Un jeune franco-britannique réalise un court métrage dans les Landes et espère percer à Hollywood

Qorsque l’on parle du septième art avec Samuel Jean Butler, le jeune homme de 22 ans se lance dans les grands films qui ont marqué l’histoire du cinéma. Mais quand ce cinéphile amoureux de la Nouvelle Vague en parle, c’est pour mieux les décortiquer. « Pourquoi a-t-il fait ce choix de plan ? Pourquoi ce mouvement de caméra ? Je ne regarde jamais de films en simple spectateur. J’aime comprendre et apprendre. Pour moi, chaque mouvement doit provoquer une émotion. »

Originaire des Landes par sa mère originaire de Pouydesseaux, ce Franco-Britannique a décidé d’appliquer ces préceptes à son premier court métrage, dont il terminera le tournage au printemps. « J’ai essayé d’étudier à l’université de Brighton, mais le niveau ne me convenait pas », raconte cet autodidacte également passionné de photographie.

Ce film d’une vingtaine de minutes raconte une histoire d’amour entre un couple de personnes âgées « à travers toutes les petites choses du quotidien, un geste, une attention ». Avec deux comédiens en herbe, Marie Lauqué et Albert Crabos, respectivement âgés de 79 et 81 ans, qui habitent tous deux dans ce petit village de l’agglomération montoise. Et c’est le premier film.

La question de l’intimité

« Samuel Jean était très professionnel. Il a su trouver les bons mots pour parvenir aux bonnes attitudes », salue Marie Lauqué. L’ancienne enseignante, qui s’est toujours intéressée au cinéma – elle dirigeait un ciné-club lorsqu’elle était à l’École Normale – n’imaginait pas passer un jour devant une caméra. « D’autant qu’au départ, elle pensait que ça allait être un documentaire. Elle était paniquée car je ne lui demandais pas de jouer son rôle, mais un autre”, ajoute le réalisateur. Une difficulté pour la jeune comédienne de 79 ans : « C’est difficile pour moi de révéler l’intime, ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes. Mais pour que cela soit vrai, il faut faire tomber les barrières. »


Première expérience cinématographique pour les deux comédiens en herbe : « Il m’est difficile de dévoiler l’intime », confie Marie Lauqué.

Images du film / Samuel Jean Butler

Lâcher prise a également été difficile pour le deuxième acteur, Albert Crabos. « On a beaucoup discuté car c’est un homme de sa génération et il a fallu faire craquer un peu l’armure. Je sais aussi qu’il travaillait beaucoup seul, répétant et répétant encore. Une fois devant la caméra, tout s’est bien passé », se souvient Samuel Jean Butler qui a mis beaucoup de travail et d’exigence sur ce film.

«Je voulais des moments de magie, j’ai dû attendre et refaire certaines prises pour obtenir exactement ce que je voulais. Comme ce sont deux acteurs débutants, ils ont une part d’innocence. La vérité sur les deux personnages qu’ils incarnent est apparue beaucoup plus rapidement. »

Les festivals dans le viseur

C’est dans le village de Pouydesseaux, au nord de Mont-de-Marsan, que le jeune Franco-Britannique a posé ses caméras. Un choix évident puisque c’est qu’il passait ses vacances. « Les Landes, c’est le choix du cœur. L’Angleterre, c’est du bruit. Ici c’est calme. La vie n’est pas plus lente qu’ailleurs, elle est simplement plus calme. Et puis, pour mon court-métrage, j’avais besoin d’espace. »

« Les Landes, c’est le choix du cœur. La vie n’est pas plus lente qu’ailleurs, elle est simplement plus calme”

Quant aux acteurs, le choix était également simple. « J’avais besoin de gens disponibles, qui soient à la retraite, puisque j’ai tourné le film sur plusieurs saisons. Marie et Albert devaient pouvoir me suivre à tout moment. Et je ne pouvais pas embaucher d’acteurs professionnels parce que je n’aurais pas pu les payer. »

Pour ce film, le jeune homme a investi ses économies dans l’achat de matériel de haute qualité. « Un appareil photo Sony FX3. Nous l’utilisons pour le cinéma, mais aussi pour des plateformes comme Netflix”, souligne-t-il, tout en faisant un parallèle avec l’actrice britannique Judi Dench. « Elle a quelque chose de spécial. Je voulais redécouvrir cela et je n’ai pu le faire qu’avec une personne âgée car elle a vécu les choses de la vie. »


L’intimité dans les gestes du quotidien. C’est le principe directeur du premier court métrage de Samuel Jean Butler, « Bonne nuit chérie ».

Images du film / Samuel Jean Butler

Car à 22 ans, le réalisateur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Une fois terminé, Samuel Jean Butler présentera son court métrage dans plusieurs festivals (1). Pour vous faire connaître, être reconnu dans le secteur et, pourquoi pas, remporter des prix. « Mon objectif est de le présenter dans la catégorie films étrangers dans les festivals français et internationaux, qualificatifs aux Oscars, à Sundance par exemple, mais aussi en , à La Rochelle ou Clermont-Ferrand. Je vise également le festival de Toronto et Rain Dance à Londres. Je veux percer, c’est mon rêve. Et je pense que c’est possible. »

La question du temps

En attendant les tapis rouges, Samuel Jean Butler peaufine les dernières scènes qui seront tournées au printemps, dans quelques semaines. L’assemblée suivra. Une opération qui prend du temps.

Le temps rythme en effet toute l’histoire de son court métrage. Qu’est-ce qui fait qu’un jeune homme de 22 ans est déjà capable de réfléchir sur le temps qui passe ? « La vie est longue, mais il faut savoir utiliser au mieux son temps. C’est précieux, et il y a des moments à saisir. Ceux qui ont vu les premières images de mon film, petits et grands, sont sensibles à cette dimension. »


Albert Crabos, ancien commerçant, joue pour la première fois dans un film. “Il a dû fendre l’armure”, explique le réalisateur.

Images du film / Samuel Jean Butler

Dans un choix fort, le Franco-Britannique a imposé le noir et blanc pour son court-métrage. « La couleur peut être distrayante. Pour cette histoire, pour souligner l’intimité de ce couple, le noir et blanc était nécessaire. Notamment pour capturer des visages, des lumières… »

Doté d’une tête bien bâtie, Samuel Jean Butler voit loin. Et imaginez déjà son prochain shooting. « Un long métrage. Dans un style complètement différent de celui-ci. Ce serait un thriller que je tournerais en Angleterre. J’ai déjà écrit le scénario… mais d’abord, après la saison des festivals, j’aimerais retourner dans les Landes et pouvoir présenter mon film au public. » Rendez-vous pris.

(1) En Angleterre, Samuel Jean Butler a déjà réalisé un court métrage expérimental de deux minutes primé au Festival de Paris.

À propos de « Bonne nuit chérie »

Le film devrait durer entre 15 et 20 minutes. « C’est assez rare de voir un court-métrage tourné sur une année entière. Je veux qu’on comprenne que ce n’est pas un film de fin d’études mais un vrai film. » A travers cette production, Samuel Jean Butler espère toucher le cœur du public. « C’est un film qui ramène à la vraie vie. Certains des gens qui ont vu les premières images ont été touchés car ils n’avaient pas forcément ce qu’ils voyaient à l’écran : l’amour dans les petits gestes du quotidien.

 
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