un concert de notes discordantes

un concert de notes discordantes
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Tout ce concert de notes discordantes doit être pris au sérieux.

Les réticences exprimées ces derniers mois par les populations concernées et plus récemment par des universitaires respectés nous ramènent à l’essentiel : il est nécessaire de tenir un débat public sur les questions liées à la production électrique.

Face au constat que l’acceptabilité sociale des projets éoliens est difficile à atteindre et aux doutes soulevés par la brèche qui s’ouvre pour la vente des surplus d’électricité par une entreprise privée, il est nécessaire de mettre les choses au clair et d’apporter une réponse non -cadre partisan pour un tel exercice.

Il n’est pas normal, dans le contexte de l’implantation d’un complexe estimé à 4 milliards de dollars incluant des éoliennes qui doivent produire 800 mégawatts d’électricité et des panneaux solaires qui doivent en fournir 200, de laisser le président et directeur général de TES Canada mettre son des vêtements de voyageur de commerce pour aller vendre son projet dans les villages alentours.

Par ailleurs, cette opération elle-même soulève des questions tout à fait légitimes.

Car au lieu de demander à Hydro-Québec de lui fournir l’énergie nécessaire pour alimenter son usine de production d’hydrogène vert, TES Canada a choisi de s’approvisionner en construisant ses propres parcs éoliens et solaires à proximité. . Hydro-Québec ne fournira que 150 mégawatts pour assurer une certaine stabilité en cas de fluctuations de la production d’énergie éolienne et solaire.

Un tel modèle n’est pas une première. La réglementation autorise les entreprises à produire leur propre électricité – comme le fait Alcan au Saguenay – mais celle-ci doit être fournie par un site de production adjacent aux installations industrielles. Dans le cas de TES Canada, disons que le caractère « adjacent » semble assez large puisque nous prévoyons installer des éoliennes à une quarantaine de kilomètres à la ronde, principalement dans les MRC de Mékinac et de Chenaux.

S’agirait-il d’une brèche dans le monopole de distribution d’électricité dont jouit Hydro-Québec ? La question est valable.

Une autre question que soulève le projet est celle des coûts de production d’électricité et de l’impact de ceux-ci sur la viabilité ou la rentabilité du projet dans son ensemble. C’est là qu’interviennent divers chercheurs et experts. Ils expriment de sérieux doutes sur le montage financier de TES Canada.

La seule façon d’envisager la rentabilité serait de considérer les revenus provenant de la vente du surplus d’électricité. Ou à Hydro-Québec, qui paierait dans un tel cas beaucoup plus cher l’électricité qu’elle achète à TES Canada que celle qu’elle lui vend dans ce bloc de stabilisation de 150 mégawatts à 0,04 $ le kilowattheure. Ou aux commerces voisins, ce qui n’est actuellement pas autorisé par la loi.

Il faut dire « actuellement » car s’il n’en tenait qu’au ministre de l’Économie et de l’Innovation et ministre responsable du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon, cette situation pourrait changer. Il y a quelques mois, Radio-Canada rapportait que le ministre envisageait une modification à la Loi sur la Régie de l’énergie, modification qui pourrait ouvrir la porte à la revente d’électricité à des entreprises privées par une société productrice « voisine ».

Si cela devient une réalité, TES Canada pourrait devenir un acteur majeur de la production d’électricité au Québec, notamment en revendant ses surplus via le programme de gestion de pointe d’Hydro-Québec.

C’est ce que soulignent Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur énergétique de HEC Montréal, et Paul Martin, ingénieur chimiste et cofondateur de l’Hydrogen Science Coalition, dans un document de travail qu’ils ont cosigné. Les chercheurs estiment que cette situation est l’une des zones grises que l’on remarque dans le projet TES Canada.

D’autres experts, comme Pierre-Olivier Pineau de HEC Montréal, se montrent ouverts à un éventuel approvisionnement d’Hydro-Québec auprès d’entreprises privées, principalement en raison de l’ampleur des défis qui attendent l’entreprise d’État au cours des prochaines années.

Quoi qu’il en soit, il y a lieu de débattre de cette question en offrant à la population l’information la plus complète sur les projets en cours et sur les avenues possibles pour répondre aux besoins énergétiques actuels et futurs.

Il y a plus de soixante ans, le Québec faisait un choix de société en nationalisant l’électricité. C’est encore aujourd’hui l’un des atouts majeurs de notre communauté, en plus d’être une bonne affaire pour les Québécois et certainement une Source de fierté.

Le fait d’ouvrir progressivement et subtilement des brèches modifie ce modèle auquel nous avons adhéré en tant que société. La moindre des choses serait que la population puisse s’exprimer.

Pour ce faire, il faudrait d’abord que les procédures soient plus transparentes et que les présentations permettent de voir les véritables intentions des promoteurs. Le gouvernement du Québec et sa société d’État devraient également être impliqués dans ce débat. Il faut que les élus locaux, acteurs clés du processus de communication et de participation citoyenne, disposent de la bonne information et ne soient pas à la solde de promoteurs cupides.

Si, dès le départ, nous avions établi un plan de jeu basé sur la transparence, l’expertise scientifique et la concertation en amont, le niveau de méfiance serait déjà inférieur à celui observé aujourd’hui.

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