« Mon statut a changé, maintenant il va falloir réagir », assure Léon Marchand qui dévoile ses ambitions

« Mon statut a changé, maintenant il va falloir réagir », assure Léon Marchand qui dévoile ses ambitions
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Il est très discret dans les médias, il ne parle pratiquement jamais : le nageur Léon Marchand a choisi franceinfo, l’AFP et RMC pour s’exprimer un peu plus de quatre mois avant la grande échéance olympique, la plus importante de sa jeune carrière. Le quintuple champion du monde, âgé d’à peine 21 ans, s’entraîne aux Etats-Unis, loin de la ferveur de l’Hexagone mais avec un appétit farouche. Ses récentes victoires au PAC-12, une importante compétition universitaire qui s’est déroulée début mars, en témoignent.

franceinfo : Vous avez réalisé d’excellentes performances dans cette compétition PAC-12 avec 6 victoires en 6 courses [3 individuelles et 3 relais]. Et pourtant, votre début de saison a été perturbé par l’opération des dents de sagesse. Comment avez-vous réagi à ce moment-là ?

Léon Marchand : Le plus dur a été de se dire que s’il y a bien eu une année pour ne pas tomber malade, c’était bien cette année ! Se faire opérer et ensuite se retrouver seul, recommencer tout l’entraînement à partir de zéro, c’était vraiment difficile. J’ai évidemment pensé au début à cette préparation des Jeux perturbée. Mais je me suis dit qu’il me restait encore beaucoup de temps avant les Jeux. J’ai juste repris la natation lentement pour travailler d’autres choses, ma technique et mon intensité. C’est revenu progressivement en décembre et ça s’est bien passé. J’étais heureux, mais novembre n’a pas été facile du tout.

Ce n’est donc pas vraiment une surprise de se retrouver à un tel niveau à ce moment de la saison malgré ces revers ?

Non, je sentais que ça revenait. En plus, j’ai eu une belle surprise avec la partie crawl. J’ai passé de très bons moments, je nage un peu différemment, je prends plus d’eau qu’avant. Je gaspille moins d’énergie, je suis plus efficace. Je l’ai vraiment prouvé la semaine dernière.

En plus de la natation, de la préparation olympique, vous avez vos études. Êtes-vous capable de suivre ?

Honnêtement, ça va. Le dernier semestre n’a pas été facile à tous égards : à la piscine, à l’école. J’ai eu beaucoup de cours en fait, j’en ai eu 6 et ce semestre j’en ai 4. J’ai réduit mon nombre de cours pour essayer d’avoir un peu plus de temps, me coucher plus tôt le soir, pour essayer de récupérer un peu mieux. Là j’ai un bon équilibre et j’arrive à suivre tout ce qui est examen, tout ce qui est devoirs. En ce moment, j’ai une à deux heures de cours par jour, mais les devoirs me prennent 2 heures par jour toute la semaine. C’est lourd parfois. Mais j’ai besoin d’avoir autre chose que nager pour ne pas penser seulement à ça.

Avec cet emploi du temps très chargé, vivre et s’entraîner aux Etats-Unis [à Tempe en Arizona]quelle place occupent les Jeux Olympiques dans votre esprit ?

C’est aussi ça l’intérêt d’être loin. J’aurais pu devenir nageuse professionnelle cette année et me contenter de nager. Mais je ne voulais pas. Toutes les compétitions que je fais avec mon université m’occupent l’esprit. Je préfère de loin être à la maison, préparer mes compétitions avec mes amis, faire des petits challenges, des petites choses comme ça, je trouve que c’est plus sympa. Donc Paris est évidemment dans la tête, mais ça s’éloigne un peu grâce à toutes ces compétitions.

Redoutez-vous votre retour en France ? [en juin à l’occasion des championnats de France qualificatifs pour les Jeux] ?

Non, je n’ai pas peur de tout ça. Je serai heureux de rentrer chez moi, de revoir ma famille. Mais aussi de s’entraîner avec Nicolas [Castel, son entraîneur à Toulouse]. Je n’arriverai qu’une semaine avant les championnats de France. Je n’ai pas trop d’appréhension mais ce n’est pas facile pour moi.

