L'Assemblée nationale sénégalaise a connu récemment des débats particulièrement animés, marqués par une opposition farouche au sein de l'hémicycle. Le gouvernement dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko avait proposé une réforme ambitieuse visant à supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Cette initiative, considérée comme une étape clé du programme du gouvernement, n’a cependant pas réussi à obtenir le soutien nécessaire pour être adoptée.
Les débats ont révélé une profonde fracture politique, une majorité de députés ayant rejeté le projet de loi. Le gouvernement a fait valoir que la réforme était essentielle pour rationaliser les institutions et améliorer l'efficacité administrative. En revanche, les arguments de l'opposition semblent l'emporter, notamment en raison de l'absence de consensus sur les bénéfices réels de la réforme.
Cette situation a exacerbé les tensions entre les membres du gouvernement et les députés de la coalition au pouvoir. La motion de censure déposée par Abdou Mbow, président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bok Yaakar, illustre la gravité des dissensions internes. Cette démarche a été largement perçue comme une manœuvre politique visant à affaiblir les opposants politiques et à réaffirmer le contrôle de la majorité sortante.
Pour la population sénégalaise, l’initiative de suppression des deux institutions semblait justifiée par les arguments avancés par le pouvoir, jugés plus convaincants que ceux de l’opposition. Cependant, le rejet de cette réforme par l’Assemblée nationale a suscité des critiques sur la pertinence des actions des différents acteurs politiques.
Des observateurs politiques comme Assane Dia ont critiqué la démarche d’Abdou Mbow, la qualifiant de « maladroite » et soulignant une perception d’hostilité envers les opposants politiques. De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Mame Diop, a été accusé de faiblesse, ce qui a permis à la coalition Benno Bok Yaakar d’exercer une influence disproportionnée.
Malgré les turbulences, certains analystes, dont Assane Seny et Simon Sambou, estiment qu’Ousmane Sonko, dans son rôle de Premier ministre, est mieux placé pour diriger l’Assemblée nationale. Ils soutiennent que Sonko est mieux placé pour ce rôle et que sa gestion pourrait apporter plus de stabilité et d’efficacité une fois la 14e législature dissoute.
La situation actuelle met en évidence de profondes divisions au sein de la classe politique sénégalaise et suscite des interrogations sur l’avenir des réformes envisagées et sur l’orientation future du pays. Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer l’évolution de cette crise politique et son impact sur la gouvernance et la stabilité du Sénégal.