UUn nouveau chapitre de l’histoire du Domaine de Grenade, à Saint-Selve en Gironde, est sur le point de s’ouvrir. Un projet ambitieux de création d’un golf adossé à un nouveau complexe hôtelier de luxe devrait voir le jour sur ce site célèbre pour son parc extraordinaire et son château victorien. Le dossier fait l’objet d’une enquête publique depuis lundi 25 mars (jusqu’au 23 avril) pour une demande d’autorisation de défrichement d’une superficie de 26 hectares. Le projet est porté par la société DDG Bordeaux, l’entité qui gère le domaine, propriété depuis 2022 de Grisel Immobilier et du groupe Bayle.
Situé à moins de 30 km au sud de Bordeaux, le Domaine de Grenade est un ovni patrimonial. D’abord avec sa bâtisse de style anglais construite en 1859 par le baron Edmond de Carayon-Latour et son épouse Henriette de Châteaubriand. Puis à travers son parc, couvrant 153 hectares de forêt aux arbres remarquables, des jardins, plusieurs lacs et étangs ou encore la plus grande forêt de rhododendrons d’Europe (40 hectares) labellisée Jardins Remarquables par le Ministère de la Culture en 2008. L’ensemble avait été aménagé en le 19e siècle par le paysagiste Eugène Bülher à qui l’on doit également le Parc de Bordeaux.
Le château victorien du Domaine de Grenade construit en 1859 par le baron Edmond de Carayon-Latour et son épouse Henriette de Châteaubriand.
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Deux restaurants
C’est dans ce cadre superbe qu’il faut créer un golf 18 trous de tous niveaux de compétition. L’hôtel spa-piscine 5 étoiles de 60 chambres a déjà obtenu des permis de construire. D’une superficie de 2 500 m² au sol et sur trois niveaux, l’ensemble sera érigé à la place de l’ancien « chapiteau ». Il comportera deux restaurants, un bistronomique et un gastronomique. Les spectaculaires écuries, dix bâtiments en brique rouge et pierre blanche, abriteront le club house du golf. Une soixantaine d’emplois sont annoncés pour permettre le fonctionnement du complexe.
Souvent accusé d’être un gros consommateur d’apports en eau et en sols pour le plaisir de quelques privilégiés, le golf n’est pas la pratique la plus appréciée des défenseurs de l’environnement. Un écueil que souhaitent éviter les promoteurs du projet Saint-Selve.
Ainsi, « la largeur des fairways est volontairement limitée à 20-35 m pour limiter la déforestation », est-il relevé dans le dossier présenté à l’opinion publique. Le projet vise également à économiser les ressources en eau. « Les ressources en eau du site sont suffisantes pour répondre aux besoins en arrosage du golf et du parc. En cas de déficit important en période estivale, seuls les greens seront arrosés soit moins d’1 hectare. »
Plusieurs étangs et lacs agrémentent le parc, avec pour enjeux la protection de la ressource en eau pour arroser le green.
Archives Axelle Maquin-Roy
Impact sur la biodiversité
Le golf sera certifié Ecocert. Cela signifie par exemple un engagement à ce qu’aucun prélèvement par forage dans la nappe ne soit effectué, aucune utilisation d’eau potable pour l’arrosage ou encore l’utilisation d’intrants labellisés agriculture biologique. De plus, le complexe disposera de multiples sources d’énergie renouvelable et même d’un méthaniseur pour traiter les déchets verts et alimentaires.
Un peu moins enthousiaste que les promoteurs, l’Autorité environnementale souligne dans son avis que « le projet présente des enjeux importants en termes de biodiversité ». L’organisme note que l’étude d’impact n’identifie pas de manière satisfaisante « les impacts du projet sur le milieu naturel ». “L’affirmation selon laquelle une dérogation à la destruction des espèces protégées n’est pas nécessaire reste à démontrer”, fustige l’Autorité.
Si le projet voit le jour d’ici 2027, il complétera l’offre au sud de Bordeaux entre le golf de Villenave-d’Ornon et le golf du Sauternais à Saint-Pardon-de-Conques.
La municipalité approuve
Du côté de la mairie de Saint-Selve, on applaudit l’arrivée du complexe hôtelier et du golf. « Ce projet semble cohérent avec le respect du lieu et de l’environnement », commente Nathalie Burtin-Dauzan, la maire de Saint-Selve. Un premier projet proposé à la commune par d’autres investisseurs en 2016 avait été rejeté par les élus. « Il avait prévu la construction de villas dans le parc, cela ne nous convenait pas. Les nouveaux propriétaires travaillent avec un spécialiste des golfs écologiques et peu consommateurs d’eau », se défend désormais Nathalie Burtin-Dauzan. Les élus ont modifié le plan d’urbanisme local pour autoriser le développement du golf mais sans autoriser de nouvelles constructions. « Il s’agit d’un projet extrêmement intéressant pour la région, avec de nombreuses retombées économiques et en matière d’emploi. »
Le maire est également rassuré par le maintien de l’accès du public à la section Jardin Remarquable. « Le quartier restera ouvert, c’est essentiel pour les habitants qui y sont très attachés. »
