Comment l’IA change le quotidien de la police en Suisse

Comment l’IA change le quotidien de la police en Suisse
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Le stade Wankdorf de Berne ne connaît une telle présence policière que lors des matches de football. Mais le 27 mars, au lieu de tirer des balles en caoutchouc et de brandir des pancartes, les policiers sont arrivés au stade avec des présentations PowerPoint et des cartes de visite. Wankdorf a accueilli pour la troisième fois le Congrès suisse d’informatique policière (SPIK). Plus de 700 participants se sont rassemblés dans l’antre du champion suisse de football en titre.

Les participants ont été accueillis par Valentin Bonderer, président de l’association TIC de la police suisse, organisatrice de l’événement. À une époque où le progrès technique est « inexorable », il est extrêmement important que les forces de l’ordre puissent également suivre ces évolutions. Le Spik offre donc l’opportunité de partager des connaissances, d’échanger des expériences et de développer des solutions aux défis numériques.

Valentin Bonderer a ensuite donné la parole à Renato Renner, professeur de physique théorique à l’ETH Zurich. Ce dernier dirige le groupe de recherche sur la théorie de l’information quantique. Son exposé était donc consacré à la cryptographie quantique. Pour lui, ce n’est peut-être pas un problème immédiat ni pour demain, mais « les ordinateurs quantiques deviendront bientôt un risque ».

Renato Renner estime qu’un ordinateur quantique capable d’utiliser la puissance d’un million de qubits verra le jour d’ici dix ans. Au plus tard, les algorithmes de chiffrement classiques s’essouffleront, selon l’expert.

GenAI dans le registre des armes

Comme presque tous les secteurs, la police n’échappe pas à la thématique de l’IA. Le mot a été prononcé au moins une fois dans presque toutes les présentations de conférences. L’usage de l’intelligence artificielle diffère grandement d’un organisme à l’autre.

La police cantonale de Zurich étudie par exemple actuellement l’introduction d’un chatbot pour le registre cantonal des armes. Comme l’explique Philippe Mathis, chef du service spécialisé armes/explosifs de la police cantonale de Zurich, le chatbot pourrait aider les agents à obtenir plus rapidement des informations pertinentes pour leurs enquêtes ou interventions.

Actuellement, un chatbot basé sur ChatGPT est en cours de test, explique Patrizia Mottl du prestataire de services informatiques Deimos, responsable de la mise en œuvre. Cela permet de traiter des requêtes plus complexes que la fonction de recherche actuelle dans le registre des armes à feu.

IA prédictive dans le centre de contrôle

En Allemagne, le groupe industriel IABG utilise l’IA de manière moins synthétique et plus analytique. En Suisse, le prestataire de services n’est pas encore très connu, explique Thorsten Hansler, son responsable du programme pour les centres de contrôle et de surveillance de la situation. Mais selon lui, les organismes suisses de sécurité civile pourraient également bénéficier de l’utilisation de l’IA dans leurs centres de contrôle.

Selon Thorsten Hansler, les centres d’intervention sont partout confrontés à une réduction des ressources et à une augmentation du volume des missions. L’IA pourrait résoudre ce problème grâce à des prédictions, ou au moins alléger la pression. Pour son modèle, l’Iabg utilise des données historiques d’intervention ainsi que des données météorologiques ou des calendriers d’événements mis à jour quotidiennement. Le modèle prédit non seulement le nombre d’interventions planifiées pour une journée donnée, mais également où et quand s’attendre à des interventions, afin que les ressources puissent être allouées en conséquence dans une zone.

Thorsten Hansler a montré un exemple concret du district de Marburg-Biederkopf en Hesse, dont la taille est à peu près comparable à celle du canton de Soleure, où le modèle est déjà utilisé. Il est encore difficile de prédire avec précision le nombre exact d’interventions, mais l’allocation des ressources proposée par le modèle a permis de réduire « considérablement » le temps nécessaire à l’arrivée des équipes de secours.

L’IA dans la formation VR

La police municipale zurichoise, quant à elle, veut faire de l’IA son ennemi, au sens littéral du terme. Dans le cadre du projet national « PolVR », la police municipale teste l’utilisation des solutions VR et XR pour la formation et la formation des policiers.

Deux disciplines sont concernées : d’une part avec Simlab, qui permet de reproduire sur PC des situations réelles d’intervention et de tester des procédures tactiques, et d’autre part ETSVR, pour la simulation de formations d’intervention en réalité virtuelle. Dans ce contexte, les agents portent des lunettes VR et des armes factices et s’entraînent ainsi à des interventions aussi proches que possible de la réalité, explique Christoph Altmann, chef de projet du centre de compétence Extended Reality de la police de Zurich et ancien chef d’intervention de l’unité spéciale Scorpion. .

Ces exercices ETSVR recèlent un potentiel pour l’IA. Ainsi, l’intelligence artificielle pourrait à l’avenir prendre le contrôle des adversaires dans la simulation et les faire agir de manière plus intelligente et plus réaliste que les personnages non humains actuels, selon Christoph Altmann.

Le TIP (une structure organisationnelle basée sur la milice, qui doit permettre et soutenir la coopération pour des solutions policières communes dans les domaines de l’informatique, des télécommunications et du maintien de l’ordre) a également fait une apparition au congrès. Le TIP est par exemple chargé de mettre en place la plateforme nationale de recherche policière Polap. Cela a fait sensation dans les médias au début de l’année, reconnaît Markus Röösli, directeur de TIP. Il est néanmoins convaincu de l’importance du projet. Cette année encore, Polap doit être introduit dans sa première phase de développement.

Par ailleurs, le projet « integriertes Lagebild » (ILB), qui « donnera un nouveau visage à la présentation de la situation par la police », est également dans la dernière ligne droite, du moins en Suisse alémanique. Cette solution vise à regrouper les données des centres d’intervention de toutes les forces de police et ainsi simplifier la collaboration intercantonale. «La police suisse doit savoir ce que sait la police suisse», explique Markus Röösli. C’est pourquoi il est important, selon lui, que les forces de police francophones se joignent également au projet. L’ILB sera bientôt en ligne.

Le troisième grand projet TIP est celui du système de communication mobile haut débit (CMS) sécurisé. Il s’agit du remplacement du réseau de communications d’urgence de Polycom. Ce remplacement s’avère toutefois difficile, notamment en raison du manque de connaissances spécialisées de la part du partenaire de mise en œuvre.

Le SPIK 2025 devrait avoir lieu le 26 mars 2025.

 
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