ce quartier des Hauts-de-Seine est à cheval sur quatre villes et autant de réalités

Par James Grégoire
Publié le

7 avril 24 à 6h08

Voir mon actualité
Suivez l’actualité parisienne

«C’est une fourmilière. Il court à droite, à gauche. Les gens passent, se bousculent, personne ne sourit », constate Cyril avec lassitude. Depuis plus de sept ans, il travaille dans les tours de La Défense, quartier d’affaires de l’ouest parisien. A cheval sur quatre villes, ce quartier des Hauts-de-Seine accueille des hommes et des femmes d’affaires et d’influence, des touristes venus faire du shopping, des riverains et des habitants des villes frontalières (Courbevoie, Puteaux, Nanterre, La Garenne-Doves).

Souvent réduit à un centre d’affaires simple, La Défense s’étend sur plus de 160 hectares (1,6 km). Et les habitants des communes proches du quartier le concèdent : « C’est bien plus diversifié qu’on ne le pense », raconte Mehdi, assis sur un banc avec son ami Yacine. Tous deux habitent le quartier « Pablo Picasso », à Nanterre.

“C’est une ville dans la ville”

Les lycéens profitent d’un après-midi ensoleillé sur un trône en bois qui offre un paysage unique. A leur droite, les immenses bureaux du quartier des affaires. Le soleil se reflète au sommet de la « Basalt Tower » et nous fait comprendre la notion de « gratte-ciel ».

Et à gauche, les bâtiments tout aussi grands, mais bien plus colorés et moins uniformes, les “Tours Nuages” d’Émile Aillaud, emblématique du quartier. Mehdi explique : « En fait, pour nous, il a toujours été là, il fait partie du paysage. Certes pour l’alimentation nous avons Carrefour ou Aldi, mais quand on veut acheter des choses plus spécifiques, nous marchons 15-20 minutes et nous avons tout ce dont nous avons besoin. »

Quand on a envie de se promener et de voir autre chose, La Défense est parfaite.

Yacine

Son ami Yacine explique : « Après, ça peut être juste pour se promener quand on a envie de voir autre chose. Nanterre c’est bien, c’est notre maison et nous avons tout ce dont nous avons besoin. Mais quand on a envie de se promener et de voir autre chose, La Défense est parfaite. On a l’impression d’être dans une autre ville», explique celui qui veut devenir ingénieur. Des propos qui font écho au ressenti de Cyril : « C’est en fait une ville dans la ville. L’adresse des tours dépend uniquement de la ville où elles se trouvent. »

« Un travail de couture » entre les différentes communes

Car même si le territoire constitue un écosystème à lui seul, avec ses commerces, ses habitants et ses transports, La Défense reste « un quartier à part entière », explique Marie-Pierre Limoge, première adjointe au maire de Courbevoie. « Il y a un travail commun qui se fait avec les villes frontalières de La Défensemais aussi avec l’établissement public de La Défense », explique l’élu.

La Grande Arche est devenue un élément phare du décor de La Défense. Et à côté des drapeaux français et européen, on remarque le drapeau de l’établissement public, comme s’il était l’emblème du quartier. (©JG / actualité Paris)

Elle rappelle que « Paris La Défense [l’établissement public] dispose de son propre budget, complété par les villes et le département. » Mais comment mener les politiques publiques dans un pôle aussi important que le centre d’affaires du Haut-Séquanais ? « Le quartier est d’un établissement historiquece qui a été fait par les villes, c’est un travail de couture», ajoute le premier adjoint.

Vidéos : actuellement sur Actu

Elle prend l’exemple de sa ville, qui a souhaité « reconnecter les liaisons piétonnes et urbaines » : « Cela signifie que l’accès au quartier est naturel. Ce qui a été fait, c’est une rupture verticale, donc l’ajout d’escaliers, d’escaliers mécaniques et l’adoucissement des pentes. » Preuve que La Défense s’inscrit dans l’urbanisme et la vie locale des communes voisines.

« Pour nous, on sait quelle zone se trouve dans quelle ville, mais quand on parle de La Défense, on en parle comme si c’était une ville autonome », explique Yacine. Mehdi valide l’analyse de son confrère : « La dernière fois, j’avais des amis qui s’étaient perdus lorsqu’ils sortaient au Parvis. Je devais leur dire où aller, où tourner, à côté de quoi, etc. Comme si nous étions à New York. »


Marie-Pierre Limoge constate également que les habitants du quartier sont intégrés « dans des systèmes de démocratie participative. Ils font partie du quartier « Seine Europe ». Ce sont des Courbevoisiens ! »

«Quand je dis aux gens où j’habite, je dis toujours Courbevoie», confirme Arnaud. L’homme de 38 ans est chargé de clientèle dans une entreprise du quartier des affaires. et vit à Courbevoie. « Et même si j’y passe la plupart de mon temps, je ne me considère pas comme un habitant de La Défense », souligne-t-il.

