nous appelons communément des personnes « sans papiers » ou « en séjour illégal ». Il y en a plus de 110.000 aujourd’hui en Belgique.

Si elles sont interpellées par la police, ces personnes risquent le confinement en centre fermé et le retour forcé vers leur pays d’origine ou le premier pays où elles ont posé le pied au sein de l’espace Schengen. Ces retours forcés ne sont toutefois pas systématiques. Il n’y en avait « que » 3 383 en 2023. Cette année-là, 23 873 OQT ont été délivrés.

De nombreuses raisons expliquent cet arriéré. Les étrangers peuvent en effet faire appel (pour des raisons juridiques ou médicales). De plus, les autorités peinent souvent à retrouver ces personnes qui n’ont pas toujours de lieu de résidence ni même de numéro de registre national. Les places en centres fermés ou en maisons de retour sont également limitées. Enfin, un retour forcé nécessite un lourd suivi administratif et humain, et l’accord du pays de destination qui n’est pas toujours facile à obtenir pour les autorités belges. En bref, renvoyer de force une personne vers un autre pays demande du temps et de l’argent.

Une politique volontariste

Néanmoins, la politique proactive de retour constitue l’un des principaux domaines de travail de la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Nicole De Moor (CD&V). Un projet de loi visant à instaurer une politique de retour « proactive » devrait être voté d’ici la fin de la législature. Il prévoit notamment un accompagnement intensif et individualisé des personnes et un plus grand nombre d’accompagnateurs. Nicole de Moor a également étendu les pouvoirs de l’EO en autorisant certains de ses agents à fouiller les téléphones de suspects en séjour illégal afin de déterminer leur identité. Fin mars, le Conseil des ministres a également approuvé un projet de loi qui permettra aux membres de l’agence européenne de garde-frontières Frontex d’être déployés en certains points du territoire belge pour assurer les contrôles et accompagner les retours forcés des étrangers. Le secrétaire d’État vient également de signer un accord de coopération avec le Maroc. Tout cela, espère le secrétaire d’État, devrait contribuer à encourager ces retours.

Sortir de la logique manichéenne

L’avocate de la coalition d’ONG Move, Noémi Desguin juge toutefois ces mesures inefficaces. “Le problème est bien plus fondamentalelle note. On reste dans une perspective manichéenne qui ne fonctionne pas, entre l’autorisation de rester sur le territoire et l’obligation de le quitter. Beaucoup, pour échapper à ce hache, tenteront d’échapper aux procédures, cherchant à revenir sur le territoire belge, tandis que d’autres ne pourront être expulsés (les apatrides par exemple). Nous devrions explorer des alternatives. Plutôt que de détenir une personne en attendant son départ, pourquoi, par exemple, ne pas lui accorder un permis de travail d’un an. S’il ne trouve pas de travail, nous pourrions alors lui expliquer plus clairement pourquoi son avenir ne se trouve pas en Belgique. S’il parvient, sur cette période, à construire un avenir en Belgique, alors tout le monde y gagnera. L’enjeu est de changer de philosophie, car l’actuelle, trop binaire, s’avère inefficace. »» conclut-elle en accord avec de nombreuses associations.

 
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