« Choquée », la députée écologiste Marine Tondelier a passé deux jours à Mayotte

« Choquée », la députée écologiste Marine Tondelier a passé deux jours à Mayotte
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A peine 10 m² pour accueillir un lit superposé, deux matelas au sol, une salle de bain et quatre détenus. A Mayotte, la prison Majicavo Koropa compte 620 détenus pour 278 places. Il y en avait même 678 au 1er janvier. C’était 150 de plus il y a un an. Dans la question : “une augmentation massive de la délinquance, liée notamment à l’augmentation de la population”, souligne Nicolas Jauniaux, le directeur de l’établissement.

Ces détenus, âgés pour la plupart de moins de 30 ans, sont condamnés pour « des actes d’une grande violence » mais aussi pour des actes illégaux liés à l’immigration clandestine. « Nous avons beaucoup de passeurs » souligne Marie Deyts, adjointe du chef d’établissement. 65% des détenus sont étrangers. Et parmi eux, 98% sont comoriens. S’ils ne sont pas incarcérés dans leur pays, c’est qu’ils doivent en faire la demande, que les deux Etats soient d’accord et que la peine soit la même. «Souvent, les étrangers préfèrent être incarcérés en France» poursuit Nicolas Jauniaux.

A Mayotte, la prison Majicavo Koropa compte 620 détenus pour 278 places. | OUEST-FRANCE, JÉROMINE DOUX
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A Mayotte, la prison Majicavo Koropa compte 620 détenus pour 278 places. | OUEST-FRANCE, JÉROMINE DOUX

«On se retrouve vite coincé»

Au-delà de la promiscuité, la surpopulation carcérale « embolise tous les services : formation, emploi, école, sport… On se retrouve vite bloqué, ce qui favorise aussi les problèmes de cohabitation », souligne le réalisateur, qui précise toutefois que le « Les guerres de villages disparaissent dans le cadre de l’establishment et la population est particulièrement docile ».

Pour divertir et informer les détenus, le conseil départemental de l’accès aux droits (CDAD) organise trois fois par mois des ateliers sur la citoyenneté. Ce jeudi 18 avril, une délégation écologiste, en visite de deux jours dans le 101e département français, s’est arrêtée au centre pénitentiaire pour parler des élections européennes.

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, est venue sur le territoire, accompagnée de David Cormand, candidat adjoint aux élections européennes, et de Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat depuis un peu moins de 48 heures. Leur objectif : « rencontrer des institutionnels, bien sûr, mais surtout improviser. Nous souhaitons aller à la rencontre des habitants pour comprendre les enjeux qui les touchent. » souligne le secrétaire national.

« Un énorme déficit de services publics »

A l’intérieur de la prison, après avoir expliqué à 12 détenus français l’importance de voter aux futures élections européennes (1), les parlementaires ont surtout écouté leurs doléances. « Nous sommes abandonnés, déplore l’un d’eux. Il y a trop de détenus et pas assez d’agents du service d’insertion pénitentiaire (Spip). Lorsqu’on demande à suivre une formation ou un travail, il faut attendre plusieurs mois. Et si vous souhaitez un rendez-vous pour demander une révision de peine, c’est pareil. » Dans la pièce, les prisonniers participant à l’atelier réfléchissent principalement à ce qui se passera après leur détention. Et je veux me préparer. « Nous sommes conscients qu’il existe un énorme déficit dans les services publics. A Mayotte encore plus qu’ailleurs », souligne Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat.

Après un peu moins de 48 heures sur place, Marine Tondelier a même déclaré “choqué. » « Nous laissons les réfugiés, sous protection internationale, sans nourriture, sans eau, sans toilettes. Alors même qu’une épidémie de choléra menace le territoire. Partout, les gens ont peur de la maladie. » estime le secrétaire national, parti échanger avec des réfugiés d’Afrique des Grands Lacs, dans les rues depuis le démantèlement de leur camp.

Marine Tondelier veut que « l’Europe prenne sa part »

Avant une visite du bidonville de Kaweni pour échanger avec les habitants de leurs conditions d’accès à l’eau et de leurs craintes. « Soit on considère que Mayotte, c’est la France et alors on traite ce département sur un pied d’égalité avec les autres. Soit on considère que ce n’est pas le cas, et c’est autre chose.» insiste-t-elle. Le secrétaire national pointe notamment le coût de la vie, 30 % plus élevé qu’en France, mais le Smic, 20 % inférieur. « Quand a-t-on commencé à se dire qu’il fallait moins aider les zones les plus pauvres ? “, elle interroge.

Lire aussi : Qu’est-ce que l’opération « Mayotte place net », qui prend le relais de Wuambushu ?

Selon l’écologiste, la suppression des droits fonciers serait par ailleurs inefficace. « Les migrants ne viennent pas à Mayotte pour la nationalité française mais pour échapper à la pauvreté. Nous ne pouvons pas empêcher ceux qui fuient la pauvreté de tenter la traversée. Le rideau de fer et les moyens mis en place pour limiter l’immigration n’y changeront rien. En revanche, cela provoque un drame. Le bras de mer situé entre les Comores et Mayotte est en passe de devenir le plus grand cimetière du monde. soutient Marine Tondelier qui souhaite que « L’Europe prend sa part » pour soulager le territoire.

(1) En 2019, le taux de participation aux élections européennes était de 28,64% à Mayotte

 
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