« Si nous ne faisons rien, les petits restaurants qui respectent les règles disparaîtront »

« Si nous ne faisons rien, les petits restaurants qui respectent les règles disparaîtront »
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« Je suis barman depuis plus de quinze ans, déjà le Covid a failli avoir raison de notre travail. Remonter la pente n’a pas été facile… Sept mois sans travailler… et dès que la tête sort de l’eau, on a l’impression de risquer de se noyer tous les jours… »

“J’ai peur pour mon frère qui tient un bar et qui n’en peut plus.”

“Nous sommes pris à la gorge par les charges sur le travail et nos ouvriers ont un salaire de poche qui ne correspond pas à leur travail, ce qui les décourage de travailler dans le secteur hôtelier.”

Voici quelques commentaires sur les 900 postés sous la pétition « Cela doit changer ». Cette « lettre ouverte du secteur hôtelier » a déjà récolté plus de 3 155 signatures en quelques semaines. Cela démontre une urgence radicale : financièrement, le secteur de la restauration a le couteau sous la gorge.

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« Nous nous trouvons confrontés à des défis sans précédent. Des défis qui mettent en danger notre métier, nos savoir-faire mais aussi notre équilibre de vie et notre santé mentale. Nous sommes épuisés ; notre amour pour notre métier s’effondre malgré notre dévouement », écrivent les auteurs.

« Le coup de grâce a été donné par Engie qui nous a demandé une facture de 13 000 euros », se souvient Vincent Philippot, qui avait présenté son concept de restauration vegan à Ixelles en février. “Je ne savais pas comment j’allais pouvoir rembourser cette somme alors que je travaillais dur depuis un peu plus d’un an. Je ne voyais plus mes amis, je n’avais plus de temps pour ma famille, je n’avais plus de vie sociale. Le coût des matières premières avait grimpé en flèche, les clients étaient de plus en plus fauchés… ce n’était pas viable.

J’essaie de me payer 1 000 euros par mois, mais cela fait 5 mois que je ne me suis pas payé.»

Même sentiment d’anéantissement chez Inès, cette mère de famille qui se bat pour maintenir en vie son établissement Luka, à Ixelles. “Nous avons une charge de travail énorme, nous aimerions pouvoir embaucher quelqu’un pour nous aider mais ce n’est pas possible car nous ne savons pas comment nous payer. J’essaie de me payer 1 000 euros par mois mais cela fait cinq mois que je ne me suis pas payé. Le coût des matières premières ne cesse d’augmenter, nous avons de moins en moins de marges sur ce que nous vendons, l’électricité est cinq fois plus chère qu’avant, le gaz aussi… Comme on ne peut engager personne, il faut se lever très tôt pour que le client puisse obtenir leur produit à temps. Je me lève à 4h30 et m’arrête généralement vers 17h-18h. C’est tout simplement l’horreur.

En Wallonie, en Flandre, à Bruxelles, partout, le désespoir est le même. Les présidents des fédérations régionales de l’hôtellerie et de la restauration dénoncent d’une seule voix cette situation qui s’aggrave de semaine en semaine. “Le premier problème concerne toutes les charges que nous subissons. Les restaurateurs n’ont plus de trésorerie. » déplore Mathieu Léonard, président de la fédération bruxelloise. “Les patrons travaillent presque gratuitement. Où est la dignité ? On frise la maladie mentale chez les dirigeants des petits établissements. Certains se demandent si ça vaut encore la peine de se lever.»

Les fédérations se sont adressées à plusieurs reprises au monde politique. Le secteur réclame la possibilité d’adopter des mesures vertueuses, comme l’augmentation des heures exonérées d’impôt ou l’allongement des horaires des étudiants. Mais après de nombreux appels à l’aide, le secteur de la restauration a le sentiment de ne pas être entendu. Pire encore, il a toujours l’impression d’être trompé.

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« Les entreprises qui échouent sont celles qui respectent les règles. Le seul progrès a été l’extension des emplois flexibles à d’autres secteurs, mais la restauration est pénalisée. Le gouvernement interdit à un employeur qui possède plusieurs entreprises hôtelières d’exercer ces flexi-jobs au sein de son propre groupe.»

Dans ces conditions, Mathieu Léonard craint que le milieu de gamme finisse par disparaître. En fin de compte, si rien n’est fait, il ne pourrait y avoir que «les fast-foods et les chaînes de cafés low-cost ou les épiceries fines accessibles uniquement aux plus riches.La restauration artisanale, celle qui fait des produits locaux, bio ou de saison, celle qui propose de bons plats, celle qui respecte des plages horaires décentes pour ses salariés, tout cela va disparaître. Si une nouvelle crise, comme celle du Covid ou la guerre en Ukraine, survenait, ce serait le coup fatal.»

 
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