NARRATIF. Depuis 150 ans, le phare du Four a enduré les vagues de la mer d’Iroise et les drames

Il y a 150 ans, le 15 mars 1874, le phare du Four était allumé. https://twitter.com/Gardien2Phare/status/1768535744212058480en partenariat avec Ouest de la France, avec la collaboration des Archives Départementales du Finistère et du Patrimoine des Ponts et Chaussées. Depuis 2020, ce Finistère montre et raconte les phares de Bretagne et du monde, leurs histoires, leurs anecdotes et leurs belles images sur ce réseau. Plongez dans une histoire au cœur de la mer d’Iroise.

Accédez plus rapidement à la Manche

Pourquoi construire un phare là-bas, au large de Porspoder ? Parce que le Canal du Quatre permet de rejoindre la Manche plus rapidement, depuis la Mer d’Iroise. Mais ce raccourci est dangereux, il est « mal pavé ». Ainsi, en 1862, il fut proposé d’y construire un phare. Mais où ? Sur le rocher des Quatre.

Le phare Four a été installé sur le rocher Four, au large de Porspoder. | ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU FINISTÈRE
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Le phare Four a été installé sur le rocher Four, au large de Porspoder. | ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU FINISTÈRE

A l’origine, le plan choisi était un plan carré semblable au phare de Triagoz. Mais in fine, c’est un projet de tour sectionnelle qui sera validé pour le phare du Four et pour son jumeau, le phare des Pierres noires. Les travaux de construction de ces deux phares débutèrent en 1867, mais le phare des Pierres Noirs fut allumé deux ans plus tôt que celui du Quatre, le 1euh Mai 1872.

Un bateau qui chavire

Le 27 avril 1873, première tragédie au Quatre : alors que trois marins apportaient vivres et matériels, “une lame sourde” fait chavirer le bateau. Vincent Cloarec, François Le Borgne et Hervé Jézéquel disparaissent en mer sous les yeux de Paul Salaün, candidat tuteur.

Plus difficile à accoster que celui des Pierres Noirs, le phare du Four ne fut achevé que fin 1873. On peut alors apercevoir le phare flambant neuf, sur cette photo ci-dessous, prise par Jules Duclos.

Le phare des Four, en arrière-plan, photographié par Jules Duclos. | HÉRITAGE DES PONTS ET DES ROUTES
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Le phare des Four, en arrière-plan, photographié par Jules Duclos. | HÉRITAGE DES PONTS ET DES ROUTES

Le 15 mars 1874, après sept ans de travaux, près de deux ans après son jumeau des Pierres Noirs, le phare du Four s’éclaire enfin. Mais deux ans après son allumage, le 9 mars 1876, une vague fait exploser les fenêtres de la Lanterne Quatre (située à 28 m de hauteur). Les gardiens ont néanmoins réussi à remonter les vitrages et à sauver les optiques.

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Nouveaux drames

La même année, le 30 octobre, c’est un deuxième drame : le gardien Étienne Wimel, occupé sur la tribune extérieure, disparaît, emporté par une lame. Le corps ne fut retrouvé qu’en janvier 1877.

Puis, pour l’Exposition universelle de Paris en 1878, le phare du Four fut présenté dans le pavillon des Travaux publics, sous la forme d’une maquette dont voici les plans.

Mais les drames ne s’arrêtent pas : le 13 février 1913, après son quart de nuit, le chef de garde Alexandre Brézel est retrouvé mort dans son lit par le garde Kersaudy. Une mort naturelle, contrairement à la rumeur qui dit qu’il aurait été asphyxié par les gaz du signal de brume.

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Une optique en 1913

L’optique actuelle date de 1913 et est toujours là ! Il produit cinq rafales groupées toutes les quinze secondes. En 1939, sous l’impact des vagues, la lanterne est à nouveau endommagée, de l’eau s’infiltre et du mercure s’échappe du réservoir de l’appareil optique.

En 1948, le cinéaste Jean Epstein tourne Les feux de la mer, qui sera son dernier film. Il filme notamment un basculement au Quatre.

En 1958, le journaliste et écrivain Louis Le Cunff se rend dans les îles de la mer d’Iroise à la rencontre de ses habitants et des gardiens de phare. Il enregistre ensuite les échanges entre le parc de marquage de Brest et les gardiens : au Quatre, la relève n’est pas possible.

Et c’est le phare du Four qui symbolise les valeurs du métier de gardien de phare, sur ce tableau qui était à l’origine accroché au Centre de Formation des Gardiens de Phare de Brest (et aujourd’hui exposé au Musée d’Ouessant).

Les valeurs du métier de gardien de phare, dans un tableau. | DÉPARTEMENT DU FINISTÈRE
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Les valeurs du métier de gardien de phare, dans un tableau. | DÉPARTEMENT DU FINISTÈRE

Une étoile renversée par une lame

Le 9 décembre 1978, le Ouessantine, vedette de secours et de ravitaillement, est posée par une pale. Le marin Martin Perraux et le garde auxiliaire Jean-Yves Kernoa périssent. Quant à Jean Carval, un autre marin du Ouessantine, il survit mais est blessé. Il raconte le naufrage Marin.

Le naufrage de l’Ouessantine, raconté par Jean Carval. | LE MARIN
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Le naufrage de l’Ouessantine, raconté par Jean Carval. | LE MARIN

En 1990, les phares de la mer d’Iroise sont progressivement automatisés. Le marin vient rendre visite à ces gardiens dont le métier disparaît peu à peu. Voici l’article consacré au phare du Four et à ses gardiens, Bruno Gélébart et René Vigouroux.

L’article du Marin, sur les gardiens Bruno Gélébart et René Vigouroux. | LE MARIN
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L’article du Marin, sur les gardiens Bruno Gélébart et René Vigouroux. | LE MARIN

Les gardiens quittent le phare

Le 22 septembre 1993, André Favennec, qui contrôle l’automatisation des phares, manque de se noyer après avoir été emporté par une lame, mais parvient à être sauvé. Et le 7 octobre 1993, le Quatre est automatisé, les gardiens Bruno Gélébart et Louis Magueur quittent définitivement le phare.

En 2017, le Four a été classé Monument Historique. Il n’y a plus de gardiens, mais le phare continue d’être visité et entretenu par les Phares & Balises de la Direction Interrégionale de la Mer de l’Atlantique Nord-Manche de l’Ouest (Dirm Namo).

Et 150 ans après son allumage, la Fournaise continue d’éclairer les marins et d’affronter les vagues, comme celles de la tempête. Euniceen 2022, superbement filmé par le vidéaste Erwan Poirier.

 
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