Dans le domaine des spécialistes des fractures osseuses

Dans le domaine des spécialistes des fractures osseuses
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Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Cette localité du département de Louga, située à 10 km de la ville de Mpal, continue de recevoir, chaque jour et jusqu’à très tard dans la nuit, des centaines de patients qui viennent des quatre coins de notre pays et même de l’étranger, pour bénéficier de cette science mystérieuse.

La matinée se déroule lentement, accablante et épuisante. Difficile de mettre les pieds à Baralé-Ndiaye sans tomber sous le charme de son paysage atypique, sans être ébloui par les lumières vives de son splendide panorama. Ici, une partie de la strate arborée peut être comparée à une armée de gendarmes en service, aux arêtes vives qui s’effritent parfois avec un bruit sec de cristal brisé. Autour de Baralé, le rocher et la forêt ne font qu’un. On remarque partout des fissures qui festonnent sur la rocaille, précises, bien échancrées et béantes. Dans les champs, la nature est verte et luxuriante. En file indienne, les chenilles velues recherchent la végétation. Les cantharides et autres insectes fleuristes sèment la pluie et le beau temps.

Parfois le climat devient supportable et la chaleur lourde du vent nous apporte une odeur d’herbe humide. Si cela change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec le silence assourdissant et hostile que l’on retrouve entre cette nature paisible et cet habitat basique.

Nos premiers interlocuteurs, notamment des jeunes dans la fleur de l’âge, qui discutent tranquillement à l’ombre d’un arbre, nous demandent respectueusement d’intercéder en leur faveur et auprès du Chef de l’Etat et du Gouvernement, en vue de permettre aux populations de ce village pour bénéficier d’un projet d’aménagement, des ralentisseurs, communément appelés ralentisseurs. « Nous enregistrons régulièrement des accidents mortels sur cette route nationale 2 qui traverse notre territoire, les véhicules utilitaires et les transports en commun continuent de rouler à une vitesse vertigineuse et provoquent toutes sortes de collisions, nos enfants sont mortellement fauchés par ces harpes à mâchoires, nous sommes traumatisés. par cette situation », disent-ils.

Ces jeunes sont accueillants, détendus et un peu taquins. En nous montrant la maison du chef du village, ils se mettent à rire aux éclats. Le plus petit a une blessure argentée au tibia, qui l’agrippe et qui lui semble fatale. Mais il s’en fiche. Il avance à grands pas pour nous montrer la voie à suivre. Il nous faudra encore braver la poussière et la chaleur pour progresser vers le domicile des spécialistes des fractures osseuses. Nous avons ici la température d’un foyer, qui monte d’un cran et nous fait transpirer abondamment.

Il est 14 heures. Le temps qui nous est imparti pour déambuler dans les rues, ruelles et artères de cette ville s’écoule. Actuellement, dans ce village, en raison de cette pandémie de Coronavirus, la météo n’est sujette à aucun doute ni polémique. Ce n’est pas très indulgent et les gens ont tendance à mener une vie cloîtrée. L’étranger n’a qu’à s’adapter à cette chaleur accablante et le problème est résolu. C’est pourquoi, dès notre arrivée, il nous a été conseillé de nous désaltérer à tout moment et de prendre du paracétamol pour bloquer la progression des maux de tête et des migraines.

La science mystique du charognard

Baralé existe depuis 1860. Selon le chef du village, Ousmane Ndiaye, elle a été fondée par Mandiaye Arame Thiendou, originaire du Djolof. Baralé est un terme wolof qui signifie « abondance » ou « prospérité ». Le fondateur possédait de nombreux biens, notamment un très gros cheptel. Ses proches disaient : « Da-Fa-Baralé ». Ce qui pourrait se traduire par « il est aisé ». Ce grand éleveur s’est d’abord installé à Barale Tiendieng, puis il s’est rendu à Gouye Ndiaye, situé à 900 mètres du village actuel. Là, il fut attaqué par une panthère qu’il parvint à tuer sans difficulté. C’était juste avant la prière du « takussan » (fin d’après-midi).

C’est en espionnant un charognard que Mandiaye Arame Thiendou a eu le pouvoir de soigner les fractures. Il dormait à l’ombre d’un baobab lorsqu’un petit charognard est tombé au sol. Le gros charognard ne l’ayant pas trouvé dans le nid, se précipita pour le nourrir en bas. Au même moment, il s’est rendu compte que son petit s’était cassé une jambe. Tout en le nourrissant, il priait intensément pour le guérir. Durant deux semaines, Arame Thiendou a réussi à assister discrètement à cette scène. Il était alors réputé comme un grand marabout et avait le don de décoder le langage ésotérique dans lequel le grand charognard faisait ses prières mystiques. Au bout de 15 jours, il s’est rendu compte que le petit pouvait voler. Mais c’est son fils, Mar, qui a réellement exploité cette science mystique que possédait ce charognard, en l’appliquant régulièrement au bétail. Daour, le frère de Mar, a hérité de ce pouvoir et l’a transmis à ses descendants.

“Nous n’avons que nos prières”

A 15 heures, nous sommes déjà chez le chef du village. Ousmane Ndiaye, assisté de son fils Mamadou Ndiaye, nous explique qu’il n’est pas très difficile de faire disparaître une entorse « qui n’est qu’une simple blessure au muscle, au ligament ou au tendon ». Le remède : “on mesure la partie qui fait mal avec un morceau de bois, dès que le patient rentre chez lui, on commence à faire des incantations mystiques sur ce bois qui est bien conservé quelque part dans notre enceinte, au bout de quinze jours, il reviendra pour nous dire qu’il ne ressent plus la moindre douleur. Cependant, a-t-il souligné, « il arrive que le patient ne soit pas bien traité chez nous et nous lui demandons simplement de revenir voir les médecins. Les gens doivent savoir que nous n’avons que nos prières. Nous ne disposons pas de cet équipement médical très sophistiqué que l’on ne trouve qu’à l’hôpital.

