La fille du « dernier résistant de Haute-Loire » poursuit le travail de mémoire de sa mère

La fille du « dernier résistant de Haute-Loire » poursuit le travail de mémoire de sa mère
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Renée Garnier, habitante de Saint-Vincent, fille, petite-fille, nièce de résistants, poursuit l’œuvre de mémoire qu’elle a menée aux côtés de sa mère, Rose Pineau.

Pour les élèves inscrits en 9e et lycéens, viennent d’avoir lieu les épreuves du Concours National Résistance et Déportation dont les gagnants seront annoncés en mai. Une cérémonie aura lieu à l’Hôtel du Département. L’édition 2023-2024 du concours avait pour thème : « Résister à la déportation en France et en Europe ». La résistance est ici envisagée sous plusieurs aspects : résister à la déportation, résister pendant la déportation et résister après coup. Le concours a été fondé à l’initiative de la Confédération nationale des résistants volontaires afin de perpétuer auprès des jeunes Français le souvenir des souffrances et des sacrifices des héros et martyrs de la Résistance.

« J’adorais écouter les adultes, mon grand-père en particulier »

Résidant à Saint-Vincent, Renée Garnier est l’une des animatrices du concours. Ce cadet du CVR participe chaque année à la correction des copies. Elle participe également à de nombreux voyages organisés avec des jeunes partout en France dans les hauts lieux de la Résistance. Inlassablement, Renée poursuit le travail de mémoire entrepris aux côtés de sa mère, Rose Pineau, décédée dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2023 à l’âge de 102 ans.
« Elle a été la dernière résistante de la Haute-Loire », rappelait récemment sa fille aux écoliers de Retournac. Partout où on la sollicite, Renée intervient. Elle adore parler d’histoire, notamment de la Seconde Guerre mondiale. Les jeunes sont intéressés lorsqu’ils racontent par exemple le « Train fantôme », un épisode peu connu. Les derniers internés du camp de concentration de Vernet en Ariège furent emmenés de Toulouse le 30 juin 1944. Le convoi mettra deux mois pour arriver à destination : le 28 août au camp de concentration des hommes de Dachau et début septembre au camp de concentration des hommes de Dachau. camp de concentration. de Ravensbrück pour les femmes.

2024 est une année importante dans le travail de mémoire où sera célébré cet été le 80ème anniversaire de la Libération du Puy. Renée, au caractère très affirmé, n’était pas toujours d’accord avec Lucien Volle, l’un des libérateurs du Puy (décédé en 2012), à qui elle critiquait la véracité des déclarations et des documents de L’épopée unique du Groupe Lafayettele livre écrit par « Capitaine Lulu », qui lui a valu son exclusion de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (Anacr).

Renée est une ancienne infirmière qui, au moment de sa retraite, n’a jamais cessé de vouloir transmettre ce qu’elle avait reçu des membres de sa famille, des débuts de la Résistance dans le Val de Loire. « Enfant, explique Renée, j’adorais écouter les adultes. Mon grand-père notamment lorsqu’il rencontrait d’anciens résistants.

A sa naissance, le 26 septembre 1944, la Haute-Loire tourne le dos à l’occupation. « Mes parents ont rejoint la Résistance, quatre-vingt-dix jours avant le débarquement. Ceux qui ont senti le vent tourner et sont entrés plus tard ne peuvent prétendre au titre de résistants volontaires », tient à souligner Renée Garnier.

Rose est issue d’une famille de mineurs de la Loire du côté de sa mère et d’artisans de la Haute-Loire du côté de son père. Elle vivait encore chez ses parents lorsqu’ils achetèrent un hôtel à Retournac, peu avant la Seconde Guerre mondiale. L’association des membres de la Légion d’honneur commente : « Ne se résignant pas à la défaite, Jean et Henriette Monnier, ses parents, commencent par diffuser la presse clandestine avant de rejoindre le groupe Buckmaster en 1942. La même année, son père fonde l’Espoir. » en Haute-Loire et Rose y fait ses premiers pas dans la Résistance, comme agent de liaison sur une bonne partie de la France. C’est également en 1942 qu’elle épouse Henri Garnier, membre des groupes Espoir et Buckmaster.

