Robert-Michon porte-drapeau de la France, une évidence ? Les secrets du lanceur de disque

Robert-Michon porte-drapeau de la France, une évidence ? Les secrets du lanceur de disque
Descriptive text here

Mélina Robert-Michon fait partie des favorites pour l’élection du porte-drapeau de la France aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Comme elle le confie à RMC Sport, la lanceuse de disque veut montrer que tous les parcours sont possibles dans le sport, afin d’inspirer les générations futures.

C’est un symbole de persévérance et de longévité. Mélina Robert-Michon a tout vécu dans sa carrière, depuis les débuts timides aux Jeux olympiques de Sydney 2000 jusqu’à la médaille d’argent à Rio 2016, en passant par la dépression de Tokyo 2021. À presque 45 ans, la lanceuse de disque est pourtant en pleine forme. une période exceptionnelle, tout sourire à l’annonce de ses objectifs de médailles pour les Jeux de Paris, et surtout de sa volonté d’être porte-drapeau de la délégation française le 26 juillet sur la Seine. Robert-Michon, figure maternelle et protectrice de l’équipe de France d’athlétisme, veut montrer que tous les chemins sont possibles dans le sport, afin d’inspirer les générations futures. Son palmarès et son capital de sympathie en font l’une des principales favorites à l’élection de porte-drapeau.

Mélina, tu disais avant les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 : ‘Je n’ai jamais osé rêver des Jeux quand j’étais petite depuis ma campagne iséroise.’ Vous vous préparez à participer à vos 7èmes Jeux Olympiques et nous parlons de vous comme d’un potentiel porte-drapeau. Réalises-tu?

Non, je ne réalise pas. Et quand je repense à la jeune fille que j’étais à Sydney en 2000, je ne pensais même pas que j’y serais encore six éditions plus tard et que j’aurais vécu tout ce que j’ai pu vivre. Mais c’est ce qui est sympa et c’est pour ça que je ne m’ennuie pas et que je continue. Tout est imprévisible, c’est la beauté du sport.

L’un de vos meilleurs souvenirs olympiques est votre première cérémonie d’ouverture à Sydney. Imaginez-vous diriger la délégation française cet été, qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est fou quand je repense à cette première participation… Quand je suis entré dans le stade, j’étais perdu. Les gens qui m’avaient vu à la télévision m’ont dit que je ne savais même pas où chercher tellement j’étais impressionné. Dire que j’aurais peut-être la chance d’emmener tous ces athlètes, des plus jeunes arrivants jusqu’aux plus expérimentés, c’est fantastique. Vivre cela en France, à Paris, je n’ai même pas de mots pour le décrire en fait.

“Je préfère ne pas m’énerver, c’est quand même une élection”

La boucle serait-elle enfin bouclée ? Ou n’excluez-vous pas la cérémonie d’ouverture de Los Angeles 2028 ?

Cela me semble dur mais à chaque fois je dis ça… (sourire) Mes « premiers » derniers Jeux, c’était en 2012.. Je ne dis plus rien mais j’apprécie, je le vis à fond et on verra mais ça semble compliqué.

Il n’y a pas eu de porte-drapeau de l’athlétisme depuis 1996. Avec votre palmarès, la sympathie capitale que vous dégagez, vos deux enfants, tous les voyants sont au vert pour que vous soyez élu porte-drapeau, non ?

Je préfère ne pas m’enflammer. Mais en tout cas, je fais partie des potentielles, mais chez les femmes il y en a plusieurs. C’est ce qui fait la force de la France. Il existe des athlètes féminines puissantes, motivées et inspirantes, la liste est longue. Après, me dire qu’aucun athlète d’athlétisme depuis Marie-Josée Perec n’en a été porte-drapeau, c’est fort. C’est véritablement le monument de l’athlétisme français et même du sport français.

Etes-vous inquiet du format du vote (tous les athlètes français qualifiés voteront) ? Par exemple en 2021, Renaud Lavillenie était favori et il a perdu face au gymnaste le moins attendu Samir Aït-Saïd…

Cela reste une élection donc chacun a ses propres critères. Pour certains, ce qui compte sera le voyage, pour d’autres, la médaille ou l’inspiration. C’est imprévisible et je ne peux pas planifier à l’avance puisque je ne sais pas ce que les athlètes vont choisir. J’espère qu’ils me choisiront mais il n’y a pas de mauvais choix. On ne peut pas le savoir, et d’ailleurs on connaîtra le résultat assez tard dans la saison. Quoi qu’il en soit, cela ne m’empêche pas de me préparer et d’être prêt si les athlètes le décident. J’en serai ravi, honoré mais voilà, c’est une élection et on n’en connaît pas l’issue.

