« Au moins, cette crise nous aura rendu notre dignité », affirment les producteurs de fraises du Lot-et-Garonne

« Au moins, cette crise nous aura rendu notre dignité », affirment les producteurs de fraises du Lot-et-Garonne
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« Nous ne pouvons pas non plus demander aux consommateurs de jouer au jeu local si nous ne le faisons pas. » Alors, lorsqu’Agnès et Thierry Cozza, installés à Puch-d’Agenais, ont décidé de passer au travail du sol hors sol, ils ont fait appel à un serriste de Clairac. Et à un système d’irrigation venant de Tonneins. « En plus, quand il y a quelque chose, ils sont à proximité. » Un plus pour le service après-vente. Le couple d’agriculteurs contrôle tout depuis un écran : hygrométrie, ouverture des auvents… « Quand il fait chaud, on peint le plus de surface possible à la chaux », histoire de permettre à leurs salariés de travailler dans des conditions plus confortables.

Ils se sont également attaqués au problème de l’eau pour leur irrigation. C’est principalement de la pluie. Le surplus arrive dans une citerne, qui sert à arroser les céréales, l’exploitation majoritaire du couple.

Depuis le 18 mars, le couple a commencé ses vendanges. Seule la gariguette, la plus précoce des fraises, qui commence à arriver avec ses notes de printemps et d’acidité. Un risque ? «On se pose la question, mais c’est une fraise à forte valeur ajoutée, bien valorisée par les coopératives», explique l’agriculteur. Il sera récolté jusqu’à fin juin. Au total, entre 25 et 30 tonnes de gariguettes seront livrées à Rougeligne.

Plus de duplication

Si l’agriculture est dans les gènes du couple, en faire leur métier n’était pas d’emblée une évidence. Agnès a débuté comme coiffeuse. « L’appel de la terre est revenu, confie-t-elle. Et avec lui, les études, qu’elle a entreprises à Sainte-Livrade, au lycée agricole, pour devenir chef d’exploitation agricole.

Du côté de Thierry, c’était son père, également agriculteur, qui ne tenait pas à le voir reprendre ses terres. “Obtenez d’abord un diplôme.” Le fils a obéi, puis a commencé à travailler chez Upsa. Un métier qu’il n’a pas quitté, même s’il est aujourd’hui à temps partiel. Ce qui était un choix est devenu une nécessité. « Il y a de plus en plus d’agriculteurs dans cette situation… » Souvent, ce sont les femmes qui sont aux prises avec cette situation.

Un planning qui a permis à Thierry d’assister aux manifestations paysannes du mois de janvier. « La marmite bout depuis trop longtemps : l’éleveur maltraite ses animaux, le céréalier pollue, le maraîcher exploite sa main d’œuvre et les agriculteurs vivent des aides. C’est ce que nous entendions. Avec ces manifestations, nous avons retrouvé notre dignité ! » Car quant aux annonces, « on ne les ressent pas aujourd’hui. Les aides de la PAC n’ont pas été versées, la clause miroir [imposer aux autres pays les mêmes normes qu’en France, NDLR] est impossible à mettre en œuvre… »

Ainsi, cette année, pour la première fois depuis longtemps, Thierry s’est rendu au Salon de l’Agriculture, avec la Coordination Rurale. « Personne ne manifestera à notre place », souligne le quinquagénaire. Il revient de Paris avec un sentiment de dignité retrouvée. Nourrie aussi par les échanges avec les agriculteurs de toute la France. ” Nous restons en contact. Parce que la crise est loin d’être terminée… »

 
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