“Nous pouvons tout perdre.” Dans le Jura, l’inquiétude des vignerons face au risque de gel

“Nous pouvons tout perdre.” Dans le Jura, l’inquiétude des vignerons face au risque de gel
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Depuis plusieurs jours, la Franche-Comté connaît une baisse du mercure, chassant les températures estivales connues depuis plusieurs mois. Conséquence : les risques de gel inquiètent les vignerons jurassiens. Témoignages.

Froid et stressant. Tels sont les adjectifs qui pourront qualifier la future nuit du 22 au 23 avril pour les vignerons du Jura. Depuis quelques jours, le mercure affiche des températures plutôt fraîches, en contraste total avec la météo estivale que connaît la Franche-Comté ces dernières semaines. Conséquence de ce « yo-yo » climatique : dans le Jura, les professionnels du secteur craignent de voir leurs vignes prises par le gel.

Bien sur qu’on y pense» témoigne Hervé Ligier, vigneron à Arbois. “UNAvec ces températures très élevées que nous avons connues ces derniers temps, les vignes se sont développées plus vite que d’habitude. Les bourgeons sont déjà là. Les raisins arrivent. S’ils gèlent, on perd tout« . En effet, la végétation est en avance cette année, et le taux d’humidité est élevé, rendant la vigne particulièrement sensible au froid.

Tous nos cépages ont bourgeonné. Si les températures sont négatives, les bourgeons vont « rôtir », c’est-à-dire brunir et ne pourront pas être récoltés. Et même si un autre bourgeon se forme, le fruit ne viendra pas après.

Hervé Ligier,

vigneron dans le Jura

Le stress s’est donc installé dans la profession. “Nous avons les yeux rivés sur la météo» précise Hervé Ligier. “Ici, les prévisions prévoient au pire -2 degrés.« Pour tenter de lutter, ou du moins de protéger le fruit de son travail, le vigneron a donc prévu d’installer des bougies. “Ils réchaufferont l’air ambiant et limiteront le gel.” il continue. “Le problème, c’est que nous n’en avons que quelques dizaines datant de 2020. De quoi protéger un hectare, alors que je travaille sur onze hectares au total. Mais le prix des bougies est tellement cher, environ 20 euros pièce, qu’on ne peut rien faire« .

Si Hervé Ligier envisage donc de protéger les parties les plus sensibles de ces parcelles, ce n’est pas le cas de tous les vignerons. “Je n’ai aucun moyen de me battre» soupire Adrien Robbe, co-gérant du domaine Les Sarmentelles, à Aiglepierre. “Les bougies, les éoliennes, ça coûte trop cher. Nous attendons juste les bras croisés et nous espérons« .

Depuis quelques jours, je me réveille avec une boule au ventre. Ce matin, j’ai vu que le Mont Poupet était complètement blanc, je suis vite parti vers les vignes. Il n’y a eu aucun dégât, heureusement. Mais nous nous sentons impuissants.

Adrien Robbé,

vigneron dans le Jura

Certains professionnels ont tenté de s’adapter en amont pour limiter les dégâts du froid. “J’ai retardé ma taille le plus longtemps possible, pour que les bourgeons soient moins exposés» explique Emeric Foleat, du domaine Matheny, à Mathenay, qui cultive 3,5 hectares. “Et je reste positif, je pense qu’on va échapper aux températures négatives, on sera autour de 0,2 degré au pire. De toute façon, je ne prévois aucun appareil contre le gel, ça n’en vaut pas la peine« .

Cette incertitude est le lot des métiers directement liés à la nature” il continue. “Même si cela provoque beaucoup de stress. Ce qui est difficile, c’est que notre travail reste le même. Qu’il y ait récolte ou non, nous ébourgeonnerons, nous élèverons le bois, nous travaillerons à nouveau la terre, sans être payés. Ça fait mal« .

 
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