un site archéologique d’importance capitale dévoilé

Au cœur de la Haute-Vienne, les travaux de doublement de la RN147, au niveau du tronçon Limoges-Bellac, ont révélé un site archéologique d’importance capitale à proximité de Chamboret, supervisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Les archéologues ont fouillé une superficie de 8800 m².

Cette découverte ouvre une fenêtre sur les pratiques et rituels agropastoraux de l’Antiquité tardive, période peu documentée dans cette région. Le site offre un témoignage exceptionnel de la transition culturelle et technique qui a marqué le territoire de l’ancien peuple gaulois du Limousin, les Lémovices, révélant à la fois d’anciennes structures d’habitat rural et des éléments d’éventuelles monumentalisations liés aux activités rituelles.

Une occupation rurale ancestrale à Chamboret

Les premières fouilles réalisées à Chamboret ont révélé une ancienne occupation agropastorale, remarquablement conservée. Elle date probablement des IIIe et IVe siècles. Les archéologues ont découvert des structures constituées de matériaux périssables, tels que des trous de poteaux et des sablières.

Ils démontrent l’utilisation du bois et d’autres éléments organiques rapidement dégradables. A côté de ces constructions éphémères, des bâtiments rectangulaires en pierres sèches ont également été mis au jour. Ils indiquent donc un mode de construction plus durable et adapté aux conditions climatiques et aux ressources locales. Le mobilier mis au jour lors de la fouille permet de caractériser la fonction plutôt agricole et domestique de ces installations.

Le site de Chamboret offre ainsi un aperçu passionnant des techniques agricoles utilisées durant l’Antiquité tardive. Ils révèlent également une exploitation intensive des sols. La présence de ces structures agropastorales indique que les habitants de la région avaient développé des systèmes agricoles avancés.

Ils avaient la capacité de subvenir aux besoins d’une population stable grâce à la culture des céréales et à l’élevage. Ces techniques préfigurent certains aspects de l’agriculture moderne, bien que mises en œuvre avec des outils et des connaissances de l’époque. Ces vestiges archéologiques offrent donc de précieux indices sur l’évolution des pratiques agricoles et de la gestion des ressources naturelles par les anciens habitants de Chamboret.

Ce sont les Lémovices. C’était un peuple gaulois établi principalement dans la région du Limousin, dans l’actuelle France. Leur capitale était probablement située à Limoges, connue sous l’ancien nom d’Augustoritum. Ils sont connus pour leur artisanat, notamment la céramique.

Transformation monumentale et rituelle

Suite à cette première phase d’occupation, le site semble avoir été abandonné avant de connaître un renouveau à partir du IIIe siècle. Les fouilles ont révélé de nombreux fragments de briques et de tuiles présentant des traces évidentes d’échauffement, explique l’Inrap. Ils indiquent un probable incendie dans les locaux.

La configuration du site a subi plusieurs modifications pour s’adapter à ses nouvelles fonctionnalités. Les sols ont été nivelés, recouvrant ainsi les traces de la première phase d’occupation. Ces vastes terrassements ont permis de capturer de nombreux fragments de céramiques de Lémovice.

Vue aérienne du massif monumental en cours de fouille. ©Inrap

Le site connaît alors une transition vers une phase monumentale, avec un changement dans l’usage et la signification du lieu. Après avoir été un espace principalement dédié aux activités agropastorales, le site a vu se construire d’imposants éléments architecturaux. Parmi ces structures, un grand mur en pierres sèches est particulièrement remarquable.

Il mesure près de 2,50 mètres de large. Il est construit autour d’une Source ancienne. Les archéologues suggèrent une tentative de clôturer et de protéger cet espace naturel important. Cette Source, toujours active, était probablement considérée comme un élément central tant pour la vie quotidienne des habitants que pour les pratiques plus cérémoniales.

Des relevés géoradar complémentaires révèlent que cette construction se poursuit dans la parcelle annexée, non impactée par les travaux.

Un site actif de l’Antiquité tardive, mais aussi plus ancien

Les découvertes faites sur ce site monumental comprennent un antéfixe en terre cuite. Il décorait probablement le mur ou une structure voisine. Cet élément décoratif, représentant le visage d’une divinité ou un motif mythologique comme la Méduse, évoque clairement une dimension religieuse ou rituelle.

De plus, la présence de pièces datant de cette période ajoute une couche d’information supplémentaire. Cela suggère des activités humaines régulières et peut-être du commerce ou des offrandes. Ces indices archéologiques soutiennent l’idée que, même pendant les phases de christianisation avancée de la région, des éléments de cultes païens auraient pu persister. Ce mélange de pratiques agricoles, commerciales et rituelles illustre la complexité sociale et culturelle de l’Antiquité tardive en Limousin.

Antéfixe représentant le visage d’une divinité. ©Inrap

Par ailleurs, la zone fouillée avait déjà été modifiée par l’homme depuis la préhistoire, comme en témoigne la présence de divers éléments en silex, dont un fragment de poignard du Grand Pressigny, retrouvé en position secondaire ou piégé dans des strates recoupant des niveaux anciens.

Par ailleurs, une fosse, datant probablement du Néolithique, a été découverte au pied de la Source exploitée. Cette découverte confirme une occupation très ancienne du site et de ses ressources en eau.

Le rôle toujours central de l’eau à Chamboret

L’importance de l’eau dans l’aménagement du site de Chamboret est évidente, comme le démontrent les ouvrages hydrauliques mis au jour lors des fouilles. Au cœur de ce système, un captage d’eau, stratégiquement entouré d’une imposante digue de granit, témoigne d’une maîtrise avancée de l’ingénierie hydraulique par les populations locales.

Cette digue, organisée en arc de cercle autour de la Source, avait non seulement une fonction pratique de protection et de gestion de l’eau, mais elle semble également avoir servi de démarcation à un espace d’une importance particulière, éventuellement à des fins rituelles. Cette structuration autour de la Source indique que l’accès à l’eau était soigneusement réglementé, reflétant son rôle vital dans la survie et les activités quotidiennes de la communauté.

Vue d’une citerne piégée par des niveaux tardifs. ©Inrap

De plus, la présence d’une citerne complexe sur le site atteste de la capacité des Lémovices à conserver et distribuer l’eau. En effet, les archéologues ont mis au jour un élément constitué d’un matériau périssable dans sa position initiale : un caisson en bois. Il a été remanié pour épouser le fond de la Source, aménagé en pierres plates.

Cette citerne servait probablement à stocker de l’eau en période de sécheresse ou à des fins cérémonielles. La mise en œuvre de telles infrastructures hydrauliques illustre une profonde compréhension des besoins de gestion de l’eau. Cet aspect reste crucial pour l’agriculture et pour le maintien de l’ordre social et religieux au sein de cette société ancienne.

Ce type de site rural illustre sans doute une étape de transition progressive vers les occupations du haut Moyen Âge. Les études qui démarrent et les analyses paléo-environnementales entreprises sur les échantillons permettront de compléter et de préciser la chronologie d’occupation du site.

Source : Inrap

 
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