Figure emblématique du Val-d’Oise et ancien journaliste, Olivier Sureau est décédé

Figure emblématique du Val-d’Oise et ancien journaliste, Olivier Sureau est décédé
Descriptive text here

Par Rédaction de Pontoise
Publié le

10 avril 24 à 19h26

Voir mon actualité
Suivre La Gazette du Val d’Oise

Capitaine Haddock, sans alcool ni bateau. Souvent grincheux, parfois méfiant, Olivier Sureau ne vous a pas laissé indifférent. Une personnalité “aussi agaçante qu’attachante”, estime Éric Delporte, ancien rédacteur en chef de Val-d’Oise parisien, aux qualités humaines indéniables et toujours fidèle en amitié. La preuve : son implication sans faille au Téléthon. « C’était quelqu’un qui avait le cœur sur la main. Prêt à aider n’importe qui à tout moment », raconte Thierry Raynal, qui a travaillé avec lui au sein du en écrivant la vie quotidienne en Ile-de- depuis plus de quinze ans. «C’était un personnage essentiel. »

Respectueux de la hiérarchie, toujours ponctuel (ndlr : même quelques minutes en avance), au fil des années, il a gagné le respect de ses collègues et de ses interlocuteurs. Ancien journaliste à Val-d’Oise parisien puis indépendant La Gazette du Val-d’Oise et à L’Écho, le Régionalce photographe accompli est décédé vendredi 5 avril, à l’âge de 78 ans, à son domicile d’Osny.

La nuit, le week-end

C’est une superbe page du presse locale valdoise qui se retourne. Ancien pompier volontaire de 1978 à 1996, il s’initie au journalisme à la fin des années 1980, d’abord comme photographe pour la section faits divers. Il a écumé jusqu’à avoir soif les routes valdoises, en semaine, le week-end, souvent la nuit, pour récupérer la fameuse photo qui illustrera l’article relatant un accident, un incendie.

« Les incendies et les accidents auront été mon lot quotidien », confiait-il en janvier 2018 dans les colonnes de La Gazette et de L’écholors de la parution de pages spéciales consacrées aux 50 ans de la naissance du Val-d’Oise.

S’il était aux yeux de la presse locale via son caméra, il était aussi et surtout les oreilles. Vous recherchez des informations, histoire d’être le premier sur les lieux. Connecté aux scans des pompiers (ndlr : il y a aujourd’hui un délai de prescription), il n’hésitait jamais à prendre sa voiture pour prendre « LA » photo, même en pleine nuit. Un « événement catastrophique » l’aura marqué à vie. Crash du Concorde à Gonesse, le 25 juillet 2000.

« J’étais chez moi, c’est par la radio que j’ai été informé de la catastrophe. J’ai pris ma voiture, je suis allé à la rédaction, j’ai emmené un collègue journaliste avec moi et nous nous sommes dirigés vers les lieux. Lorsque nous sommes arrivés sur place, policiers et gendarmes ont bloqué notre accès ; nous n’avons pas pu passer malgré nos cartes de presse. Nous nous sommes garés plus loin puis avons marché vers l’accident. On ne voyait que de la fumée, de très loin, il suffisait de la suivre. »

Olivier Sureau, dit Pimpon

Et d’ajouter : « Quand j’ai découvert la scène, j’ai été dévasté, c’était terrible. Je me suis demandé ce que je pouvais faire. En tant qu’ancien pompier, je voulais aider. Nous avons cherché partout pour voir si nous pouvions aider quelqu’un. Mais au final, je n’ai pas pu faire grand-chose d’autre et de nombreux sauveteurs étaient présents. J’ai oublié mon rôle de journaliste. Je ne voulais pas non plus tomber dans le voyeurisme, ce n’était vraiment pas mon intention.

Crash du Concorde, un souvenir gravé

Si ce souvenir est resté gravé dans la mémoire d’Olivier, son collègue ne l’a pas oublié non plus.

Vidéos : actuellement sur Actu

«J’étais dans la voiture avec lui. J’ai eu la peur de ma vie. Nous zigzaguions entre les voitures à une allure d’enfer. Nous suivions un camion de pompiers pendant qu’Olivier tenait le volant d’une main et un téléphone de l’autre », se souvient Éric Delporte.

« Cela reste un souvenir marquant, je le raconte encore très souvent. En fait, nous étions les premiers arrivés sur les lieux. Nous étions très près du lieu du crash. À tel point que lorsqu’il a voulu partir, la Ford Fiesta rouge d’Olivier se trouvait dans le périmètre de sécurité. Au début, il était impossible de partir. Olivier s’est mis en colère. L’une des plus grosses crises de colère dont j’ai jamais été témoin dans ma vie. Et nous avons pu y aller. »

D’autres événements emblématiques ont marqué la carrière de l’ex-journaliste. Comme le vol de la Caisse d’Epargne des 3-Fontaines à Cergy en 2001. Ce jour-là, Olivier Sureau faisait ses courses dans le centre commercial lorsqu’il fut alerté par un attroupement important de forces de l’ordre. « J’ai vu l’agresseur quitter la banque avec les otages. Je me suis caché et j’ai réussi à prendre des photos avec mon téléobjectif. »

