Cela ne veut pas dire qu’un débat sur la neutralité soit inutile. C’est aussi le mérite de l’initiative de l’UDC de s’interroger sur son rôle d’instrument opportuniste de notre politique de sécurité ou d’axiome identitaire de la Suisse depuis le XIXe siècle. Les contours d’un débat, en 2022, notamment sous la houlette de Christoph Blocher convoquant plus que jamais les mythes nationaux, ont démontré à quel point cet objet était mal identifié et incompris non seulement à l’étranger, mais en Suisse même. Il y a ce que dit le droit international – qui se résume à la non-participation à un conflit armé – et ce que les hommes politiques suisses en font.
Plus que le déni russe de la neutralité suisse, ce sont les questions européennes sur son utilisation qui devraient préoccuper. L’interdiction de réexportation d’armes suisses au profit d’un Etat attaqué sous prétexte de neutralité a laissé des traces. Cela remet en cause la solidarité suisse envers la sécurité collective du continent. Sommes-nous prêts à rompre avec les fausses équidistances qui nuisent plus à nos intérêts qu’elles ne servent ?
Face aux bétonneurs d’une neutralité alpine ou face à l’arrogance des tenants d’une neutralité messianique, il est temps d’ancrer cet outil dans son siècle et non d’en faire un totem dans un texte fondamental. Ce combat doit encore être mené pour éviter d’enfermer la Suisse dans le passé.
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