Abandonner progressivement le gaz à moindre coût

Abandonner progressivement le gaz à moindre coût
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Le gouvernement du Québec a récemment adopté le projet de loi 41 sur la décarbonation des bâtiments et les initiatives de réglementation municipale, et plusieurs d’entre nous (membres de la coalition Sortons le gaz) ont exprimé notre déception.⁠1 concernant les aspects cruciaux de cette décision.


Publié à 1h20

Mis à jour à 13h00

Jean-Pierre Finet

Regroupement des organismes environnementaux de l’énergie (ROEE)

Nous ne sommes toutefois pas « interloqués », comme l’indique M. Francis Vailles dans sa chronique⁠2 sur le sujet, mais plutôt préoccupé par des articles de loi qui sont contradictoires et freinent les actions de plus en plus de communes qui veulent agir sur la décarbonation des bâtiments.

D’entrée de jeu, soulignons que personne parmi nous ne préconise une sortie complète du gaz du jour au lendemain au Québec.

Nous proposons plutôt de cesser d’ajouter des appareils à gaz, de ne pas remplacer les appareils existants qui ont atteint la fin de leur durée de vie et d’installer rapidement des pompes à chaleur pour que les bâtiments existants qui se chauffent au gaz passent à la biénergie. électricité-gaz.

Or, à nos yeux, le gouvernement Legault a adopté le projet de loi 41 en réaction à un mouvement important des municipalités qui ont décidé d’interdire le gaz dans les nouveaux bâtiments.

Le défi ? Beaucoup de gens confondent la véritable pointe du réseau d’Hydro-Québec (qui est d’une centaine d’heures par hiver) avec le tarif DT du chauffage biénergie électricité-gaz, qui prévoit plutôt une réduction de la consommation électrique. pour le chauffage, conduisant à l’utilisation de gaz polluants pendant 573 heures par an en moyenne, et c’est complètement inutile la moitié du temps⁠3.

Or, année après année, le chauffage au gaz représente 9 % des nouvelles constructions au Québec. Cela signifie donc que 91 % de toutes les nouvelles constructions chauffées par des plinthes électriques entraîneront une demande importante en énergie électrique et donc des coûts d’énergie supplémentaires de plusieurs centaines de dollars par année pour Hydro-Québec, pour chaque construction.

Astuce de déplacement

Il existe cependant des technologies de chauffage électrique qui permettent de déplacer efficacement la pointe dans le temps. Dans le secteur résidentiel, de tels systèmes sont également subventionnés par Hydro-Québec dans les nouvelles constructions, grâce au nouveau programme LogisVert. Pour les bâtiments de plus grande taille, Hydro-Québec a développé le ThermÉlect hydronique.

Ce type de chauffage électrique est présent depuis peu dans des centaines d’immeubles résidentiels au Québec. Pour les maisons neuves, une étude Écohabitation⁠4 a démontré qu’il est beaucoup moins coûteux de se chauffer avec un accumulateur de chaleur et une pompe à chaleur qu’avec un système bi-énergie au gaz naturel. Et c’est encore moins cher depuis qu’Énergir a décidé d’exiger que tous les nouveaux branchements consomment du gaz issu de sources renouvelables (GSR), ce qui coûte aujourd’hui huit fois plus cher au client que le gaz naturel fossile.

Ce type de système avec stockage de chaleur et 100 % électrique est également présent dans de nombreux bâtiments institutionnels et commerciaux.

Par exemple, il a remplacé le gaz, au début des années 2000, dans l’édifice Price à Québec, qui abrite entre autres les appartements officiels du premier ministre du Québec.

Les coûts de l’énergie ne peuvent donc justifier le maintien du gaz lorsque l’option de déplacement de charge électrique existe et est déjà utilisée. De plus, le coût par tonne de GES calculé dans l’article pour la biénergie électricité-gaz ne tient pas compte de la compensation des pertes de revenus d’Énergir par les clients d’Hydro-Québec, qui coûtera 2,4 milliards de dollars. d’ici 2050⁠5que nous estimons à 180 $ la tonne.

Enfin, si le gaz issu de sources renouvelables (GSR) peut jouer temporairement un rôle dans la décarbonation des systèmes de chauffage existants, sa rareté et son coût élevé conduisent la communauté scientifique à recommander qu’il soit utilisé en priorité pour des usages industriels difficiles à électrifier. Par ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie recommande de ne plus renouveler les équipements de chauffage au gaz à partir de 2025.

En adoptant le projet de loi 41 sur la décarbonation des bâtiments, le gouvernement souhaite sauver l’investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Énergir et pérenniser les extensions du réseau gazier au risque d’avoir des actifs bloqués (investissement qui perd de sa valeur en raison à l’impact des changements liés à la transition énergétique) d’ici 2050.

La logique des écologistes est raisonnée et pragmatique : il faut plutôt intensifier la décarbonation des bâtiments et réserver les GSR à des usages limités aux industries qui ne peuvent pas être électrifiées.

Cosignataires : Pascal Bergeron, Environnement Vert Plus; Philippe Duhamel, coordonnateur général, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ); Éric Pineault, président du comité scientifique de l’Institut des sciences de l’environnement, UQAM; Arnaud Theurillat-Cloutier, Travailleurs pour la justice climatique (TJC) ; Stéphanie Harnois, Fondation David Suzuki; Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada ; Anne-Céline Guyon, analyste climat-énergie, Nature Québec; Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME); Jean-François Lefebvre, Imagine Lachine-Est; membres de Pour nos enfants Montréal

1. Lisez « Adoption du projet de loi no 41 : une loi prometteuse gâchée par les contraintes ministérielles »

2. Lisez « Abandonner l’essence trop rapidement coûterait une fortune »

3. Consultez un mémoire de l’AHQ-ARQ

4. Consultez l’étude Écohabitation

5. Lire « Entente avec Énergir – La facture atteindrait 2,4 milliards pour Hydro-Québec »

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