« Le confinement a cassé quelque chose »

Il a vu le quartier évoluer sans changer au fil des années : « Au niveau du bâti et de l’urbanisme, il n’y a pas eu beaucoup de grands changements, juste un rafraîchissement et des peintures sur les bâtiments. . » Il remarque notamment que « sans les tours et les bureaux, cela aurait pu être n’importe quelle banlieue urbaine. »

Arnaud note par exemple que son lieu de résidence, à Courbevoie, « a toujours été un quartier très familial, avec des écoles, plusieurs parcs et la Seine non loin. Cela ne ressemble pas à un quartier d’affaires. » Et si lui ou son partenaire souhaite faire du shopping, « il y a plein de magasins près. »

Car en plus d’être un pôle d’affaires et de transports, La Défense est aussi une zone commerciale importante. L’offre est très diversifié avec 262 entreprises. Dans le détail, 230 pour le centre commercial « 4 Temps » et 32 ​​au sein du Cnit (Centre national des industries et des technologies), l’un des premiers immeubles du quartier, construit en 1968.

Le CNIT a été l’un des premiers immeubles du quartier à sortir de terre. (©JG / actualité Paris)

Soixante-six ans plus tard, La Défense poursuit sa transformation, notamment accélérée par le Covid : « Il y a beaucoup moins de monde. Il faut être aveugle pour ne pas le voir », déclare sans détour Francis, qui gère un magasin de chaussures à Westfield 4 Temps.

Une situation liée aux confinements et au développement du télétravail ? «Je pense que c’est un tout. Ainsi que sanitaire, économique ou politique », explique le dirigeant. Francis confie que, parmi les clients qui viennent dans son magasin, « il y a de plus en plus de touristes. Il doit y avoir quelques personnes qui habitent à proximité, mais en général j’ai plus de voyageurs. »

Pour Océane, gérante de la boutique Passage du Désir, toujours chez Westfield 4 Temps, les périodes varient beaucoup, mais « le mois de mars a été particulièrement compliqué. Même le vendeur de tabac m’a dit qu’il n’avait jamais vu une marche comme celle-là. » Un manque qu’elle ressent d’autant plus que, parmi sa clientèle, « il y a beaucoup de gens qui travaillent dans des bureaux. Ils viennent demander un sac pour être discret…», sourit celle qui gère un magasin spécialisé dans l’érotisme et les objets sexuels. Elle confie néanmoins que « le télétravail joue un rôle. Les gens ne viennent que trois ou quatre jours par semaine. Le confinement a cassé quelque chose. »

Un passage au vert bienvenu et bénéfique

Cependant, cette période n’a pas seulement eu un mauvais côté dans le quartier, elle a même permis pour accélérer la transition écologique pour répondre aux besoins verts des citadins. « Cela a évolué pour le mieux en termes d’espaces verts. Ils ont ajouté des arbres, de grandes bandes de pelouse », constate Cyril. Un point positif pour un quartier qu’il décrit comme « une forêt de béton avec tous ces bâtiments. »

Surtout, j’ai une opportunité que beaucoup n’ont pas, celle de vivre à proximité du travail !

Arnaud

« En réalité, ce sont des tours, mais pas les mêmes qu’ici », constate Mehdi. Si « les Nuages ​​» sont un symbole de Nanterre, ceux de La Défense « sont des immeubles à l’américaine. Quand tu vois ça, tu ne te dis pas ça à vingt minutes Dans ces endroits, vous avez des mères qui travaillent dans des entrepôts et qui élèvent seules trois enfants », conclut cette dernière.

«Disons que nous avons la chance d’avoir des espaces verts et des lieux pour la famille, que ce soit des parcs ou des commerces», précise Arnaud. Il se dit « très satisfait de vivre à La Défense. Surtout, j’ai une opportunité que beaucoup n’ont pas, celle de vivre à proximité du travail ! », se réjouit-il.

Un quartier vivant qui offre parfois des scènes surprenantes : « Parfois tu es ici, tu sors fumer ta cigarette. Tu vois tout le monde regarder dans une direction, tu tournes la tête et là tu vois le Spiderman français toujours en train de grimper sur un immeuble”, se souvient Cyril.

Outre la ligne 15, le RER E devrait également arriver à La Défense dans le cadre du Grand Paris Express. (©JG / actualité Paris)

La Défense va continuer à se transformer avec l’arrivée du Grand Paris Express et de plusieurs lignes de transports.

« Ce qui ne m’a pas plu, c’est qu’on ne puisse prendre que le métro ou le RER », confie Cyril. « Le RER A passe par Nanterre, Rueil, Châtelet. Cela ne peut pas être normal», affirment Mehdi et Yacine. « Quand je dois aller voir des clients à Paris, j’essaie toujours de partir tôt pour avoir suffisamment de temps. On ne sait jamais ce qui peut arriver en quittant La Défense », conclut Arnaud. Malgré des ressentis différents, les transports publics restent une référence commune dans le deuxième plus grand quartier d’affaires d’Europe.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV LE GLUTATHION EST UTILISÉ POUR LA MALADIE DE PARKINSON OU D’ALZHEIMER – .
NEXT inauguration du centre médico-social MSEA – Agence de presse sénégalaise – .