L’affaire a fait beaucoup de bruit ces dernières heures à Chavigny, et a été dénoncée par plusieurs parents auprès de la direction. Lundi, la direction de l’école et le Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy ont été informés de ce qui se passait. L’homme a été rencontré et son contrat a été résilié, car il remplaçait un autre enseignant parti depuis un certain temps.
Mais pour plusieurs parents, la situation pose de sérieuses questions sur le processus d’embauche, alors que les agissements de l’enseignant, notamment sur les réseaux sociaux, étaient connus depuis longtemps et même visibles de tous. Pas plus tard que mardi, on pouvait facilement accéder à une série de ses publications sur sa page QC Patriote.
Parmi les vidéos qui ont commencé à circuler dans l’école, une vidéo le montrait dans les rues d’Ottawa, lors de la manifestation des camionneurs, visiblement ivre, pourchassant les journalistes avec son téléphone pour les insulter.
La vidéo circule largement au lycée de Chavigny depuis plusieurs jours. (Facebook)
La vidéo a fait sursauter Michel*, dont l’enfant suivait le cours ECR avec l’homme depuis son arrivée à l’école.
« Ce qui me déprime, c’est que c’était connu, du moins par le professeur qu’il a remplacé », raconte Michel. En effet, selon son enfant, le professeur aurait prévenu ses élèves, avant de partir en congés, que la personne qui allait le remplacer partageait des choses « un peu particulières » sur ses réseaux sociaux, mais qu’il était persuadé que c’était ça irait bien.
« Dès le premier cours, mon fils revenait de l’école en me disant que le professeur affirmait que les Amish n’étaient pas autistes parce qu’ils n’étaient pas vaccinés », se souvient le père, encore secoué par cette histoire.
Outre ces propos, l’enseignant désormais licencié a déjà évoqué plusieurs choses sur ses réseaux sociaux, relayant également des publications de théoriciens du complot bien connus, notamment François Amalega. Publications sur chemtrailssur le réveil mondial, le état profond et sur « l’arnaque climatique » figurent également parmi ses publications fréquentes. Pourtant, en mode public, il n’a rien partagé depuis l’automne 2023.
Dans une vidéo enregistrée en juin dernier, il déplorait notamment que des enseignants puissent être licenciés pour avoir remis en question les vaccins. Il mentionne que lorsqu’on enseigne l’éthique, il est normal qu’un enseignant puisse parler des avantages et des inconvénients de la vaccination.
« Cela me met en colère que des étudiants aient pu être exposés à un individu comme celui-là. Cela m’interroge aussi beaucoup sur la stratégie du ministre de l’Éducation nationale, qui disait qu’il fallait « un adulte par classe ». Mais sommes-nous vraiment là ? Est-ce suffisant et acceptable pour le ministre d’avoir des adultes complotistes qui enseignent toutes sortes de théories folles à nos enfants ?
— Michel, parent d’un élève de 5e secondaire
Au Centre de services scolaire, une déclaration écrite a été envoyée aux médias mardi après-midi.
« Hier soir, le Centre de services scolaire a été informé de la situation. Depuis ce matin [mardi], la direction de l’école a rencontré l’enseignant concerné et le service des ressources humaines a mis fin à la relation de travail. Cette personne avait été embauchée pour la première fois pour effectuer un remplacement. Au total, il aura travaillé 12 jours pour le Centre de Services Scolaire. Nous tenons à souligner que la sécurité des étudiants n’a jamais été compromise. Les contrôles confirment que la personne n’a pas de casier judiciaire. Toutefois, les commentaires et valeurs exprimés par cette personne ne correspondent en aucun cas aux standards attendus de notre personnel ainsi qu’aux valeurs de notre organisation », indique la porte-parole du Centre de services scolaire, Anne-Marie Bellerose.
Mais pour Michel, le mal est fait, puisque ce non-lieu qui vient d’être prononcé contre l’enseignant pourrait servir la cause de plusieurs relayeurs de ses idées, faisant de lui une « victime du système ».
« Il me semble que ce n’est pas très compliqué de vérifier les réseaux sociaux des personnes que l’on envisage d’embaucher. Ce n’était même pas caché, c’était affiché très ouvertement », souligne le père.
Mardi après-midi, le Centre de services scolaire n’était pas en mesure de fournir des précisions sur les modalités d’embauche au regard des réseaux sociaux des candidats. Il a toutefois été rappelé que l’homme n’avait aucun casier judiciaire.
*Michel a demandé à ne pas révéler son identité, craignant des représailles pour ses enfants.