Il s’agit du septième procès de ce type organisé en Belgique sous compétence universelle. L’accusé, Emmanuel Nkunduwimye, est poursuivi pour crime de génocide, pour les meurtres d’un nombre non identifié de personnes et pour viol.
Avec notre correspondant à Bruxelles, Laura Broulard
En Belgique, le génocide des Tutsi au Rwanda revient devant la justice, trente ans presque jour pour jour après le début des massacres. Après avoir condamné en décembre dernier deux Rwandais pour leur participation aux tueries, le tribunal de Bruxelles a ouvert lundi 8 avril le procès d’Emmanuel Nkunduwimye, réputé proche du comité national des milices interahamwe.
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Derrière le procès d’Emmanuel Nkunduwimye se cache l’ombre d’une autre affaire : celle de Georges Rutaganda, deuxième vice-président du comité national interahamwe, condamné à la réclusion à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda en 2003. Selon l’acte d’accusation, le deux hommes étaient très proches et basés, lors du génocide, dans le complexe Amgar, présenté comme un quartier général de la milice à Kigali.
A Arusha au TPIR, Emmanuel Nkunwimye témoignera en faveur de son ami Georges Rutaganda. Arrivé en Belgique en 1998, l’accusé est aujourd’hui chauffeur de taxi et comparaît libre.
” C’est quelqu’un qui a fui le Rwanda à la fin du génocide, qui finalement, après quelques détours, est arrivé en Belgique, a demandé l’asile, et a même obtenu la nationalité belge. Il est important de continuer à juger les génocidaires venus se réfugier en Europe », assure Alexis Deswaef, avocat des parties civiles.
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L’enquête a recueilli des témoignages parfois contradictoires : certains affirment que l’accusé a participé aux tueries et qu’il occupait une position d’autorité au sein des interahamwe ; d’autres disent au contraire qu’il cherchait seulement à se protéger des miliciens. Emmanuel Nkundumiye clame son innocence.
” Je ferai extrêmement attention à ce que les témoins viendront dire et à la crédibilité que nous pouvons apporter à ce qu’ils viendront dire. Je me battrai simplement pour qu’on ne condamne pas un homme sans preuves et qu’on ne condamne pas un homme si un doute subsiste. », prévient Dimitri de Béco, avocat de la défense.
Le procès devrait durer environ deux mois… parmi la centaine de témoins convoqués en personne ou par visioconférence, Paul Rusesabagina, le célèbre ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines, qui vit actuellement aux Etats-Unis… l’Hôtel devrait en effet être évoqué lors du débats, puisque les accusés y auraient transféré des réfugiés contre paiement et auraient approvisionné l’établissement en bière lors des massacres…
