Lot. Qui était Jean Fourastié, le sage de Douelle, auteur il y a 40 ans d’un livre qui paraît prophétique… – .

Lot. Qui était Jean Fourastié, le sage de Douelle, auteur il y a 40 ans d’un livre qui paraît prophétique… – .
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Par Marie-Cécile Itier
Publié le

21 avril 24 à 7h00

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Économiste, sociologue, universitaire, Jean Fourastié (1907-1990) publié en 1979, « Les Trente Glorieuses » qui donneront le nom à la période d’expansion économique en Occident de 1944 à 1973. Choisissant Douelle, son berceau familial pour représenter la , son œuvre anticipe la fin du XXe siècle par des intuitions surprenantes. .


« Ne faut-il pas dire glorieuses, les trente années qui ont fait passer Douelle et la France de la pauvreté millénaire, de la vie végétative traditionnelle, au niveau de vie et aux modes de vie contemporains ? » écrit l’ancien commissaire au Plan qui vient se retirer dans la maison familiale.

Jean Fourastié, auteur d’une quarantaine d’ouvrages dont le plus célèbre reste « Les Trente Glorieuses », écrit à partir de l’évolution de son village de 1946 à 1979.

Douelle est aujourd’hui un paisible village de 800 habitants, au bord du Lot, niché dans une boucle de la rivière qui serpente dans la vallée.

Nous sommes au cœur du Quercy, à dix kilomètres à l’ouest de Cahors, sans vestiges médiévaux bien sûr, mais avec une base fluviale qui attire chaque été les passionnés américains, australiens et russes.

Une petite dynamique locale au milieu de cette commune dont la population est en grande partie composée de retraités.

Et une figure plus que locale, Jean Fourastié, auteur d’une quarantaine d’ouvrages dont le plus célèbre reste « Les Trente Glorieuses », écrit à partir de l’évolution de son village de 1946 à 1979.

1946 : Douelle est sous-développée, coincée dans un monde agricole traditionnel ; les ouvriers sont agriculteurs sans exception et tout le monde est baptisé.

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1975 : l’économie est tertiaire et industrielle. Toutes les fermes ont quasiment disparu et l’église n’est fréquentée que les jours de fête.

Le texte de l’ouvrage fait de Douelle un village de référence dans l’observation des changements opérés durant cette période, celle de la production intensive, de la mécanisation de l’agriculture, de la consommation et des nouveaux comportements synonymes de modernité.

Douelle, son port d’attache

Son père étant fonctionnaire, Jean Fourastié est né en 1907 dans un village de la Nièvre. Mais il est issu d’une famille de modestes agriculteurs du Lot où son grand-père « cultivait la terre ». Il est resté toute sa vie imprégné de ses origines rurales : « Mon cerveau s’est formé dans le monde des hommes qui pensaient peu, lisaient à peine et n’écrivaient pas. »

« Dans les maisons les plus pauvres, entre la chèvre et les canards, les enfants les plus pauvres retrouvaient l’ambiance du nid » Jean Fourastié

C’est à Douelle qu’il venait pendant les vacances, dans sa « maison quercynoise », à laquelle il restait très attaché. , comme partout en France, « peu à peu, après la Seconde Guerre mondiale, le temps de l’abondance succède au monde de la pénurie du début du XXe siècle ».e siècle “.

Très sensible au pays de ses ancêtres, au calme de la vie rurale, à ses croyances et traditions, il décrit la qualité de vie qui y régnait, « la chaleur de la maison familiale, la solidarité de la petite communauté paroissiale » ajoutant plus loin : « dans les maisons les plus pauvres, entre la chèvre et les canards, les enfants les plus pauvres retrouvaient l’ambiance du nid ».

En appliquant toujours la stricte devise de sa famille : « Tout pour le devoir, rien pour le plaisir, mais tout devoir avec plaisir ».

Durant l’été 1990, Jean Fourastié part vers la lumière de ce Quercy qu’il aimait tant, franchissant une dernière fois le seuil de sa maison pour désormais reposer au cimetière du village.

Une croyance chrétienne motivée par un « surréalisme »

De formation catholique, élevé parmi les Oratoriens du collège de Juilly (en Seine-et-Marne), il n’a jamais renié son héritage religieux même si dans sa jeunesse, il s’en est quelque peu éloigné.

L’originalité de Jean Fourastié est qu’il n’a pas hésité à poursuivre sa méditation, au point d’aborder des questions philosophiques. Il ne peut pas concevoir le monde sans Dieu. Sa conviction, largement motivée par un « surréalisme », lui a permis « de justifier son optimisme lui permettant d’éviter la désillusion et de subir un désenchantement systématique ».

Notre époque est aussi, selon lui, un désastre spirituel dont l’homme moyen commence à ressentir durement la réalité.

Dans son œuvre « Ce que je crois », le Dieu Créateur l’occupe plus que le Dieu Rédempteur.

À la suite des bouleversements de la société, les valeurs et la morale traditionnelles se sont effondrées sans être remplacées. Notre époque est aussi, selon lui, un désastre spirituel dont l’homme moyen commence à ressentir durement la réalité.

« À mesure que l’humanité change de nature, nous sommes désormais passés du grand espoir du XXe siècle aux grands questionnements du XXIe siècle… Comme ce n’est pas encore de nature biologique, c’est de nature culturelle. » Jean Fourastié

Alliant prudence et audace, esprit scientifique et enthousiasme, Jean Fourastié voit la cause majeure de ces maux dans le divorce de la science et de la foi, divorce dont il montre non seulement la nocivité, mais la folie. « L’humanité changeant de nature, nous sommes désormais passés du grand espoir du 20ee siècle à la grande question du 21èmee siècle… Comme elle n’est pas encore de nature biologique, elle est de nature culturelle.

Reste à préparer la religion au troisième millénaire. Jean Fourastié pense que la religion chrétienne, comme toutes les autres, doit continuer à évoluer pour « s’adapter au monde moderne », mais pas en allant dans toutes les directions. S’il doit y avoir des innovations, elles doivent rester lentes et mesurées.

Un humaniste visionnaire sur les traces de Pascal

Le professeur de Sciences Po Paris était un visionnaire. Le fait que le titre de son œuvre principale soit passé dans le langage courant atteste de la clairvoyance du Lotois dans l’âme.

Dès 1945, il prévoyait une augmentation du niveau de vie. Mais il a prédit que la croissance ne pourrait pas se poursuivre indéfiniment à un taux proche de 7 %, ce qui aurait signifié un doublement de la richesse nationale par décennie.

Fourastié apparaît comme un prophète alarmé par « les multiples crises du temps présent » et annonçant « la fin des temps faciles ». Le rattrapage d’après-guerre a stimulé l’économie, mais le dynamisme économique change en fonction du niveau de développement. Une fois les ménages équipés, on entre dans une phase de renouvellement qui se traduit naturellement par un ralentissement de la consommation. D’où le chômage de masse qui résultera de la saturation des marchés de consommation. Il pressentait déjà la nécessité à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui d’adapter nos modes de production à l’écologie.

Bien plus qu’un économiste, Jean Fourastié était un humaniste et un philosophe. Tout en lui est un érudit et un honnête homme. À bien des égards, le parcours de Jean Fourastié s’apparente à celui de Blaise Pascal. Comme lui, ce qui l’intéresse d’abord, c’est ce que font les hommes, où ils se trouvent. Le reste est secondaire.

Tous deux sont des hommes de science qui, parlant un langage simple, raisonnent de la même manière, apportant des bases solides tant au progrès de la science qu’à l’équilibre de la condition humaine.

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