“Entre Tintin et moi, c’est un peu fou

Un appareil photo autour du cou et un pin’s de Tintin, la fusée d’Objectif Lune, accroché à sa boutonnière. Si Olivier Sureau a consacré plus de quarante ans à parcourir le Val-d’Oise en reportage, il a aussi consacré sa vie à son amour pour le raconter en détail. “Avec Tintin, ça va au-delà de la passion, ça veut dire quelque chose !” a-t-il admis en 2015 dans un guide du dessin publié par L’Écho, le Régional.
“Quand on aime, on ne compte pas”
Olivier Sureau faisait partie du cercle fermé de ceux que l’on appelle les Tintinophiles, ces amoureux invétérés du personnage de fiction créé par le dessinateur belge Hergé. Il est tombé dedans quand il avait 12 ou 13 ans. “C’était à la suite d’une pièce de théâtre où on m’avait demandé de jouer avec passion le capitaine Haddock.” Depuis ce jour, Olivier avait consacré sa vie, et une très grande partie de ses économies, à entretenir sa passion. « Et souvent même à la limite du raisonnable. Mais quand on aime, on ne compte pas », a-t-il admis avec un large sourire. Ainsi, sa grande maison ressemblait à un véritable musée, où presque toutes les pièces à vivre étaient submergées d’objets en tout genre.
“Ma collection d’objets va des horloges aux dominos, des petites voitures de série aux pulls, en passant par des pièces beaucoup plus rares, trouvées au fil des années dans les ventes aux enchères, notamment en Belgique.” Ayant acquis 70 modèles réduits de voitures de la fiction, il s’est même vu remettre un certificat des éditions Atlas, qui publient les aventures de Tintin, certifiant son statut de véritable Tintinophile.

Passionné de les collections, Peluches, objets liés aux pompiers et bibelots en tout genre, Olivier n’a pas hésité à inviter ses collègues de service à déjeuner dans son pavillon d’Osny le week-end. « Sa maison était un vrai petit musée. Nous y avons passé de très bons moments », se souvient Thierry Raynal. Malgré tout, le travail n’était jamais loin.

«Je me souviens du scan des pompiers qui crépitait continuellement au fond de la salle», explique Éric Delporte.

À mesure que la profession évolue, cela Tintinophile informé a dû s’adapter et commencer à écrire. « Pas facile, mais il a beaucoup travaillé et n’a jamais abandonné », se souvient Gilles Bornais, ancien rédacteur en chef de Le Val-d’Ois parisiene, entre avril 1996 et janvier 2000.

Rituel

Période durant laquelle le journaliste reconverti en romancier a accompagné son confrère dans cette mutation, qui n’était de toute façon pas naturelle. « Le soir, je prenais le temps de lui expliquer le fonctionnement de la langue française et les techniques de rédaction d’un article », se souvient avec affection Gilles Bornais. Il en a toujours été très reconnaissant.

De là est née une véritable amitié, solide et durable, entre les deux hommes.

« Il m’appelait très régulièrement, me parlait de sa vie, de ses projets. »

Gilles Bornais, ancien rédacteur en chef du Parisien Val-d’Oise

Un rituel s’était même instauré depuis de nombreuses années entre les deux amis. Sortir manger au moins une fois tous les deux mois l’hippopotame de Franconville. “Et je n’avais aucun intérêt à être en retard.” Habitant le sud de Paris, j’avais prévu à l’avance. »

Physiquement diminué depuis une double fracture tibia-péroné contractée il y a environ six ans, qui l’a laissé alité pendant deux mois, Olivier Sureau a tenté de garder le contact avec ses « vieux » amis. A intervalles plus ou moins réguliers.

Olivier Sureau a travaillé plus de 30 ans en tant que pigiste au Parisien Val-d’Oise puis à La Gazette du Val-d’Oise et L’Écho, le Régional (©La Gazette du Val-d’Oise)

«Je lui ai parlé au téléphone en février. Ça semblait aller mieux», souligne Gilles Bornais. Il a même évoqué se rendre chez lui à Barneville-Carteret, dans la Manche. » Même si le décès de sa sœur, survenu fin 2023, l’avait terriblement affecté. »

Grande gentillesse

« Depuis, c’est très dur pour lui, d’autant qu’il avait aussi perdu son frère en septembre », soupire son acolyte de toujours, l’ancien pompier Gérard Bardouil. Les deux hommes s’étaient connus à la fin des années 1970 au Sdis.

« Nous avions monté une mini-presse avec Olivier. Il était également chargé d’organiser de grands événements à célébrer comme la fête de Sainte Barbe. Je me souviens aussi que chaque année, il prévoyait une sortie avec les enfants des pompiers pour voir le dernier dessin animé Disney au cinéma de la préfecture. Olivier était ça, un homme d’une grande gentillesse, serviable, toujours prêt à se mettre en quatre pour aider les autres. »

Gérard Bardouil

Ces mêmes propos reviennent dans les dizaines de messages laissés en hommage sur les réseaux sociaux. Des témoignages soulignent aussi le professionnalisme de ce journaliste de terrain comme on ne le fait plus aujourd’hui.

« Il a attrapé le virus en prenant des photos pour les pompiers lors des interventions. C’est ce qui lui a donné envie de rejoindre Le Parisien », se souvient Gérard Bardouil.

« Je ne sais pas combien d’interventions nous avons fait avec lui, il était là tout le temps. Jour et nuit, dès que nous l’appelions, il venait. C’était toute sa vie. »

Julien DUCOURET et Thomas HOFFMANN

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV A Brest, la « manifestation sauvage » renverse les poubelles et fait courir les policiers
NEXT La citoyenneté canadienne d’une femme révoquée après 32 ans en raison d’une « erreur »