Film d’horreur hollywoodien pour 48 propriétaires de Saint-Jérôme sauvés de la faillite

Le film d’horreur vécu par 48 propriétaires de condos pourris à Saint-Jérôme connaît un twist digne d’Hollywood. Un à un, un homme du coin convainc les banques d’annuler leurs hypothèques et de libérer ces gens de leur chaîne.

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«Tout le monde y gagne», se réjouit Jérômien Samuel Cadotte à propos de sa tentative d’acquérir les 600, 620 et 640, rue Castonguay.

Samuel Cadotte pose devant le terrain et les trois immeubles où il espère pouvoir bientôt construire des logements abordables.

PHOTO Mélissa Thibault / Laurentides Photographie

Le Montréalais d’adoption a quitté les Laurentides en 2010 et entame, à 35 ans, ses 10e saison touristique à la barre de la Tyrolienne MTL, dans le Vieux-Port. Jamais en 14 ans les 50 km qui le séparent de sa ville natale ne lui ont paru aussi familiers.

Depuis 13 mois, son équipe négocie avec sept banques différentes pour mettre la main sur trois immeubles de 16 condos en mauvais état. Les 48 prêts hypothécaires valent chacun en moyenne 185 000 $, a-t-il déclaré.

Répartition des hypothèques
Pour les 600, 620 et 640, rue Castonguay, à Saint-Jérôme

15 Jardins
11 Banque Nationale
9 BMO
4 TD
2 CIBC
1 RBC
1 Écosse
5 autres
Source : Samuel Cadotte

Le sauveur et son projet

“Ils pourront repartir de zéro.” Samuel Cadotte parle des 48 copropriétaires et près de 100 personnes touchées, ceux dont le calvaire a commencé à l’automne 2021 lorsqu’ils ont découvert des défauts de construction majeurs lors d’un entretien courant.

Les bâtiments sont dangereux, infiltrés d’eau et nécessitent cruellement des travaux. Ceux qui les ont construits sont morts, insolvables ou introuvables.

Depuis, la valeur de leurs condos est à zéro. Pire encore, un des bâtiments a été évacué depuis 2022 pour des raisons de sécurité et un autre a incendié l’an dernier.

Le 620, rue Castonguay, a été rasé par les flammes en juin 2023. L’enquête policière n’a mené à aucune accusation.

PHOTO Mélissa Thibault / Laurentides Photographie

Cela représente donc au moins 32 familles qui paient le double du loyer et de l’hypothèque. D’où les nombreuses faillites et propositions aux créanciers parmi les acteurs du film d’horreur.

«Nous avions de l’empathie pour eux, mais pas les moyens de les aider», a déclaré le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, en entrevue avec Le journalJeudi après-midi, alors qu’il venait d’apprendre la nouvelle.

A la mairie, nous nous réjouissons de voir se terminer ainsi cette « triste situation » vécue par de nombreuses « personnes désespérées ».


Plus d’une vingtaine de propriétaires ont signé leur quittance hypothécaire chez le notaire, le samedi 23 mars, en compagnie de Samuel Cadotte (photo).

PHOTO Mélissa Thibault / Laurentides Photographie

Mais il reste encore des ficelles à nouer. Si la majorité des banques ont déjà accepté une somme symbolique de la part de Samuel Cadotte pour signer une quittance complète aux copropriétaires, certaines doivent encore être convaincues.

«Quand une banque dit qu’elle vous reviendra dans quelques jours, cela veut dire au moins quelques semaines», résume l’entrepreneur de 35 ans à propos de son expérience immobilière à Saint-Jérôme.

Merci papa

Dans les couloirs du seul bâtiment encore habité parmi les trois maudits, on entend presque le soupir de soulagement collectif.

«Ça nous a déjà coûté pas mal», déplore la copropriétaire Félicie Roy. L’adjointe administrative de 31 ans a acheté son appartement 4 1⁄2 au 640, rue Castonguay en juin 2022 pour 205 000 $.


Le 600, rue Castonguay, à Saint-Jérôme, présente un sérieux problème d'infiltration d'eau qui menace sa structure. Les 16 propriétaires de l'immeuble peuvent désormais pousser un soupir de soulagement grâce à un jeune entrepreneur.