Ces « spécialistes » disent les mêmes prières pour guérir une élongation musculaire ou un os cassé, disent-ils. « Le patient ne vient nous voir qu’une seule fois. Tout ce que nous faisons pour le guérir, nous le faisons sur ce morceau de bois. S’il s’agit de fractures ouvertes, de fractures où l’on voit, à l’œil nu, l’os fracturé ou les fragments d’os, on ne fait aucun geste, on ne les touche pas. Là, on est obligé d’ordonner au patient de se rendre en urgence à l’hôpital régional où il pourra bénéficier d’un traitement chirurgical. Nos concitoyens ne doivent plus entretenir cette rumeur tenace selon laquelle on soigne volontiers tous les types de fractures.»

“Si l’on constate une discontinuité des os, due à des batailles rangées, des rixes, des coups violents, un accident d’une rare violence, certains faux pas, des manœuvres brusques, un traumatisme, on essaie de faire quelque chose pour soulager la souffrance du patient”, a déclaré le chef du village. Ousmane Ndiaye est formel et catégorique lorsqu’il nous fait comprendre qu’il ne prend jamais le risque de soigner des fractures de côtes, dues à une rupture des côtes, celles du crâne et de la colonne vertébrale. « Il est hors de question pour nous de remplacer des chirurgiens, véritables spécialistes des fractures, qui ont une science très différente de notre savoir-faire. S’il y a des problèmes au niveau de la cheville, de la cuisse, de l’avant-bras, des doigts, du fémur, du tibia, du péroné, de l’humérus, du radius, du cubitus, nous pouvons réagir.

Des témoignages concordants

A Baralé, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Selon Madjiguène Ndiaye, membre de la famille, « même les enfants qui sont au lycée et qui sont les petits-fils d’Arame Thiendou, ont hérité de cette mystérieuse science qui leur permet de remplacer et de ressouder les os ».

Un automobiliste qui changeait son pneu au bord de la route n’a pas tardé à nous dire qu’il connaissait ce village. « Un jour, ils nous ont aidés à soigner deux de nos parents qui souffraient de maux de tête et de douleurs pelviennes atroces. Nous avons aussi vu de nombreux patients fracturés qui ont finalement été bien soignés dans cette région », témoigne-t-il.

Partout, dans ce village, les témoignages sont unanimes, concordants et assurent que les tradipraticiens de cette région réalisent des merveilles. Penda Diop, originaire de Mpal, qui a pu récemment regagner son domicile conjugal dans ce village, n’hésite pas à nous faire savoir que cette médecine traditionnelle est une réalité dans cette partie du département de Louga. « Cela a jusqu’à présent allégé les souffrances de nombreux patients issus d’horizons divers », assure-t-elle. De l’avis de M. Souley Fall, enseignant habitant ce village, « les populations de Baralé, malgré une demande sociale exponentielle, restent dignes, et nourrissent l’espoir de voir un jour leur village se développer. Ceci, compte tenu du passé glorieux de leur localité, de sa belle histoire et du rôle prépondérant qu’elle joue dans la mise en œuvre de la politique de santé publique de l’État. Dans la mesure où la pratique des Ndiayène de Baralé est standardisée et suit des trajectoires de soins claires, claires et précises.

A Baralé, nous dit Dame Ndiaye, ouvrière agricole, seuls les hommes et les jeunes soignent les fractures. « C’est un cercle d’hommes, car la souffrance exprimée par le visage du patient, lors de la remise en place des os, provoque souvent des ruptures chez les femmes. Pourtant, à Golbi Ndiaye, les femmes pratiquent le soin », explique-t-il.

Interdiction de donner des massages

Plus explicite, le fils du chef du village, Mamadou Ndiaye, développe un langage plus simple. « Après le diagnostic, on mesure la partie qui fait mal avec un morceau de bois ; attelle de bambou sur une bande de tissu pour éviter les irritations cutanées. Mais pas n’importe qui. Nous utilisons « khat ». Le patient ne vient nous voir qu’une seule fois. Surtout s’il habite très loin de Baralé. Tout le travail mystique concerne ce morceau de bois que l’on garde soigneusement dans une pièce de la maison. Ensuite, le patient, à son arrivée chez lui, doit arroser la partie douloureuse deux fois par jour avec de l’eau froide », explique-t-il. Le plus souvent, poursuit-il, il est formellement interdit au patient de prodiguer des massages. Au bout de quinze jours, le problème est résolu. S’il s’agit d’une fracture de la jambe, le traitement peut être effectué dans un délai de trente jours. Tout dépend de la nature de la fracture et de l’âge du patient. Les recommandations et conseils donnés doivent, selon Mamadou Ndiaye, être scrupuleusement respectés par les patients qui ne doivent pas trop bouger. « Le traitement à l’hôpital, à l’aide d’un plâtre, peut parfois durer de 45 à 90 jours. Nous recevons parfois des patients qui ont déjà contacté une formation sanitaire », raconte-t-il.

Aujourd’hui, les « spécialistes » des fractures osseuses continuent de faire la renommée de Baralé. Ce village a besoin de ralentisseurs, d’un projet d’extension du réseau électrique, d’un poste de santé, d’un centre social pour les femmes, d’un centre pour les jeunes, de financements pour des activités génératrices de revenus.

Mbagnick Diagne Kharachi

 
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