Les cinq dossiers qui attendent Emmanuel Macron en Guyane

Les cinq dossiers qui attendent Emmanuel Macron en Guyane
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Emmanuel Macron a entamé lundi matin une visite de deux jours en Guyane. Le président devrait évoquer de multiples sujets, dont l’Amazonie, le désenclavement et surtout le projet d’accorder plus d’autonomie à ce département. Ce dernier point est Source de tensions entre Cayenne et Paris.

Une visite attendue. Emmanuel Macron est rentré en Guyane du 25 au 26 mars, six ans et demi après sa précédente visite, au cours de laquelle il a affirmé qu’il n’était pas le « Père Noël ». Cette remarque, prononcée dans un contexte de grève générale en Guyane, reste gravée dans la mémoire collective des habitants, qui ont largement voté pour Marine Le Pen (60 %) lors de la dernière présidentielle face à Emmanuel Macron.

Territoire à la fois départemental et régional, la Guyane est située en Amérique du Sud et partage ses frontières avec le Brésil au sud-est et au sud, ainsi qu’avec le Suriname à l’ouest. France 24 revient sur les cinq grands enjeux de cette visite présidentielle.

  • L’Amazonie, un terrain d’entente franco-brésilien ?

Via la Guyane, la France est le seul pays européen à posséder une partie de l’Amazonie, limitrophe du Brésil. « Cette proximité géographique offre des perspectives de coopération particulières avec des enjeux importants, d’autant que cette frontière représente la plus longue frontière terrestre française », explique Hervé Théry, directeur de recherche émérite au CNRS et professeur à l’université de São Paulo. .

Le déplacement du président en Guyane – puis au Brésil de mardi à jeudi – est l’occasion de « dessiner les moyens de coopération locale et régionale » entre la Guyane et l’État brésilien d’Amapa, et de « réintégrer la France dans les discussions sur le traité de coopération amazonienne ». [dans le but de préserver la forêt amazonienne, NDLR] dont le pays a toujours été exclu.

La frontière symbolise également la rencontre du Mercosur et de l’Union européenne, deux blocs économiques majeurs. Mais les négociations entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Paraguay, Uruguay, Argentine) sur un accord de libre-échange suscitent des inquiétudes en France.

Voir égalementCrise agricole : quel est l’accord entre l’UE et le Mercosur ?

  • Pêche et agriculture, des secteurs en souffrance

Dès son arrivée en Guyane, Emmanuel Macron s’est engagé à relever plusieurs défis majeurs, dont la lutte contre la pêche illégale, qui menace non seulement les ressources marines du département mais aussi l’activité des pêcheurs locaux. Interrogé sur la question de la concurrence déloyale provenant de la pêche illégale lors d’une visite dans un marché aux poissons lundi matin, le président a dénoncé une “prédation des voisins” et un “manque d’investissement”. Il s’est également engagé à « renouveler au moins 25 bateaux de pêche » dès « cette année ».

Voir égalementEn Guyane, la difficile traque des pêcheurs illégaux en haute mer

La précarité du secteur agricole en Guyane est également un enjeu majeur. Le département dépend fortement des importations alimentaires, en particulier dans des secteurs tels que le bœuf et la volaille. Les produits importés des pays voisins, souvent moins chers, rendent difficile la compétitivité des agriculteurs locaux. Emmanuel Macron a ainsi promis de prendre des « décisions rapides » pour soutenir les filières agricoles locales et renforcer leur viabilité économique.

  • La question du désenclavement, une priorité pour de nombreux élus

De leur côté, les élus locaux entendent aborder la question du désenclavement du territoire avec le président. Lors de la campagne électorale de 2022, le candidat Emmanuel Macron avait inscrit parmi ses promesses la construction de la route fluviale, de Saint-Laurent à Maripasoula.

La Guyane, malgré sa taille équivalente à celle du Portugal, ne bénéficie que de 400 kilomètres de routes nationales, ce qui crée des zones d’isolement impactant l’emploi. Dans ces régions isolées, un jeune sur trois âgé de 15 à 29 ans n’est ni en emploi, ni scolarisé, ni en formation. Par ailleurs, 53 % de la population guyanaise vit en dessous du seuil de pauvreté.