Les 16 familles qui demeuraient au 640, rue Castonguay ont dû évacuer leur propriété en octobre 2022 en raison de défauts de construction majeurs.

PHOTO MÉLISSA THIBAULT / PHOTOGRAPHIE LAURENTIDES

Elle a été évacuée quelques mois plus tard et relocalisée en urgence dans un appartement 3 1⁄2 à Mirabel pour 1 300 $ par mois. Elle a travaillé 60 heures par semaine pour y arriver, mais n’y serait jamais parvenue sans l’aide de son père.

« Grâce à lui, je ne me suis pas découragée et j’ai pu payer le double pendant deux ans », raconte celle dont l’hypothèque coûte 800 $ par mois.

La jeune femme se tourne désormais vers l’avenir grâce au reçu complet signé par sa banque.

Pas grâce aux élus

Marie-Claire Lahiton, une autre copropriétaire, veut rester positive, mais elle ne peut s’empêcher de constater que la solution vient d’une entreprise privée.

« On ne s’en sort pas grâce aux élus », affirme la femme de 68 ans. Elle a investi d’innombrables heures dans ce cauchemar, d’abord en tant que présidente du comité de rénovation, puis en tant que présidente de son association de copropriété.

Sa récompense est de voir « les gens repartir de zéro » même si chacune des 48 familles perd « au moins 200 000 dollars ».

Samuel Cadotte doit encore convaincre deux ou trois banques de s’associer à son projet. Le Jérômien souhaite démolir les trois immeubles pour construire des logements abordables dans sa ville natale.

La situation est catastrophique à Saint-Jérôme, où seulement 0,3 % des appartements sont disponibles. «Nous avons besoin de plus de logements abordables, c’est important», a déclaré jeudi le maire Bourcier.

Le propriétaire de la Tyrolienne MTL réalise le plus grand saut de son histoire. Le sort de son projet sera connu… dans quelques semaines.

Sauvé par papa


Le 600, rue Castonguay, à Saint-Jérôme, présente un sérieux problème d'infiltration d'eau qui menace sa structure. Les 16 propriétaires de l'immeuble peuvent désormais pousser un soupir de soulagement grâce à un jeune entrepreneur.

Félicie Roy, 31 ans, et son père Pierre Bolduc ont traversé la tempête ensemble. La jeune femme ne serait jamais arrivée seule, a-t-elle affirmé.

photo fournie par Félicie Roy

Félicie Roy a acheté son condo au 640, rue Castonguay en 2022, après la découverte de dommages à l’immeuble. « Si j’avais su, je ne l’aurais jamais fait », déplore celle dont c’était le troisième bien. La femme de 31 ans a dû trouver un relogement d’urgence en octobre 2022 suite à l’évacuation de l’immeuble. Elle travaillait 60 heures par semaine pour payer son hypothèque de 800 $ et son nouveau loyer de 1 300 $, mais ce n’était pas suffisant. « Sans mon père, j’aurais été en faillite depuis longtemps », dit-elle. Libérée de ses dettes grâce à Samuel Cadotte, elle compte repartir de zéro et redevenir propriétaire sous peu.

La mère du groupe


Le 600, rue Castonguay, à Saint-Jérôme, présente un sérieux problème d'infiltration d'eau qui menace sa structure. Les 16 propriétaires de l'immeuble peuvent désormais pousser un soupir de soulagement grâce à un jeune entrepreneur.

Samuel Cadotte était entouré du couple formé par Marie-Claire Lahiton et Jean Roy, à la fin du mois de mars, suite à la signature de la quittance complète de leur hypothèque devant le notaire.

PHOTO Mélissa Thibault / Laurentides Photographie

Marie-Claire Lahiton a déboursé 130 000 $ en 2009 pour son 4 1⁄2 sur la rue Castonguay. Elle a dû la réhypothéquer pour payer sa part des dégâts, à tel point qu’elle est désormais libérée d’une hypothèque de 125 000 $. La dame de 68 ans s’est occupée du comité de rénovation à partir d’octobre 2021. Elle y a consacré tellement d’heures en trois ans que « c’est devenu un travail à temps plein ». Les 48 propriétaires sont soulagés, assure-t-elle, et ils ont aussi « extrêmement chanceux » de pouvoir s’en sortir. Sa récompense pour toutes ses heures de bénévolat « est de voir le résultat final ».

 
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