Par Émilie Salabelle
Publié le
28 mars 24 à 7h24
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UN résidence pour jeunes travailleurs qui enjambe le périphérique. C’est le projet insolite qui se construit au niveau du Porte Brancion, à la frontière entre le 15ème arrondissement de Paris et la ville de Vanves (Hauts-de-Seine). Doté d’une structure en bois, le bâtiment compte déjà sept étages, son toit panoramique et ses impostes offrant une vue plongeante sur la circulation routière. Quelques mois avant sa livraison prévue en septembre 2024, Actualités parisiennes a pu visiter le chantier insolite.
Un bâtiment construit à grande vitesse
Le bâtiment pont, comme on l’appelle dans le jargon, ressemble à un gros cube en bois, assemblé “comme un grand jeu technique Lego”, explique Julien Pemezec, directeur général de Woodeum, promoteur immobilier en charge de la maîtrise d’œuvre des travaux. La future résidence est en effet conçue à partir d’un puzzle de grandes pièces en bois massif préfabriqué“, coupé au mm près à l’avance. »
Grâce à un plan 3D, chaque panneau, équipé d’un code barre, trouve sa place définitive. « Cette technique permet de surélever un bâtiment très rapidement, nous avons monté tous les étages en trois mois », rappelle Julien Pemezec. Ce type de chantier permet également de diviser par huit les rotations des camions, dans un espace très contraint par le trafic routier.
« La chasse au poids »
En plus d’être un matériau écologique, cette ressource possède bien d’autres qualités, explique le directeur général. ” Il est cinq fois plus léger que le béton, ce qui nous permet d’avoir un bâtiment final ultra léger. Nous avons recherché le poids partout.
Même si placer un bâtiment au-dessus d’un tunnel constamment traversé par des milliers d’automobilistes peut paraître périlleux, l’opération est totalement sécurisée et surveillée, grâce à un plein de capteurs installé sur la dalle. Les fondations du bâtiment ont elles-mêmes été surélevées, afin de ne pas reposer directement sur le tunnel.
Vivre face au périphérique, un défi technique
Vivre au-dessus d’un flux quasi continu d’automobilistes a nécessité quelques ajustements. « Lors de sa conception en 2016, ce bâtiment avait cinq ans d’avance sur son empreinte écologique, sa vocation thermique, son isolation acoustique, le traitement de la qualité de l’air en milieu hostile… Aujourd’hui, nous sommes totalement alignés sur la Normes environnementales requis. »
Chacun de 114 19 m d’ateliers2 mènent à un « jardin d’hiver » avec des baies vitrées donnant sur les rampes d’accès latérales. « Cette double façade permet un principe de seconde peau, qui protège bien du bruit », explique Julien Pemezec. L’air intérieur passe par un système de filtration, et chaque pièce est équipée d’un mélangeur d’air. La ventilation double flux permet de conserver de l’air frais en cas de forte chaleur.
“Le spectacle ne s’arrête jamais”
L’ouverture des fenêtres est possible, mais déconseillée si l’on souhaite conserver leurs fonctions de protection. « C’est un bâtiment conçu pour fonctionner comme un hôtel, avec fenêtres plutôt fermées», explique le directeur général de Woodeum.
Tous les couloirs convergent vers le périphérique, étrange point d’attraction du bâtiment. Sur cette façade, les baies vitrées resteront Fermé hermétiquement : “Ce serait trop dangereux si des objets tombaient sur les voitures.” Aménagés en salons communs à chaque étage, ces grands paliers seront visibles des automobilistes. Ils offrent une vue imprenable sur le double ruban de circulation. “C’est assez passionnant, le spectacle ne s’arrête jamais”, commente Julien Pemezec.
Un quartier abandonné
Lauréat du concours « Inventons la métropole du Grand Paris » en 2017, le projet Hosta a été conçu par le cabinet d’architecte Hardel Le Bihan. Dans un contexte où les derniers projets debâtiments de pontsouvent accusées de catastrophes écologiques, ont toutes été abandonnées, celle-ci étant une exception : « Nous n’avons pas eu la même opposition, car ici, il n’y avait pas besoin de construire une dalle de béton », explique Julien Pemezec.
La résidence est accompagnée de deux autres bâtiments à proximité : une résidence étudiante à Vanves et un complexe dédié à l’entraînement et au sport. L’ensemble du projet vise à redynamiser le quartier de la Porte Brancion, considéré comme un no man’s land par les riverains. « Ce lieu servait de lieu de stockage à la Mairie de Paris. Ce bâtiment réunira deux commerces au rez-de-chaussée, il permet une liaison entre Paris et Vanves», argumente le directeur général de Woodeum.
Gérée par la RIVP, bailleur social de la Ville de Paris, la résidence est destinée à accueillir jeunes travailleurs, pour un hébergement plus ou moins transitoire. « Nous ciblons ceux qui ont du mal à se loger dans le parc immobilier classique, car leur dossier ne leur permet pas encore d’avoir les garanties demandées par les propriétaires. » Si le lieu d’habitation ne vous fait pas rêver, il offrira, chose rare, un spacieux toit terrasse.
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