Après les récentes fusillades, Bruxelles a été comparée à Chicago par le New York Post, n’est-ce pas ? Voici le classement des villes les plus dangereuses du monde
Bruxelles connaît un début d’année mouvementé. Depuis quelques temps, les activités dans la capitale sont perturbées par des fusillades et autres actes de violence liés au trafic de drogue, en forte augmentation. Une situation inédite, à tel point que, ce samedi, le New York Post, célèbre tabloïd américain, comparait la situation à Bruxelles aux homicides de Chicago et de Ciudad Juárez, au Mexique. Comparaison juste ou titre sensationnaliste ? Nous nous sommes penchés sur la question.
Publié le 03/01/2024 à 04h00
Rien ne sert de le cacher, la situation actuelle dans les rues de Bruxelles est sans précédent. De tels pics de violence ne sont pas monnaie courante et il est vrai que cette soudaine escalade de la violence a surpris la population. Comme le résume l’article du New York Post, des fusillades se produisent à un rythme effréné à Bruxelles.
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Et le Post a comparé notre capitale à « un champ de bataille ». Le tabloïd rapporte les meurtres de plusieurs dealers, des blessés, ainsi que l’origine de cette situation : l’arrivée de drogue, en très grande quantité, via le port d’Anvers.
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Anvers, porte d’entrée
Avec plus de 100 tonnes de cocaïne saisies en 2023 par les autorités, le port d’Anvers s’est rapidement imposé comme la nouvelle porte d’entrée de la drogue en Belgique et en Europe. Les chiffres sont certes impressionnants, surtout lorsque le quotidien new-yorkais les compare à ceux des États-Unis, où « seulement » 40 tonnes de cocaïne ont été saisies l’an dernier.
Force est de constater que la situation en Belgique n’est pas idéale, et le New York Post n’est pas le seul quotidien à s’en inquiéter. Mais au fur et à mesure que l’article avance, il devient vite évident que les comparaisons proposées par les médias américains ne sont qu’une première page, un élan de sensationnalisme, glorifiant la violence et soufflant sur des braises encore brûlantes. Peut-on comparer la situation à Bruxelles aux épisodes de violence extrême vécus par les villes de Chicago et Ciudad Juárez ? Comme c’est souvent le cas, la comparaison n’est pas juste.
45 tournages par semaine
Comme le soulignent nos confrères du Soir, en un peu plus d’un an, la ville de Bruxelles a connu au total 19 fusillades, faisant 16 blessés et cinq morts. De son côté, la police a élargi le bilan, et a estimé le nombre de morts à 7, pour un total de 131 blessés dans les altercations liées au trafic de drogue. Un chiffre relativement élevé, mais infiniment petit si l’on regarde le cas de Chicago… où la police a recensé 2 452 fusillades en 2023, et 2 829 en 2022. Une moyenne donc d’environ 45 fusillades par semaine.
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La situation est également loin d’être idéale à Ciudad Juárez, l’autre ville utilisée par le New York Post dans sa comparaison. Avec ses 1,5 million d’habitants, la ville, située à la frontière du Mexique et des États-Unis, est souvent considérée comme la plaque tournante du trafic de drogue en Amérique, et a longtemps hérité du tristement célèbre titre de « la plus dangereuse du monde ». Connue également pour ses nombreux féminicides, Juarez se classe au 5ème range ville la plus dangereuse du monde en 2023, avec 86 homicides recensés pour 100 000 habitants. Traversée par l’armée, la ville mexicaine est également loin de la situation bruxelloise.
Pas assez de policiers ?
Face à cette situation qui, sans être celle de Chicago ou de Ciudad Juárez, peut quand même être inquiétante, c’est tout naturellement que les regards se tournent vers les forces de l’ordre bruxelloises. Les effectifs de la police sont-ils suffisants pour contenir les fusillades ? Interrogé à ce sujet aux micros de La Première, Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice, a jugé l’effectif total suffisant, et l’a comparé à… New York, où opèrent environ 55 000 agents, pour un total de 8,5 millions d’habitants. Un ordre de grandeur similaire donc, quand on sait que Bruxelles compte 6.640 agents, pour 1,2 million d’habitants. Une situation encore sous contrôle, qui, espérons-le, restera épisodique, et laissera Bruxelles végéter tranquillement en bas du classement des villes les plus dangereuses.
