« La n’a jamais été aussi sportive »

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Les judokates s’entraînent à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) à Paris, le 23 janvier 2023. ELIOT BLONDT-PISCINE/SIPA

Entretien Alors que plusieurs sportifs français estiment que la n’est pas une nation sportive, l’enseignant de l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne souligne que c’est avant tout la baisse des aides publiques qui déstabilise nos champions.

Commentaires recueillis par Richard Godin

Publié le 18 avril 2024 à 11h00

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La France est-elle un pays sportif ?

Moins de 100 jours et près de sept ans après l’attribution officielle des Jeux olympiques, Paris accueillera la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, un défilé de six kilomètres sur la Seine. Une célébration qui s’annonce grandiose mais qui est encore difficile à conclure. D’un côté, l’enthousiasme populaire tarde à se manifester, même si le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, estime “qu’après des mois de questions et d’inquiétudes, (…) une phase de “mania olympique” commence”. De l’autre, plusieurs médaillés français qui estiment que la France n’est pas vraiment un pays sportif.

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L’un des derniers en date : Teddy Riner, cinq médailles olympiques dont trois d’or en judo, assurait fin février sur France 2 que “Le sport n’est pas dans notre culture”. Et de critiquer : « On ne peut même pas mettre les athlètes, les champions, sur une belle base. » Interrogé sur les critiques formulées par le champion, l’historien du sport Pascal Charroin tempère l’analyse. Surtout, l’enseignant de l’université Jean-Monnet Saint-Etienne souligne que c’est le modèle d’accompagnement des sportifs de haut niveau qui ne fonctionne plus.

Le 25 février, le triple champion olympique de judo Teddy Riner déclarait sur le tournage de « Quelle époque ! » sur France 2 que la France n’est pas un pays sportif. A-t-il raison ?

Pascal Charroin L’affirmation de Riner n’est pas historiquement justifiée. La France n’a jamais été aussi sportive ! Le nombre de licenciés dans les fédérations traditionnelles ne fait qu’augmenter. Même s’il faut admettre qu’il connaît aujourd’hui une croissance moins rapide du fait de sa concurrence du sport clandestin, phénomène quasiment identique dans d’autres pays occidentaux.

En 2022, les fédérations ont délivré plus de 20 millions de licences (15,4 millions de licences annuelles et 5,3 millions d’autres licences et autres titres de participation). A titre de comparaison, il y avait entre 400 000 et 800 000 licenciés en 1920. Il faut aussi ajouter que 70 % des Français déclarent faire du sport, soit 30 millions qui pratiquent sans permis.

En revanche, Riner a un peu raison si l’on compare la France avec d’autres pays. Par exemple, le football est le sport le plus pratiqué en France comme en Allemagne, mais avec 2 millions de licenciés ici contre 7 outre-Rhin !

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Du point de vue des résultats sportifs, Riner a tort puisque la France est devenue une véritable nation sportive, avec des victoires dans de nombreuses disciplines. Même si nous avons des lacunes dans certains sports, je pense notamment à l’athlétisme.

Teddy Riner cite comme exemple le Brésil où « le sport est vital » et pratiqué « matin, midi, soir ». Est-il vrai que nous n’avons pas la culture du sport ?

Il n’a pas raison de comparer la culture sportive de la France et du Brésil. C’est un cliché de croire que les Brésiliens font plus de sport ou que le faire est « vital » pour eux. C’est autant un cliché que de dire que les Asiatiques sont bons dans les sports de raquette, comme le ping-pong ou le badminton, ou que les Kenyans sont bons en course à pied.

Concernant la culture sportive, on peut également souligner qu’en matière d’horaires sportifs obligatoires à l’école, la France est le pays qui en propose le plus au monde, avec la . Nous nous préoccupons de l’éducation sportive, parfois au détriment de la performance sportive.

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Enfin, je voudrais souligner que nous sommes les champions mondiaux de la structuration sportive. Création de fédérations internationales masculines et féminines, redynamisation des Jeux Olympiques… 9 fois sur 10, ce sont les Français qui commandent !

Pour illustrer le manque de culture sportive en France, Teddy Riner estime qu’« on ne peut même pas mettre des athlètes, des champions, sur une belle base ». Le problème en France ne serait-il pas principalement lié au haut niveau ?

Lorsqu’il s’agit de soutenir les sportifs de haut niveau, la France dispose d’un modèle hybride, à la fois basé sur un modèle capitaliste, mais également soutenu par les pouvoirs publics. Nous ne sommes pas comme un pays de l’Est à l’époque soviétique où les athlètes d’État étaient fonctionnaires, ni comme un pays capitaliste où ils sont financés exclusivement par des fonds privés.

Dans les pays très libéraux, les athlètes gagnent très bien leur vie, même dans des sports moins médiatisés. Car ils savent dès le départ qu’ils vont devoir se débrouiller pour gagner leur vie, en tenir compte, et donc faire un énorme effort pour se « vendre » et obtenir des fonds.

En France, notre modèle n’est pas très efficace. Parce que les finances publiques ne sont plus aussi bonnes qu’avant, y compris pour le sport, et que le soutien est moins important. Mais les sportifs pensent encore qu’ils pourront vivre de leur sport, notamment grâce à ces aides publiques qui diminuent voire disparaissent. On a donc un modèle avec d’horribles disparités, entre ceux qui gagnent très bien avec des fonds privés et ceux qui espèrent gagner.

Commentaires recueillis par Richard Godin

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