c’est pour avoir refusé de prêter un serment inconditionnel au roi d’Angleterre que 10 000 personnes ont été déportées il y a 250 ans

Le rejet de la proposition du député Joël Arsenault de rendre facultatif le serment d’allégeance au roi d’Angleterre à la Chambre des communes, le 8 avril, a rappelé la tragédie de milliers d’Acadiens déportés il y a 250 ans d’avoir refusé de prêter ce serment.

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«Les Acadiens sont encore très sensibles à l’évocation de cet épisode difficile de leur histoire, un peu comme la défaite des plaines d’Abraham reste difficile pour la mémoire des Québécois», explique l’historien Philippe Basque en entrevue avec Journal.

M. Basque résume habituellement aux touristes la Déportation des Acadiens, qui a eu lieu entre 1755 et 1763.

L’historien du Village historique acadien, un hameau du 18e siècle reconstitué près de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, rappelle que les Acadiens ont beaucoup souffert de leur opposition à la monarchie britannique.

Le Village historique acadien, près de Caraquet.

Philippe Basque

Le Village historique acadien, près de Caraquet.

Philippe Basque

« Ce serment visait, d’une part, à interdire aux Acadiens de prendre les armes contre l’administration britannique, ce qui ne posait pas de problème particulier, mais aussi à renoncer à la religion catholique. Et c’était très grave à l’époque », se souvient-il. C’est pourquoi les 270 délégués acadiens de la milice refusèrent de prêter serment d’allégeance inconditionnelle au roi d’Angleterre.

10 000 déportés

À partir du Traité d’Utrecht en 1713, les quelque 1 700 habitants de l’Acadie situés dans les provinces actuelles du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard sont devenus sujets britanniques.

Le changement n’a pas provoqué de crise ; au contraire, la paix s’est établie pendant trois décennies au cours desquelles la population acadienne a bondi à plus de 15 000 personnes. C’est à ce moment-là que les choses ont mal tourné.

Les colons britanniques revendiquent le territoire de cette population francophone, ce qui entraîne un affrontement entre la minorité francophone et l’administration anglaise.

Le 28 juillet 1755, le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence, décrète la déportation des récalcitrants et confisque leurs terres, leur bétail et leurs bâtiments. Plusieurs fermes et maisons seront incendiées ou détruites.

Selon l’Encyclopédie canadienne, pas moins de 10 000 Acadiens ont été déplacés, dont plusieurs sont morts. Des 3 100 Acadiens déportés en 1758, plus de la moitié moururent avant d’atteindre leur destination.


Philippe Basque

Philippe Basque

Super retour

« De très nombreux Acadiens reviendront lorsque les sanctions n’auront plus d’effet », poursuit M. Basque. Mais beaucoup ne seront pas les bienvenus et seront rejetés. C’est cette errance perpétuelle que raconte le poème Évangélinepar Longfellow.

La déportation s’est avérée « aussi inhumaine qu’inutile d’un point de vue militaire » selon James Marsh, auteur de l’article dans l’Encyclopédie.


Charles III est venu lui rendre visite en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l'époque. En cadeau, il a reçu un avion fabriqué par un artisan du Village historique acadien.

Charles III, alors prince, au Village historique acadien en 1996.

Philippe Basque

Aujourd’hui, nous essayons de garder vivant le souvenir de cette tragédie en accueillant les visiteurs dans des sites comme le Village acadien, où affluent 50 000 touristes chaque année.

Le roi d’Angleterre, Charles III, s’y est lui-même rendu en 1996, alors qu’il était prince.

C’est à lui que les députés de la Chambre des communes ont rendu hommage après le vote en chantant Que Dieu sauve le roi.

 
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