Trump fait une sieste au tribunal ? «Cela arrive aussi en Suisse»

La petite sieste de Donald Trump ce lundi au tribunal a suscité beaucoup de ricanements, mais les coups ne seraient pas si exceptionnels que ça, selon les experts.Watson/Getty

Donald Trump piqué du nez sur le banc des accusés ? L’affaire a fait rire les journalistes américains. Pourtant, devant les tribunaux, une atteinte aux paupières est loin d’être rare. Témoignages d’habitués du bar.

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Faire l’objet de 34 mises en examen, risquer dix ans de prison, tout en aspirant à diriger le monde libre ? Cette perspective a de quoi provoquer quelques nuits blanches. Pas étonnant que Donald Trump, alors que son procès pénal historique s’ouvre ce lundi à Manhattan, ait profité de la sélection du jury pour rattraper quelques heures de sommeil. Nous précisons : aurait bénéficié. Parce qu’en fait, nous n’en savons rien. La « rumeur » est partie d’un chroniqueur juridique de New York Times, assis dans la salle d’audience.

“L’ancien président (…) semblait lui aussi s’endormir, la bouche ouverte et la tête baissée, avant de se réveiller en sursaut”

Description de Maggie Haberman, dans le New York Timesce 15 avril.

Une suggestion immédiatement écartée par l’intéressé. Pour autant, Donald Trump ne devrait pas avoir honte. Il serait loin d’être le premier à céder à la sieste, entre deux plaidoiries.

Détails de l’affaire ici.

L’inévitable attaque des paupières

Fermez les yeux, imaginez : assis pendant des heures, des jours, des semaines, bercé par le simple murmure d’obscures notions juridiques, des interrogatoires minutieux et des témoignages parfois ennuyeux, auxquels vous ne pouvez pas participer. Tout cela dans l’ambiance chaude, austère et pesante d’une salle d’audience. Vous ne sentez pas déjà vos paupières picoter ?

“Pour la défense de Trump, ce n’est pas facile”, concède Shan Wu, ancien procureur fédéral américain, dans une tribune pour le quotidien américain. Bête quotidienne. « Les jurés s’assoupissent souvent à cause de l’ennui, de la chaleur et de l’hypoglycémie. Cette dernière affecte tout le monde dans la salle d’audience. Tout le monde, jurés et juges. À tel point que, selon le juriste, ils concentreraient délibérément les interactions autour du déjeuner.

“Si vous observez un jury après le déjeuner, vous verrez tous les effets de l’insuline sur l’éveil”

Shan Wu, ancien procureur fédéral et chroniqueur du Bête quotidienne.

Le juge neuchâtelois Laurent Margot connaît les effets d’un copieux repas de midi. Il est déjà une victime potentielle. « S’endormir, non. Mais en tant que président, j’ai connu de longues périodes d’ennui”, nous avoue-t-il. « Cela dépend du moment du procès. Lors de l’interrogation des accusés ou des témoins, pas de problème. Nous sommes sous l’adrénaline. En revanche, au moment de la mise en examen ou des plaidoiries, c’est plus dangereux. Surtout juste après le repas !

« A l’époque de la cour d’assises, juges et jurés allaient tous dîner ensemble au restaurant. Un repas toujours assez copieux. Après, la reprise dans l’après-midi a été dangereuse”

Laurent Margot, président juge au tribunal de grande instance.

Le juge frémit à l’évocation des longues robes noires, fermées par un grand col, obligatoires dans certains tribunaux : “On prend la chaleur de plein fouet.”

Les subtilités du système suisse

Contrairement au système judiciaire américain, la Suisse n’a plus de jurés depuis 2011. Au grand soulagement du juge neuchâtelois Laurent Margot, libéré des repas au restaurant. Il n’a pas connu ces « moments de danger » depuis des années. « Aujourd’hui, nous sommes trois juges professionnels. A la pause déjeuner, quand il y en a une, on mange juste quelque chose dans un bureau. On continue de discuter, on boit du café. Cela ne veut pas dire que nous sommes des super-hommes ou des super-femmes. Personne n’est à l’abri.

Autre différence notable avec le système américain ? La durée du procès. S’ils durent des semaines outre-Atlantique, ils ne durent ici que quelques jours maximum. Entre une demi-journée et une journée complète maximum, dans l’écrasante majorité des cas. “Pas le temps de s’endormir !” confirmer Watson un procureur qui a requis l’anonymat pour évoquer ces siestes improvisées.

Pas de jurés ni de longues heures de témoignage… Mais cela n’empêche pas certains incidents. Même en Suisse.

« J’ai eu l’occasion de voir des jurés s’endormir. C’est ses ronflements qui m’ont fait comprendre que la personne s’était endormie.

Juge Laurent Margot.

« Il m’est arrivé de voir l’un des trois juges plonger. Je pense que cela a été noté dans la presse», rappelle le procureur. Sans oublier cet épisode rapporté par La météo en 2019, lorsqu’un juge genevois a été réveillé en plein procès pour meurtre. Le tribunal a décidé d’ajourner la procédure.

Une stratégie?

Dans le cas de Donald Trump, la prétendue « sieste » n’aura aucun impact juridique. « Si le juge s’endort, on peut demander la récusation du procès, car il doit rendre une décision », rappelle la juge Margot. Mais si l’accusé s’endort, cela ne change rien.»

« La sélection du jury est un processus horriblement long et technique. L’accusé n’a rien à faire”

Laurent Margot.

Au contraire, il voit même une dimension stratégique dans le sommeil de Trump. Une manière de transmettre une impression de calme et d’indifférence. « Peut-être qu’il le fait un peu exprès pour montrer qu’il reste calme. Tout cela ne l’affecte pas, c’est une erreur et il n’y est pour rien », suggère le juge.

Une stratégie risquée pour ce républicain qui s’est toujours vanté de ne dormir que « trois ou quatre heures par nuit » et qui donne à son adversaire le surnom de « Sleepy Joe ».

Qu’il ait cédé au sommeil ou non ce lundi, Donald Trump va devoir s’accrocher durant les prochains mois.Getty Images Amérique du Nord

Sans oublier que l’accusé est âgé de 77 ans, un peu en surpoids et a une vie fatigante. Donald Trump n’est pas souvent plongé dans un environnement sur lequel il n’a aucun contrôle. Ni l’accès à son Diet Coke à gogo. Malgré son manque de sommeil, Donald Trump va devoir tenir le coup. Il lui reste encore six à huit semaines de coups d’haltères. Une perspective presque aussi ennuyeuse qu’un après-midi de plaidoiries le ventre plein.

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