loin de l’acceptabilité sociale

loin de l’acceptabilité sociale
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C’est en novembre 2023 que TES Canada, une entreprise basée à Montréal qui développe des projets innovants de production d’hydrogène vert dans différentes régions du pays et dont l’actionnaire principal est Tree Energy Solutions, annonçait son projet Mauricie.

Quelques mois plus tard, force est de constater que malgré l’impact que pourrait avoir ce projet sur la transition énergétique et la création d’emplois, plusieurs groupes du milieu sont très inquiets. Ils craignent que la qualité de l’environnement dans lequel ils vivent au quotidien soit menacée ; cet environnement plein d’agriculture, de paysages, de lacs et de rivières, qu’ils habitent depuis plus de 150 ans, est ce qu’ils ont de plus précieux.

Les experts et représentants de TES Canada peuvent expliquer au mieux les informations qu’ils transmettent à cette étape du projet, mais ils peinent à rassurer et à obtenir l’adhésion de la population. Ce projet, tel qu’il est présenté actuellement, n’a aucune acceptabilité sociale, que le gouvernement du Québec définit, dans un document récemment publié, comme le résultat d’un jugement collectif, d’une opinion collective, à l’égard d’un projet, d’un plan ou d’une politique.

Pour quoi?

  • Car les éoliennes qui seront installées à proximité des habitations et des villages, grâce à la collaboration de propriétaires fonciers qui auront été rencontrés individuellement et qui recevront des redevances de plusieurs milliers de dollars annuellement, dégraderont le paysage et affecteront les terres agricoles. Ces éoliennes ont pour objectif d’autoproduire de l’énergie renouvelable pour l’entreprise. Mais à quel prix pour les gens qui découvrent la présence d’éoliennes dans leur quartier et qui risquent, ce que l’entreprise ne veut pas admettre, de voir la valeur de leurs propriétés diminuer ? Comment les dirigeants de TES peuvent-ils proposer une approche qui favorise le profit personnel de quelques individus et porte atteinte au bien-être collectif ?
  • Car les acteurs économiques, politiques et financiers qui ont lancé ou soutenu ce projet ne font preuve d’aucune connaissance et peu de respect pour les valeurs rurales qui animent les habitants du territoire. Ces acteurs qui n’habitent ni la MRC de Mékinac ni celle de Chenaux ne vivent personnellement aucun des impacts du projet. Quelle crédibilité peut-on leur accorder ? Comment leur faire confiance ?
  • Car il est facile pour les élus municipaux de voir les redevances qui seront versées aux communes comme une Source de revenus supplémentaire pour combler leurs déficits de fonctionnement sans forcément s’engager dans une transition vers une énergie verte et durable. Ces élus peuvent-ils assumer un véritable leadership dans ce dossier, représenter le point de vue de la population, imposer leurs revendications à TES Canada et relever le défi de la décarbonation au niveau local ?
  • Car les modalités de mise en œuvre du projet échappent à la population. Actuellement, TES Canada poursuit ses activités et insiste pour que les ajustements nécessaires soient apportés au fur et à mesure de l’avancement du projet pour le rendre acceptable. Officiellement, TES Canada écrit que le projet sera soumis à une évaluation environnementale rigoureuse par le BAPE et la CPTAQ et devra ensuite être autorisé par le gouvernement du Québec. On nous informe également qu’un processus de consultation sera lancé prochainement mais on ne nous dit pas jusqu’où l’entreprise est prête à aller pour implanter son usine de production d’hydrogène vert. Nous sommes nombreux dans la population à dénoncer le manque d’information et ressentons un profond malaise de voir les dirigeants de TES Canada réaliser leur projet sans réelle transparence ni considération des répercussions négatives sur notre territoire ;
  • Car le risque de vivre des situations conflictuelles avec des voisins, des amis, des membres de la famille au cours des prochaines années n’enchante personne. L’attrait des redevances pour quelques propriétaires et pour les municipalités est le facteur qui divisera le plus les gens. Nous sommes loin de la fierté collective de porter un projet commun et ambitieux qui nous appartient à tous…

Ces exemples ne constituent pas une liste exhaustive de tous les aspects qui nuisent à l’acceptabilité sociale du projet mauricien mais ils identifient quelques pistes sur lesquelles les dirigeants de TES Canada doivent réfléchir sérieusement. Plus que jamais, il est temps pour eux de corriger l’idée profondément ancrée dans la population selon laquelle le modèle proposé sert davantage les intérêts de l’entreprise que ceux des habitants du territoire. TES Canada doit apporter des changements importants à la configuration actuelle de son projet et prévoir des modalités de participation officielle des citoyens à la prise de décision. Il nous faut des actions concrètes qui vont bien au-delà d’un discours bienveillant qui tente de nous rassurer en disant que tout est fait conformément au plan d’occupation des sols et que toutes les conditions sont respectées pour ne pas nuire à l’environnement. . Cela devrait déjà aller de soi dans une société comme celle du Québec.

De nombreuses personnes étaient présentes en novembre dernier, dirigeants d’entreprises et élus de la région aux niveaux fédéral et provincial, pour célébrer l’annonce du projet Mauricie de TES Canada. Ces gens ont une responsabilité envers leur population et me semblent actuellement très silencieux. Nous attendons d’eux qu’ils nous écoutent, qu’ils nous comprennent, qu’ils nous parlent et qu’ils agissent dans une optique d’acceptation sociale réelle.

Martine Cloutier

Professeur retraité

Sainte-Thècle

#Canada

 
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