Sans préjuger de tous les efforts que le gouvernement sortant et son successeur déploieront pour relancer le marché du travail en Wallonie, on peut d’ores et déjà affirmer que l’objectif sera difficile à atteindre. Selon les derniers chiffres du Forem, le taux d’emploi en Wallonie, pour les 15-64 ans, n’était que de 60,8% fin décembre. Un taux qui monte à 65,9% chez les 20-64 ans, contre 64,6% en décembre 2019 : il faudrait donc progresser de 2,8 points en un an alors qu’on n’en a gagné que 1,3 en quatre ans.
La Wallonie n’atteindra pas son objectif de taux d’emploi :
Au sein de la population censée être active en Wallonie, une personne sur trois 10 ne travaille pas. Et pas moins de 225.641 personnes étaient encore inscrites comme demandeurs d’emploi à la fin de l’année dernière. Cela représente une augmentation significative de 11,7 % en cinq ans. « Le contexte économique est différent : fin 2019, le marché du travail était plus dynamique, commente le cabinet de la ministre wallonne de l’Emploi, Christie Morreale. En décembre 2023 (post-covid, post crise ukrainienne, inflation…), la situation est moins favorable.»
L’éclatement du conflit en Ukraine, qui a entraîné une explosion des coûts de l’énergie, a en effet porté un coup extrêmement dur au marché du travail. Face à des factures énergétiques parfois décuplées, les entreprises ont dû revoir leurs ambitions de recrutement.
A cela s’ajoutent de nouvelles réglementations visant à mieux identifier certains demandeurs d’emploi librement inscrits, jusqu’ici passés sous les radars. Elle gonfle les chiffres depuis 2022. En réalité, le nombre de demandeurs d’emploi en quête d’allocations diminue. « En revanche, les demandeurs d’emploi librement inscrits (NDLR : qui ne perçoivent pas d’allocations) connaissent une forte augmentation depuis janvier 2021. Ce changement élargit de facto la base des personnes à la recherche d’un emploi en Wallonie, mais œuvre à un meilleur accompagnement en vue de leur insertion dans l’emploi, en simplifiant leurs démarches administratives et en leur permettant d’en bénéficier sans interruption. de « l’offre de services gratuits du Forem ».
À Liège, une personne sur quatre âgée de 20 à 64 ans est à la recherche d’un emploi
Reste que c’est la ville de Liège qui hérite de la peu enviable première place pour le taux de demandeurs d’emploi le plus élevé. Près d’une personne sur quatre âgée de 20 à 64 ans est à la recherche d’un emploi. « Si on s’arrête à ce chiffre, les résultats peuvent être perçus négativementconfie la mairie. Mais il existe d’autres indicateurs bien plus positifs. A Liège par exemple, près de 110.000 emplois sont pourvus, dont une grande partie est occupée par des gens venus d’ailleurs, qui paient leurs impôts ailleurs. De nombreux chômeurs viennent également s’installer à Liège parce que les prix des logements sont plus abordables et pour la proximité des services. Cela gonfle les chiffres.
Voici le classement des communes wallonnes dans lesquelles la demande d’emploi est la plus forte
A Charleroi, on travaille sur des solutions plutôt que sur des constats”
Comme Liège (taux d’emploi de 55,5%), d’autres communes sont particulièrement touchées par l’inactivité professionnelle de leurs citoyens : à Farciennes par exemple, une personne sur deux âgée de 20 à 64 ans ne travaille pas (taux d’emploi de 50,5%). Et à Charleroi, la plus grande ville de Wallonie, les chiffres sont encore pires : seulement 49,2% des personnes censées être actives sur le marché du travail travaillent réellement.. «Quand on a perdu Carsid puis Caterpillar, c’était un raz-de-marée», confie Carole échevin à l’Emploi, Xavier Desgain (Ecolo). Toutefois, le taux de chômage n’a pas grimpé, car des emplois sont créés chaque jour. Mais nous avons perdu beaucoup en même temps. Nous travaillons sur des solutions plutôt que sur des observations.
Le travail sera certainement un thème majeur de la campagne électorale. C’est la volonté du PS et du MR, qui ont chacun une approche différente du retour à l’emploi des travailleurs de longue durée.