Si vous n’êtes pas élu, sera-ce une déception, une anecdote ou un cauchemar ?

Ce sera évidemment une déception. Je ne vais pas agir comme si je m’en fichais. Si je dis que je serais fier et honoré, c’est parce que c’est important donc il y aura des déceptions. Cela ne veut pas dire qu’il y aura de la concurrence derrière et que je devrais être fort.

Qu’est-ce qui a changé depuis Tokyo 2021 ? Vous étiez déjà candidat à la Fédération française d’athlétisme mais on n’a pratiquement pas parlé de vous. Peut-être proclamez-vous ce désir plus fort dans les médias en 2024 ?

C’est moi et je ne veux être personne d’autre. J’espère que c’est ce qui plaira aux athlètes. J’ai mon voyage. Je veux aussi montrer qu’il y a plein de parcours différents, le mien est atypique, il peut inspirer d’autres sportifs. Je ne changerais pas qui je suis et je pense qu’il est important que les athlètes votent pour ce que je représente. J’ai toujours travaillé comme ça, s’il n’y a pas de lumière ce n’est pas grave mais ça ne m’empêche pas d’avancer.

Essayez-vous de vous vendre aux athlètes, comme une sorte de campagne politique ?

Non, le but est d’en discuter et d’en parler pour que les sportifs fassent un choix éclairé. Qu’ils se disent « je veux voter pour elle parce que je la connais » ou « je ne veux pas à cause de son parcours ». Mais quand on ne sait pas, on ne peut pas avoir d’opinion. Voilà donc ce que je suis, le choix vous appartient.

« Si je peux aider, ce sera avec plaisir, même si je ne suis pas le porte-drapeau »

Quel porte-étendard seriez-vous ? Un protecteur, à l’image de votre rôle au sein de l’équipe de France d’athlétisme ?

Mon expérience me sera utile et je souhaite la partager. J’en fais déjà beaucoup car le sport pour moi c’est du partage, des échanges, apprendre les uns des autres. Il y aura un petit côté maman, voulant que tout le monde réussisse. J’ai vécu un peu toutes les situations. D’abord, arriver très jeune, pas forcément préparé à tout ça. Ensuite j’ai été favori, j’ai connu des joies et des déceptions. Si je peux aider, tant mieux. J’aurais aimé avoir cette opportunité d’échanger et d’aller voir quelqu’un qui me comprend. Si j’y parviens, ce sera avec plaisir, même si je n’en suis pas le porte-drapeau.

Avez-vous été impressionné par un porte-étendard en particulier dans une édition précédente ?

Je n’ai pas toujours eu de discussions avec les porte-drapeaux car les athlétisme arrivent la deuxième semaine et certains étaient déjà partis. Mais c’est une fierté d’être représenté par un athlète, j’en ai connu quelques-uns. Je me souviens de Tony Estanguet à Pékin 2008, je le vois encore avec cette fierté, cette émotion sur le visage, c’était fort.

Une cérémonie d’ouverture sur la Seine, à l’extérieur du stade, est-ce que ça rend l’émotion encore plus forte ?

Ce sera différent, quelque chose que je ne sais pas. J’ai toujours connu le tour d’honneur dans le stade mais j’ai hâte de voir ce que ça peut donner dans ce format.

Pour être porte-drapeau, il faut évidemment être qualifié pour les Jeux. Vous n’avez pas encore atteint les minima (64m50) mais vous êtes 10ème au classement mondial du disque. Sauf catastrophe, vous serez au Stade de France…

C’était une stratégie de qualification depuis la saison dernière. Je n’avais pas fait les minima pour les Mondiaux 2023 de Budapest. Donc en fin de saison, je fais les rencontres dont j’ai besoin pour marquer des points. Et c’est un matelas de sécurité. L’objectif est d’atteindre le minimum mais on ne sait pas ce qui pourrait arriver. Grâce à ce classement solide, nous pouvons choisir les compétitions que nous souhaitons préparer jusqu’à Paris 2024. Cela évite de gros déplacements et décalages horaires. Il faut être prêt le jour des Jeux. Comme ce fut le cas à Rio en 2016. Être fort avant les Jeux, je m’en fiche. Je veux jouer le jour des Jeux.

