À la campagne, ce n’est pas si difficile de cultiver – .

À la campagne, ce n’est pas si difficile de cultiver – .
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« On parle de la diagonale du vide quand on parle de nos territoires, mais il y a un tel dynamisme, c’est plutôt la diagonale du tout », s’exclame Thomas Desmaison, directeur du théâtre du cloître à Bellac.

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Angoulême : L’EESI résistera-t-elle à Rachida Dati ?

La ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé vouloir supprimer les écoles d’art. L’EESI, en crise depuis plus d’un an, pourrait-elle sombrer ? Dans les locaux, inquiétudes et incompréhensions se mélangent depuis plusieurs mois.

En Charente, la Maison Maria Casarès à Alloue, les salles de spectacle La Palène à Rouillac, Les Carmes à La Rochefoucauld et La Canopée à Ruffec font partie des lieux culturels qui font vibrer les zones reculées du territoire. Mais, entre contraintes sociales et problèmes de mobilité, l’accès à la culture n’est pas toujours aisé.

C’est pour mettre en lumière cet existant que la ministre de la Culture Rachida Dati a lancé, le 22 janvier, une grande consultation nationale baptisée « Printemps de la ruralité ». Petit tour des pratiques en Charente, entre parcours du combattant et sentiment d’optimisme.

1. La mobilité, un premier obstacle

Fini le temps du bibliobus qui parcourait les petites routes de campagne chargé de classiques du théâtre ou de romans sentimentaux. « Il y a un fort dynamisme culturel dans nos territoires ruraux. Et nous sommes même à la pointe de la coopération entre acteurs, mais la mobilité est difficile à résoudre », concède Thomas Desmaison.

C’est bien d’avoir des endroits sympas à Confolens ou à Saint-Junien, mais comment y arriver ?

La politique culturelle de demain ne serait-elle pas, à terme, avant tout une question d’aménagement du territoire ? « C’est là tout l’intérêt », explique Sigrid Feldbacher, qui milite au sein du collectif AngouLim pour le retour de la ligne TER Angoulême-Limoges. « C’est bien d’avoir des endroits sympas à Confolens ou à Saint-Junien. J’habite à Saint-Laurent-de-Céris et, sans voiture, je ne peux pas m’y rendre », explique celle qui a fondé il y a deux ans « CoCHaLi », un groupe Facebook de covoiturage en Charente limousine, qui compte aujourd’hui 660 membres inscrits. .

« Ces personnes s’organisent du mieux qu’elles peuvent pour pouvoir accéder notamment à l’offre culturelle », poursuit-elle, rappelant le rôle politique fondamental de la culture.

2. L’aide, l’autre nerf de la guerre

« Ce qui manque, c’est le soutien aux postes dits non productifs », explique Sébastien Gayet, de l’Association Musique Animation Culturelle, à Confolens, qui compte près de 500 adhérents. « Nous nous finançons à 90 % grâce à des cours de musique et des ateliers. Et nous n’avons pas le temps de nous développer. Nous avons besoin d’un demi-poste administratif pour nous aider à remplir les demandes d’aide.


Citoyens, artistes et représentants d’associations ont pu donner leur avis, parfois découragés, parfois optimistes.

Quentin Petit

Si les acteurs culturels dressent un portrait flatteur du Département en termes de soutien à leurs activités, celui de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) est bien plus nuancé. « On se sent parfois abandonnés », regrette Sihem Zaoui, directrice de La Palène, à Rouillac. «On me parle uniquement de protocoles ou de dossiers à remplir.» Avec parfois le risque que les projets ne rentrent pas dans les cases du ministère.

« Il faut que les autorités nous fassent davantage confiance », explique Johanna Silberstein, de la Maison Maria-Casarès, à Alloue.

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Béatrice Nicolas, proviseure du collège Noël-Noël de Confolens, va dans le même sens. « Nous essayons de mettre en place des cours avec des horaires flexibles pour que nos élèves puissent travailler avec les structures culturelles. Mais nous nous heurtons à des difficultés administratives.»

3. Se laisser cultiver : une barrière sociale

«La culture doit aussi être acceptée par nos citoyens», affirme un élu de Brigueuil. «Beaucoup de gens en ont une vision élitiste et ne se permettent tout simplement pas de le faire. J’entends souvent dire “Oh non, la poésie, ce n’est pas pour moi”, poursuit-elle, regrettant que la médiathèque du village n’existe réellement que quelques jours par an.

« Il y a parfois aussi un manque de curiosité parmi les petites villes », rétorque un habitant, estimant qu’elles ont droit aux aides de la Drac mais qu’elles en font rarement la demande.

Pour Kelly Baudry, de Modul-Arts, une agence qui propose un service culturel aux petites villes, « les élus sont de plus en plus conscients de l’importance de l’accès à la culture ». Celui qui conçoit notamment la programmation culturelle d’Abaca dans le Val-de-Cognac constate aussi l’effet positif de l’installation des néo-ruraux. « Des gens ont emménagé chez nous, ont créé une compagnie de théâtre, puis un festival, le tout gratuitement. C’est notre devoir de les aider», affirme l’élu de Brigueuil.

4. La coopération, l’atout rural

“Le milieu urbain ferait bien de prendre un exemple car, ici, la coopération est obligatoire si on veut tenir”, rappelle Johanna Silberstein, qui se souvient de la méfiance envers son projet, au début, avec le festival de Confolens, aujourd’hui un partenaire privilégié. “Nous devons faire tomber les barrières dans cet environnement et tendre la main ensemble au public qui n’ose pas.”

Christian Olivier, directeur adjoint de l’Institut médico-pédagogique de Confolens, salue également cette dynamique partenariale : « Nos jeunes participent à tous les projets, et je sais que nos confrères des grandes villes n’ont pas cette chance. Ici, on décroche le téléphone et, en huit jours, on fait un spectacle», s’enthousiasme-t-il.

Une coopération pas si évidente, selon les plus petites structures. « Déjà, être informé de cette concertation ici à Confolens, c’était difficile », reconnaît Anne-Karine Péret, du Bagdad Café, à Manot.

Dans les bibliothèques municipales, l’implication des usagers modifie également le rapport à la culture. « Il ne s’agit plus seulement de consommer la culture mais aussi de lui faire vivre », souligne Sophie Dumas, responsable de la Médiathèque départementale.

« Il faut faire confiance au milieu rural », rappelle le collectif d’artistes-agriculteurs Egregor, installé en Charente Limousine depuis trois ans. “Nous venons de Paris, du monde dit cultivé, et nous arrivons dans un endroit où c’est nous qui apprenons.” La culture, c’est aussi apprendre de chacun.

Consultation publique ouverte jusqu’au 31 mars

Deux rencontres ont été organisées en Nouvelle-Aquitaine à l’occasion du « Printemps rural ». Après Confolens le 21 mars, où plus de 70 élus, habitants, associations, artistes et représentants de lieux culturels ont participé aux débats, c’était au tour de l’Écomusée de Marquèze, dans les Landes, le lendemain, d’accueillir le débats. Mais la consultation reste ouverte à tous, en ligne, jusqu’au 31 mars, sur https://www.culture.gouv.fr/Printemps-de-la-ruralite.

 
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