Deux adolescents suisses arrêtés pour terrorisme

Deux jeunes Suisses radicalisés préparaient un attentat terroriste, selon les autorités. Ils ont discuté de leurs projets en ligne. Voici ce que nous savons.

Kurt Pelda / ch médias

Au moins un jeune Suisse aurait communiqué, via messagerie, avec des sympathisants de l’EI en Allemagne. Ils préparaient une série d’attaques. Selon le comité d’enquête allemand Hybris, les membres du chat ont parlé d’attaques au couteau, de cocktails Molotov et d’armes à feu. Leurs cibles : les églises et les synagogues, entre autres.

Côté allemand, deux jeunes filles de quinze et seize ans ainsi qu’un garçon de quinze ans, considéré comme le cerveau de ces opérations, y ont pris part. Dans le cadre d’une action coordonnée entre Berne et Berlin, les membres du groupe de discussion et deux Suisses de Schaffhouse ont été arrêtés fin mars. Toutes les personnes concernées bénéficient de la présomption d’innocence.

Souvenirs deAttaque de Zurich

Outre les deux adolescents vivant à Neuhausen am Rheinfall (SO), un jeune de 18 ans a également été arrêté dans le canton de Thurgovie. Les enquêteurs veulent savoir si des attaques à l’explosif étaient planifiées. Ces arrestations rappellent le souvenir du terroriste zurichois de quinze ans qui avait failli tuer un juif orthodoxe à coups de couteau début mars. Peu auparavant, ce Suisse, qui se faisait appeler « Ahmed le Boucher » sur Internet, avait prêté allégeance à l’EI.

Selon des sources allemandes, les deux plus jeunes ont été mis hors d’état de nuire à temps. Italien d’origine, Flavio S.* (pseudonyme), âgé de 16 ans, était très actif sur les réseaux sociaux. Comme le tueur, il avait d’innombrables comptes. L’un d’eux, créé il y a environ six ans, s’appelait « The Bomber from Instagram » et était doté de deux cœurs.

Dans les selfies qui y sont publiés, on découvre un garçon au visage enfantin. On ne sait pas exactement ce que Flavio S. voulait dire à l’époque avec le surnom de « Bombardier ». Peut-être faisait-il référence à ses jeux vidéo, car sur certains autres profils, il s’identifie comme joueur. Sur une chaîne Youtube, il a posté une séquence dans laquelle il commente un match – en italien.

Aigle à deux têtes et drapeau du Kosovo

Il existe des preuves que Flavio S. a grandi en Italie ou du moins y a vécu pendant un certain temps. Son père, ouvrier du bâtiment, y a obtenu la nationalité italienne en 2017. Il dispose aujourd’hui d’un permis B en Suisse.

Mais sa famille est en réalité originaire du Kosovo. Sur l’un de ses comptes Facebook, Flavio S. se dit originaire de Prizren. Des photos d’enfance le montrent avec son frère, enveloppés dans des drapeaux du Kosovo et de l’Albanie. Sur l’un d’eux, Flavio S. forme avec ses mains l’aigle albanais à deux têtes. Rien n’indique une religiosité plus profonde au sein de la famille.

Le deuxième détenu, un Suisse de quinze ans d’origine kurde et turque, est également passionné de jeux vidéo. Selon Cliquez, les deux suspects fréquentaient le même cours. À leur âge, être accro au jeu n’a rien d’exceptionnel, le terroriste au couteau zurichois l’était aussi.

Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que des organisations terroristes comme ISIS tentent délibérément de recruter via ces plateformes. Les extrémistes – de l’Etat islamique au Hezbollah libanais en passant par l’extrême droite allemande – ont déjà développé leurs propres jeux pour attirer les joueurs et les radicaliser.

IS utilise la fonction de chat. Ils s’adressent également aux joueurs qui ne se doutent de rien au premier abord. La plupart des passionnés de jeux vidéo sont des hommes et des jeunes, exactement ceux que l’Etat islamique cible.

Étiqueter à un arrêt de bus

La manière dont les deux jeunes arrêtés se sont radicalisés fait actuellement l’objet d’une enquête. Ils auraient pulvérisé les lettres « ISIS » (équivalent de Daesh) sur un arrêt de bus. Ce qui révèle une assez mauvaise connaissance du groupe terroriste, qui ne s’appelle plus ainsi depuis une dizaine d’années.

En analysant les discussions avec des extrémistes allemands, les enquêteurs ont également cherché à savoir si les deux jeunes gens allaient participer à des attentats en Allemagne. Il semble plutôt qu’ils préparaient une attaque en Suisse.

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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