Située à l’extrême sud du Sahara marocain, Lagouira regorge de potentiel mais est paradoxalement restée une ville fantôme depuis une quarantaine d’années. Une situation vouée à changer.
« De Tanger à Lagouira ». C’est le slogan que des générations de Marocains apprennent à cœur et scandent presque naturellement pour exprimer leur attachement à l’intégrité territoriale du pays. Cependant, l’expression ne reflète pas pleinement la réalité, du moins sur le terrain, alors que le statut de Lagouira reste encore dans une zone floue, près d’un demi-siècle après que le Maroc ait récupéré ses territoires sahariens suite à la Marche verte.
Située à l’extrême sud du Maroc sur la rive ouest du Cap Blanc, la ville dépend administrativement de la province d’Ousred dans la région marocaine de Dakhla Oued-Eddahab, mais est actuellement sous le contrôle de la Mauritanie voisine qui y déploie des éléments de son armée. . Une faveur accordée par Rabat pour permettre aux autorités mauritaniennes de sécuriser cette zone située à seulement 15 km de la ville de Nouadhibou, cœur économique du voisin du sud.
Des paysages sublimes
Mais depuis qu’il a repris le contrôle, en novembre 2020, de la zone d’El Guerguerat, expulsant au passage définitivement les éléments du Polisario, et depuis qu’il a obtenu la reconnaissance par plusieurs pays, dont les États-Unis, de sa souveraineté sur le Sahara, le Maroc semble destiné à se tourner vers le Sahara. à Lagouira pour lui redonner son lustre d’antan dans le cadre de son projet de développement de l’ensemble de la région.
Il faut rappeler que dans les années 1960 et 1970, cette ville au climat tempéré tout au long de l’année, aux paysages sublimes entre mer et désert, et aux eaux poissonneuses, abritait un port de commerce et de pêche très actif avant de devenir une ville fantôme car de la guerre du Sahara. Le potentiel est donc là et ne demande qu’à être exploité.
En Mauritanie, certaines voix craignent qu’une reprise de l’activité humaine et surtout économique dans la région ne transforme Lagouira en concurrente de la voisine Nouadhibou, première ville économique du pays, entraînant l’étouffement, voire la disparition de cette dernière. Un avis qui ne fait pas forcément l’unanimité dans le pays. « Lagouira n’est plus mauritanienne depuis que la Mauritanie l’a cédée en 1979. Si les Marocains le veulent, cela ne nous regarde pas.
Surveiller les terres des autres n’est pas notre mission. Si les Marocains lui redonnent vie, cela nous bénéficiera économiquement », déclarait en août 2022 l’ancien ministre mauritanien de l’Information Mohamed Moine sur son compte Facebook.
Quoi qu’il en soit, la revalorisation de Lagouira semble de plus en plus inévitable alors que le roi Mohammed VI a annoncé, en novembre 2023, une stratégie atlantique visant à faire du Maroc le principal acteur africain sur l’Atlantique, avec à la clé des projets d’infrastructures de grande envergure, comme comme le port de Dakhla en construction, mais aussi aux énergies renouvelables, au dessalement de l’eau et à l’exploitation des richesses offshore de la région, tout en ouvrant un accès outre-Atlantique aux États enclavés du Sahel.