Par ailleurs, la liquidation d’Air Guyane en 2023 a privé certaines communes isolées de leurs liaisons aériennes. En novembre dernier, un collectif citoyen nommé Apachi a organisé la Conférence d’ouverture, soulignant l’urgence de développer des « infrastructures routières prioritaires », pour faciliter l’aménagement du territoire et la croissance économique.

  • Le débat sur l’autonomie territoriale relancé

Inspirés par la marche de la Corse vers plus d’autonomie, les élus locaux attendent également des avancées sur l’évolution du statut de leur territoire. Un « dîner de travail » avec les représentants politiques de Guyane est prévu pour discuter de la « question institutionnelle » et des évolutions possibles.

Le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Gabriel Serville, a insisté sur la nécessité pour le gouvernement central de « leur accorder le même statut qu’à la Corse ». Il a même menacé de boycotter la visite présidentielle, tout comme les élus indépendantistes.

Lors de la grande crise sociale de mars-avril 2017 en Guyane, une partie des manifestants réclamait un développement institutionnel pour rattraper le retard structurel du territoire par rapport à la France dans tous les secteurs.

Néanmoins, Hervé Théry tempère. « La population guyanaise a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de rester française lors des référendums », dont le dernier a eu lieu en 2010, rappelle l’expert. « Cette volonté traduit un profond attachement à la République », selon lui.

Pour Hervé Théry, les mouvements autonomistes existent en Guyane, mais ils ne représentent qu’une minorité de la population. En acceptant la fusion de la région et du département en 2015, les Guyanais « reconnaissent les nombreux avantages liés au soutien continu de la métropole, notamment en termes de prospérité et de développement, par rapport au Surinam et à la Guyane voisins ».

  • L’orpaillage illégal, un fléau à éradiquer

Autre enjeu de taille en Guyane : la lutte contre l’orpaillage illégal, un an jour pour jour après la mort du major du GIGN Arnaud Blanc, tué dans la jungle le 25 mars 2023 lors d’une opération de lutte contre l’orpaillage. Depuis quarante ans, la Guyane est confrontée à ce problème qui a des répercussions sur l’environnement et la santé des habitants exposés au mercure, utilisé pour agglomérer les paillettes d’or.

« L’infiltration des orpailleurs brésiliens en Guyane est le principal point de friction entre les deux pays », analyse Hervé Théry. Cette activité illégale « provoque d’importants dégâts environnementaux et alimente les tensions locales ».

Voir égalementLes mineurs d’or illégaux continuent d’empoisonner la Guyane avec du mercure

Le territoire, qui s’étend sur 90 000 kilomètres carrés, représente une superficie immense et difficile à surveiller. « Les orpailleurs brésiliens voyagent en pirogue et utilisent des techniques sophistiquées pour extraire l’or », poursuit l’expert. « Leur organisation pyramidale est bien implantée et s’appuie sur un réseau logistique solide. Le prix de l’or, actuellement très élevé, favorise l’expansion de cette activité.»

Les statistiques présentées lors du bilan 2023 de la lutte contre l’exploitation illégale de l’or en Guyane, dévoilé fin février, sont alarmantes. Le document recense 400 sites illégaux, 7 200 chercheurs d’or illégaux et entre sept et huit tonnes d’or extraites illégalement.

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Des soldats et gendarmes français sur le fleuve Maroni pour mener une opération contre l’orpaillage illégal, à Saint-Jean-du-Maroni, Guyane française, le 20 octobre 2021. © Jody Amiet, AFP

Malgré le déploiement de moyens militaires considérables dès 2008 dans le cadre de l’opération Harpie, d’une valeur de 70 millions d’euros annuels, la France n’a pas réussi à stopper cette ruée vers l’or des voisins brésiliens et surinamais. , vecteur d’insécurité. Au total, 60 homicides ont été recensés en 2023, ce qui représente plus de 20 meurtres pour 100 000 habitants, soit près de quinze fois la moyenne nationale.

 
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