Renée poursuit : « Munie d’une carte d’identité mentionnant le nom de Laval, ma mère a franchi plusieurs fois la ligne de démarcation. Les informations qu’elle a transmises n’étaient qu’orales. Mon grand-père l’envoyait à Saint-Étienne, Lyon, Toulouse, Montauban, elle est allée deux fois à Paris. Les époux Garnier sont arrêtés le 5 octobre 1943 et incarcérés avec d’autres résistants dont plusieurs sont torturés.

Renée raconte : « Mes parents ont été détenus pendant dix jours. Ma mère a été interrogée à l’hôtel Terminus à Saint-Étienne. Avec elle, j’ai refait le parcours. L’hôtel était devenu une banque. Quant à l’homme qui a dénoncé ma famille, il a été abattu par la Résistance à Louisette, un café d’Yssingeaux. Nous sommes retournés plusieurs fois dans ce café. J’entendais les gens dire quand j’étais petite : « il était assis là », sans encore savoir de qui il s’agissait par ce « il » ».

Rose reste ensuite cachée, notamment à Recharinges tandis que son mari poursuit le combat avec le maquis « René Garnier » de Mézères et participe aux combats meurtriers de Saint-Geneys-près-Saint-Paulien en juillet 1944.

Remariée après la guerre avec Fernand Pineau (ancien membre du groupe Lafayette), Rose a trois enfants : Luc (aujourd’hui décédé), Renée Garnier et Marc Pineau. Le beau-frère de Rose, René Garnier, est fusillé le 13 novembre 1943 à la Doua de Villeurbanne par les Allemands. Une rue et la médiathèque de Retournac (où était basée la famille) portent son nom. « Durant mon enfance, dans le secteur d’Yssingeaux, je me suis laissée bercer par les récits des Résistants, dont beaucoup d’enseignants, explique Renée.

Durant le Covid, cette dernière a collecté pendant des heures et enregistré le témoignage de sa mère. Un enregistrement qui restera dans la famille comme une trace indélébile « du meilleur que la France a produit en ces temps sombres », comme le rappelait l’ancien préfet de la Haute-Loire, Yves Rousset, lors de la remise de la Légion d’honneur en 2018. à Rose Pineau.Renée Garnier et Christine Merle, vice-présidentes de l’Anacr Haute-Loire, lors du 75ème anniversaire de la libération de Brioude et de sa région.

Reconstituer l’épopée familiale

Renée, quant à elle, n’a jamais eu d’enfants, mais elle reçoit une oreille attentive de ses neveux et nièces qui boivent ses mots lorsqu’elle leur raconte « la guerre de Mamie Rose ». Dans sa jolie maison de la rue de l’Emblavez à Saint-Vincent où ses parents exploitaient un négoce de vins fins, les journées de Renée sont bien remplies lorsqu’elle n’est pas « sur la route » pour aller aux écoles ou aux archives. Des journées rythmées par les travaux au jardin et les recherches que mène avec ardeur ce passionné d’histoire.
Ses visites répétées aux archives du Puy et de Saint-Étienne lui permettent de reconstituer progressivement l’épopée familiale. Merci également au journaliste Jean Nocher, dont la famille de Renée était proche, et qui fonda les premiers centres de résistance à Saint-Étienne, avant de devenir chef départemental du mouvement Franc-Tireur.

Renée a rassemblé une documentation incroyable, quelque 600 livres sur la Résistance, « pour être à la hauteur quand je me retrouve face à des jeunes », dit-elle dans un éclat de rire. Renée ajoute : « La Haute-Loire a été un département très résilient. Et puis, on ne met jamais assez l’accent sur le rôle joué par les femmes.

Philippe Suc

 
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