Par Éditorial Paris
Publié le
14 avril 24 à 6h34
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« Quand nous avons vu le classement, nous avons été surpris, mais très fiers. » Le mois dernier, selon le site Temps mortrue de Belleville, à cheval sur les 19e et 20e arrondissements de Paris, a été classée 20ème parmi les rues les plus cool du monde.
Un ballet incessant de camions
En arrivant par le bas de la rue de Belleville (via la station de métro Belleville), il ne faut pas avoir peur l’importante et longue montée qui mène plus de deux kilomètres plus loin jusqu’à la Porte des Lilas. Ni par le ballet incessant des bus (surtout avec l’interruption partielle de la ligne 11) ou des camions qui viennent approvisionner les nombreux restaurants situés en bas de la rue.
Après une première montée courte mais raide, touristes et passants peuvent apercevoir la Tour Eiffel au (très) loin. Ce spot qui offre une vue imprenable sur la Dame de Fer est prisé des photographes. Mais pour avoir sa photo souvenir, il faut être patient et se méfier des voitures qui arrivent de toutes parts, car le lieu est situé au carrefour de la rue de Belleville et de la rue des Pyrénées. Et il est difficile de profiter des trottoirs, car ils sont bondés.
” C’est un des gros problèmes ici, juge Oussama qui travaille dans une boucherie. Les trottoirs sont très étroits et vite remplis de ceux qui font leurs courses, de passants ou de travailleurs. »
« Une sorte de petit village à Paris »
« C’est vrai qu’il y a beaucoup de trafic. Mais c’est souvent comme ça le matin avec les restaurants. L’après-midi, c’est toujours plus calme», raconte Mélanie, commerçante et habitante du quartier depuis toujours.
Pour poursuivre cette découverte, Mélanie nous conseille de nous rendre sur le parvis de l’église Saint-Jean Baptiste à Belleville. « C’est là que tu vas. redécouvrez l’esprit du village de la rue de Belleville où tout le monde se connaît et s’apprécie. Sur la place, les plus chanceux profitent des rayons du soleil et de la température agréable pour prendre un café et lire le journal en terrasse. « Le charme ici, c’est ce côté animé et commerçant de cette rue », explique Cristobal.
En fait, de de nombreux commerces alimentaires et petits producteurs sont présents et permettent aux résidents d’avoir tout à portée de main. Les bars et restaurants sont également légion, avec notamment une grande diversité de cuisine aux multiples saveurs. «C’est comme la rue», explique Mélanie, soulignant le le côté multiculturel du quartier.
Entre le Jourdain et les Pyrénées, c’est vraiment un petit village. C’est un mélange de plusieurs types de personnes qui vivent en harmonie les unes avec les autres. Cette rue est typiquement parisienne, mais avec un côté populaire.
Pour sortir de ce côté animé, les habitants profitent généralement de leur cour intérieure qui offre un véritable havre de paix. «Pendant le confinement, nous étions à l’aise ici», se souvient Katty, qui habite rue de Belleville depuis plus de 15 ans.
Une rue devenue « alcoolisée »
Contrairement à son mari, Cristobal, Clarence a une vision plus nuancée et critique de cette rue qu’elle fréquente depuis 53 ans. «Ces dernières années, c’est devenu très compliqué. L’ambiance et la mentalité ont changé“, elle explique. Une version partagée en partie par Katty. « Avec le départ de plusieurs personnes, on a vu arriver ici un public plus jeune et ça a un peu changé. Par exemple, nous prenons moins de repas entre voisins. »
A l’annonce du classement, les réactions ont été virulentes sur les réseaux sociaux. “Pas très cool, sauf entre les Pyrénées et Jourdain”, “trop de voitures, ça gâche le charme”, ou encore de nombreux commentaires sur saleté de la rue sont visibles.
La peur de devenir un « petit Montmartre »
Cette soudaine notoriété n’a pour l’instant aucune répercussion sur le marché immobilier, selon Romain Glomot, négociateur immobilier au sein du cabinet Arcourt Breuval. ” La demande est forte, mais comme dans tout Paris. Les emplacements populaires se situent autour des stations de métro Pyrénées et Jourdain. Ils sont situés à proximité des parcs des Buttes-Chaumont ou de Belleville. »
Dans cette zone, le prix au m2 est estimé en moyenne à 8 500 eurosselon l’expert immobilier et peut descendre jusqu’à environ 7 500 euros aux deux extrémités de la rue. Des chiffres qui restent inférieurs au marché parisien. Selon une dernière estimation, le prix moyen au m2 est de 9 500 euros.
Si Romain Glomot se montre optimiste quant à l’avenir du quartier, les habitants craignent de devenir une sorte de « petit Montmartre ». Katty, pour sa part, constate que désormais « deux à trois Airbnb » sont disponibles dans sa résidence, « une chose qui n’existait pas auparavant ». Une prolifération qui inquiète les riverains qui souhaitent plus que tout conserver « la convivialité de leur rue ».
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