« Avant, j’arrivais à une compétition, j’étais un étranger, je faisais mes petites courses, mes petites finales et je rentrais chez moi. Maintenant, ce n’est plus la même chose.

Léon Marchand

sur franceinfo

Au final, cette nouvelle notoriété vous plaît-elle ?

Non, je préférerais recommencer comme avant, en inconnu. Parce que ce que j’aime vraiment, c’est nager vite et m’amuser dans l’eau. Mais bon, c’est quelque chose que je dois accepter maintenant.

Parlons des Jeux Olympiques et du programme qui vous attend. Vous avez la possibilité de concourir dans 4 épreuves individuelles, dont le 200 m papillon et le 200 m brasse qui se déroulent le même jour. Qu’avez-vous décidé ?

Cela n’a pas encore été décidé. Ce sera dans longtemps. Avoir un peu plus de temps entre ces deux courses est une opportunité mais ça ne veut pas dire que je vais le faire (rire). Le mieux serait vraiment de pouvoir faire les deux dans la même journée. Mais il faudrait faire les deux dans la série, aussi bien en demi-finale et donc en finale, ça fait beaucoup d’énergie en une journée et demie. On verra bien, mais ce qui est sûr, c’est que je fais le 400 m 4 nages et le 200 m 4 nages.

Le programme olympique a été adapté pour permettre de tout faire, avec plus de temps entre les deux finales du 200 m papillon et du 200 m brasse (1h10). Qu’est-ce que ça fait de dire que nous avons adapté les règles rien que pour vous ?

C’est incroyable qu’ils aient changé le programme. Je pense qu’ils veulent du spectacle, un peu comme les Américains. Ils aimeraient que je fasse les deux. Changer un programme complet pour un seul nageur semble un peu bizarre. Lors de mes derniers Jeux Olympiques à Tokyo, j’ai terminé 6ème. Cela montre que mon statut a changé depuis. Il va maintenant falloir réagir.

Mais savez-vous quand même que vous serez l’une des stars annoncées de ces Jeux ?

Oui, et je m’y prépare tous les jours. J’ai mon préparateur mental pour gérer l’attente. Nous préparons tout ce qui m’entourera pendant ces 2 semaines qui seront assez intenses. C’est un nouveau défi et surtout une opportunité. J’ai 21 ans, j’atteins mon apogée dans mon sport et les Jeux se déroulent à la maison. Quoi de plus ? Je ne vais pas me plaindre, je vais me préparer le plus possible et je vais profiter quand j’y serai.

Même de loin, regardez-vous comment ça se passe en France autour de ces Jeux, avec aussi des polémiques ?

Évidemment, je vois des choses se produire. En fait, je suis tellement loin qu’il est difficile d’imaginer ce qui se passe en ce moment, comment cela s’organise, comment les gens y réagissent.

« J’ai vu qu’il y avait encore beaucoup de points négatifs et aussi beaucoup de points positifs. J’ai aussi vu le village des athlètes, ça a l’air très sympa.

Léon Marchand

sur franceinfo

Vous vous mettez dans une bulle, vous ne parlez presque jamais aux médias. Pourquoi cet isolement ?

J’ai toujours été très concentré sur la natation. De plus, cette année, nous avons reçu énormément de demandes. Depuis janvier, nous avons dû recevoir, je ne sais plus, cinq ou dix demandes par email chaque jour, qu’il s’agisse de médias, de sponsorings, de performances, d’événements, ou simplement de personnes qui veulent des autographes. On a tout de suite compris qu’il fallait vraiment réduire tout ça parce que ce sont des choses qui m’éloignent de l’entraînement.

Quand on me demande d’aller faire une performance le samedi matin, c’est l’heure à laquelle je suis censé m’entraîner, ça ne peut pas marcher. Je n’ai pas vraiment le temps pour tout ça et je préfère passer mon temps à récupérer dans un bain froid, à faire des étirements, à me coucher tôt. C’est plus facile pour moi, c’est plus confortable.

 
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