Irrigation, réservoirs d’eau, industrie… Trois nouveaux chiffres sur la consommation d’eau en France – Libération – .

Irrigation, réservoirs d’eau, industrie… Trois nouveaux chiffres sur la consommation d’eau en France – Libération – .
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De nouvelles données pour jeter les bases d’une meilleure gestion de l’eau. Ce jeudi, France Stratégie, service de prévision rattaché à Matignon, dévoile une note détaillant la demande en eau en France métropolitaine, avec en prime de nouveaux chiffres. Le document s’inscrit dans un projet plus large lancé en octobre 2023 et qui donnera lieu, à l’automne, à la publication de projections climatiques et de trois scénarios (dont un basé sur une sobriété importante) pour estimer dans quels territoires les conflits d’usage doivent être craignait.

L’étude publiée aujourd’hui rappelle que la ressource en eau renouvelable, c’est-à-dire la part issue des précipitations qui ne s’évapore pas, a diminué de 14 % en France sur les quinze dernières années. Sous l’effet du changement climatique, il faudrait encore « diminuer dans les décennies à venir, du moins dans certains territoires durant la période estivale. Cette rareté nous est imposée, il est donc crucial d’anticiper l’équilibre entre la ressource en eau et les besoins. » explique le commissaire général par intérim de France Stratégie, Cédric Audenis.

L’irrigation dans l’agriculture augmente

Près des deux tiers de la consommation d’eau en France, c’est-à-dire de l’eau prélevée sans être directement restituée aux milieux naturels, est liée à l’agriculture. Et ce alors que seulement 8 % des terres sont irriguées. Mais cette pratique «des progrès sur tout le territoire», selon l’organisation : entre 2010 et 2020, les superficies équipées d’un système d’irrigation ont augmenté de 23 %. Une évolution importante qui se poursuivra si les types de cultures ne changent pas. Cela peut poser problème car l’or bleu est principalement pompé en juin et août, « période pendant laquelle les niveaux des nappes phréatiques et des rivières sont au plus bas », rapporte France Stratégie.

Actuellement, les bassins versants Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée et Loire-Bretagne constituent les trois principaux bassins d’irrigation, mais son utilisation “semble particulièrement marqué dans le nord de la France, où il était jusqu’ici peu développé”, précise la note. La pratique a ainsi connu une croissance de 78 % en dix ans sur le bassin versant Artois-Picardie. Cela s’explique par « une augmentation des surfaces agricoles destinées à la pomme de terre et aux légumes industriels (pois, haricots verts…) » précise Hélène Arambourou, directrice adjointe du département développement durable et numérique de France Stratégie. Pour répondre au cahier des charges en termes de calibres, il faut irriguer. Certaines cultures jusqu’ici peu arrosées le deviennent également, notamment la vigne dont la part irriguée est passée de 3 % à 9 %.

Les experts de France Stratégie ont également calculé que la production irriguée était principalement destinée à l’alimentation humaine (44 %), suivie de près par l’alimentation animale (39 %). « Les superficies irriguées sont essentiellement destinées aux produits exportés, qu’ils soient destinés à l’alimentation animale ou humaine. » souligne également la note. De quoi remettre en cause l’argument de souveraineté alimentaire brandi par le gouvernement, puisque l’eau utilisée en agriculture pour l’irrigation est donc majoritairement exportée. “Cette note montre bien la grande place occupée par la consommation d’eau agricole et le fait qu’elle va dans le mauvais sens, analyse Alexis Guilpart, spécialiste de l’eau et des milieux aquatiques à la fédération des associations France Nature Environnement. Un travail sur la sobriété de l’agriculture doit être mené. Le modèle alimentaire pourrait également être sujet à débat, car nourriture à base de plantes peut constituer une réponse à la rareté de la ressource.

Des réservoirs d’eau très consommateurs

Pour la première fois, une estimation de l’évaporation via les barrages et autres réservoirs d’eau, si prisée par le syndicat agricole majoritaire FNSEA et par le gouvernement, a également été réalisée. Selon un récent inventaire de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable, la France compte 670 000 plans d’eau artificiels qui stockent 18 milliards de m³ au total. Mais un milliard de m³ sont rejetés chaque année dans l’atmosphère à cause de la chaleur. Cette évaporation est considérée comme une consommation puisque l’eau captée ne retourne pas directement dans le milieu dans lequel elle a été collectée. Si l’on ajoute ce chiffre aux 4,4 milliards de m³ consommés par les activités humaines (industrie, agriculture, énergie, eau potable…), les retenues représentent donc un cinquième de la consommation d’eau en France. L’évaporation provient notamment des grands lacs de la Seine en amont de Paris, de nombreux petits réservoirs du centre de la France et des barrages des Alpes. “Un réservoir pouvant être destiné à des usages variés (hydroélectricité, irrigation, support d’étiage, adduction d’eau potable), attribuer l’évaporation à un usage s’avère délicat”, nuance France Stratégie. “Cette estimation doit susciter un débat, car si on augmente le stockage, on va augmenter le phénomène d’évaporation”, ajoute Alexis Guilpart. Cela remet en question la pérennité de ces pratiques. Au lieu d’augmenter encore la quantité d’eau stockée, il faudrait la gérer différemment.

L’agroalimentaire est le secteur industriel le plus exigeant

Enfin, France Stratégie suit de près les secteurs de l’industrie et du bâtiment, qui représentent 9 % de la consommation d’eau. Premier consommateur, l’agroalimentaire (près de 150 millions de m³ en 2020), suivi de la chimie pharmaceutique (environ 100 millions de m³) et du traitement des déchets et des eaux usées (environ 50 millions de m³). « À l’avenir, les ressources en eau devraient évoluer en raison du changement climatique et la demande varier en fonction de la dynamique démographique et des politiques de décarbonation et de réindustrialisation. prévient France Stratégie. La question de l’eau doit être mieux prise en compte dans l’élaboration des différentes politiques publiques et dans leur territorialisation.

Sans faire de recommandations, les auteurs de la note insistent sur le fait que les efforts de sobriété sont indispensables dans tous les secteurs et soulignent la difficulté qu’ils ont eu à accéder aux données, inexistantes, partielles ou non centralisées pour produire leurs travaux. Et de prévenir : si les chiffres présentés ce jeudi sont essentiellement nationaux et annualisés, « il faut tenir compte des variabilités spatiales et temporelles », comme le souligne Cédric Audenis. La saisonnalité de la consommation d’eau est certes importante, mais la France ne dispose pas pour l’instant d’informations fiables à ce sujet.

 
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