62m48, c’est votre meilleur lancer de la saison en ce moment. Comment jugez-vous votre début de saison ?

Pas forcément assez car on vise toujours plus. C’est quand même intéressant car c’était en Coupe d’Europe et j’ai fini 3ème. Le déroulement de la compétition aussi. Je repasse 4ème avant mon dernier essai et j’arrive à remonter le curseur pour reprendre ma place. J’ai une compétition très régulière, avec trois ou quatre lancers au dessus de 62m. J’ai une base solide qui est posée. Quand c’est régulier, normalement il y a une performance de pointe qui sort, la frustration est là dans cette Coupe d’Europe parce que ça ne s’est pas produit.

La bonne nouvelle aussi, c’est que vous avez changé d’entraîneur après Tokyo 2021 (Serge Debié a pris sa retraite, et Loïc Fournet, le mari de Mélina, lui a succédé) et vos performances n’ont pas décliné…

Au contraire, j’ai construit ces trois années pour atteindre le haut niveau à Paris. Nous avons augmenté le curseur la saison dernière, qui était très régulière. En termes de moyenne de lancers, c’était ma meilleure saison, on a fait les statistiques. Il a encore raté cette performance de pointe. Il faut encore accroître cette régularité et rechercher cette pointe de performance à Paris.

Battre votre record de France (66m73), qui date de 2016, est-ce crédible ?

J’y crois sinon j’aurais arrêté. Le but n’est pas d’aller participer aux Jeux… c’est sympa mais je sais. La meilleure partie est la performance. Et je me sens compétitif. Si je ne m’arrête pas, ce n’est pas parce que je ne sais pas quoi faire ensuite. J’ai du plaisir à faire ce que je fais. Compte tenu de ce que je fais à l’entraînement, je sais que je peux le faire. C’est pourquoi je m’entraîne dur. Après, est-ce que j’aurais une médaille ? Je ne sais pas, c’est toujours du sport. Je fais tout ce qu’il faut. Je veux battre mon record. Cela semble compliqué mais je sais que c’est possible.

Les deux derniers podiums mondiaux, à Eugène et Budapest, se sont joués au-dessus de 68m20. C’est quand même un cran au dessus…

Je sais qu’avec 66 m je n’aurais pas de médaille. C’est pour ça que je veux battre mon record, avec 68 ou 69 m pour monter sur le podium.

« Paris ne sera pas mon dernier championnat »

Imaginons que vous battiez votre record de France, cela vous donnerait-il envie d’aller jusqu’à Los Angeles en 2028 ?

Honnêtement ça me paraît compliqué mais de toute façon, Paris ne sera pas mon dernier championnat car je ferai la saison 2025. J’ai envie de retourner aux Mondiaux de Tokyo pour voir ce stade olympique avec du public contrairement à 2021, où ce stade vide me séduit. avait marqué. Et je ne voulais pas non plus que le soir de Paris 2024, tout s’arrête d’un coup et que les lumières s’éteignent. Je veux toujours en profiter. Ce qui m’a permis de durer, c’est de ne pas viser trop loin.

“Je pense que cette équipe de France d’athlétisme a un potentiel (de médaille)”

Que pensez-vous de l’équipe de France d’athlétisme ? Avec une seule médaille aux Mondiaux l’été dernier, Kevin Mayer ne s’est toujours pas qualifié… Pour l’instant, les voyants ne sont pas au vert…

Je pense toujours que nous avons du potentiel. Sur 800m, Tual, Robert ou Meziane, sur les trois un sortira. Hilary Kpatcha en détail. Je n’ai pas vu Kevin Mayer depuis un moment mais je ne m’inquiète pas pour lui. Thibault Collet au saut à la perche a montré qu’il avait le niveau pour le podium. L’athlète a de belles chances mais ce n’est rien, c’est la chose la plus cruelle au monde. C’est le jeu. Voyons comment cela va se passer.

Propos recueillis par Aurélien Tiercin

Meilleurs articles

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un lécheur de parquet en série inquiète les commerçants parisiens
NEXT La Ville de Genève présente son schéma directeur communal 2040