Chez Wikimédia France, les mauvais comptes font les bons amis

Chez Wikimédia France, les mauvais comptes font les bons amis
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L’association chargée de soutenir et de diffuser les projets Wikipédia en français affiche de lourds déficits. Une mauvaise gestion financière qui révèle, en filigrane, des connexions idéologiques dénoncées au sein de la communauté Wikipédia.

Pour l’assemblée générale de Wikimédia France qui s’est tenue ce samedi 11 novembre, les sujets de tensions n’ont pas manqué au sein de l’association, chapitre national de la Fondation Wikimédia (qui héberge la grande encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia). Tout d’abord, plusieurs articles publiés notamment dans Indiquer Et Factuel qui reprennent les révélations faites en 2022 Le Figaro à propos d’une association militant pour l’inclusion des genres sur Wikipédia, Les sans pages (LSP). Cette dernière cherche dans un premier temps à créer des pages Wikipédia sur des femmes célèbres, pour compenser le « sex-gap » de l’encyclopédie. Et cherche à renforcer la visibilité des luttes LGBT sur Wikipédia, à travers son projet « Wiki Loves Pride ».

Une campagne de pressetransphobe” Et “diffamatoire», estime dans un message interne Mathis Benguigui, l’un des candidats au poste d’administrateur de Wikimédia France. Et “dont l’objectif à peine dissimulé est d’influencer le cours de l’AG», ajoute dans un autre mail le directeur exécutif de Wikimédia France, Rémy Gerbet. Ce qui a ordonné aux administrateurs de Wikimédia de «soyez très prudent car l’offensive n’est peut-être pas terminée», en référence aux questions que nous avons adressées cette semaine à la présidente de Wikimédia France, Capucine-Marin Dubroca-Voisin.

Faire attention à quoi ? Dans tous les cas, Le Figaro a en effet recueilli les préoccupations de plusieurs membres de la communauté Wikipédia, au sein de laquelle l’association Wikimédia France joue un rôle majeur, puisqu’elle imagine, soutient et finance de nombreux projets d’enrichissement et de développement de la partie francophone de l’encyclopédie en ligne. Inquiétudes quant au pouvoir et à l’influence d’un petit groupe uni derrière les orientations idéologiques du «sans pages» (qui favorise l’inclusion du genre et les conventions d’écriture souhaitées à tout prix par les associations LGBT : par exemple, le rapport moral de Wikimédia France est rédigé dans une écriture inclusive). Un petit groupe qui détient tout le pouvoir sur les décisions prises par Wikimédia France, et qui a également entraîné les comptes de l’association dans une dérive inquiétante.

Un déficit de 243 000 €

Malgré une hausse significative de ses revenus, due notamment au doublement des subventions publiques dont elle bénéficie (désormais plus de 100 000 €), Wikimédia France affiche cette année un déficit de 243 000 €. Pour un budget total d’un million et demi, financé en partie par des dons (près de la moitié des recettes) et en partie par une subvention allouée par la Fondation Wikimédia (un tiers des recettes), qui elle-même soutient également les dons.

Une situation que l’association a réussi à résorber grâce à ses réserves de trésorerie, et que la présidente Capucine-Marin Dubroca-Voisin ne semble pas considérer comme inquiétante : « Nos ressources ont mis un peu plus de temps à augmenter, elle explique à Figaro, ce qui est souvent le cas lors des phases de croissance. Nous avons pu puiser dans nos réserves et nous comptons revenir à l’équilibre. »

Une façade d’enthousiasme ? La présentation de la situation financière aux administrateurs de Wikimédia France a néanmoins surpris tout le monde, et soulevé d’importants doutes sur la gouvernance actuelle de l’administration. Après le choc, le trésorier de l’association a même confié à d’autres administrateurs qu’il envisageait de démissionner, faute d’être écouté par le président et la directrice générale. Pas de quoi toutefois freiner l’optimisme du président Capucine-Marin Dubroca-Voisin, qui insiste : «le développement de nouveaux projets est une très bonne nouvelle de la part de l’association qui grandit« .

Toutefois, ce déficit ne doit pas grand-chose aux nouveaux projets. Mais d’abord à plusieurs erreurs grossières, comme la non-déclaration dans la comptabilité de l’association d’un compte épargne temps pour ses salariés. Autre maladresse, un contrat de leasing pour l’acquisition de gigantesques imprimantes signé il y a quelques années a finalement semblé inadapté aux besoins réels de l’association, qui a restitué le matériel et a dû payer la somme due pour les années restantes. “ Avec plus de 21 000 € de frais d’impression, on dirait qu’ils ont imprimé l’intégralité de Wikipédia d’un seul coup ! » commente avec un couinement un contributeur chevronné de l’encyclopédie. Il existe enfin d’autres dépenses parfois jugées excessives par certains administrateurs. Deux week-ends de construction d’équipe » dans de beaux hôtels, un « Wikicamp » avec des résultats jugés décevants en interne, compte tenu de la trentaine de personnes venues…

Le déficit comptable s’explique également par le fait qu’une subvention n’a été que partiellement utilisée et reportée à l’exercice suivant. Mais aussi, donc, à une hausse des dépenses sans précédent, que Capucine-Marin Dubroca-Voisin tente de justifier par de nouvelles embauches. Oublier d’abord de préciser que le nombre de notes de frais au sein de l’association a explosé. C’est pourquoi les administrateurs de Wikimédia France ont adressé en octobre un blâme au directeur général, Rémy Gerbet, et un avertissement au comptable Jonathan Balima. Et a souhaité revoir les règles concernant l’autorisation d’engager des frais : jusqu’à présent, les salariés pouvaient dépenser jusqu’à 10 000 € sans en référer au trésorier.

Côté recrutement donc, l’association n’a procédé cette année à aucun recrutement majeur pour son développement stratégique, et face à une situation comptable difficile, a même choisi de geler temporairement l’embauche d’un chargé de plaidoyer, après le départ de celui qui occupait le poste. position jusqu’à présent. Plusieurs embauches ont certainement eu lieu : Capucine-Marin Dubroca-Voisin mentionne par exemple dans Figaro le recrutement d’un salarié pour réaliser des projets liés à Vikidia, le Wikipédia des enfants. Informations recueillies, il semble cependant que le détachement de ce salarié pour les besoins de Vikidia soit compensé financièrement par cette association, qui possède une identité comptable distincte…

En revanche, deux autres processus de recrutement ont alarmé une partie du conseil d’administration, ceux d’Amélie Charles (responsable formation et évaluation) et Florian Cuny (développeur). Dans le cas de ces derniers, le recrutement à la fin du stage avait d’abord été décidé par le directeur des ressources humaines sans l’accord du conseil d’administration, qui était réticent et souhaitait reprendre le contrôle du processus de recrutement. Il est alors apparu que le rapport de stage du candidat ne mentionnait pas sa vision de l’outil sur lequel il avait pourtant été recruté, le « Langue Libre » qui permet d’écouter des enregistrements audio sur l’encyclopédie. En difficulté, Rémy Gerbet a donc été obligé de lancer une procédure normale de recrutement (d’autant que Florian Cuny n’a pas fait l’unanimité), tout en assurant que ce dernier était bien recruté à l’issue du processus : « on croise les doigts pour qu’il y ait très peu de candidats, ce qui sera sûrement le cas compte tenu du type de contrat et du salaire proposé. On peut aussi essayer de raccourcir le processus avec un délai de candidature assez court. », a-t-il écrit dans un message interne expliquant sa stratégie.

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L’influence des « sans pages »

Toutefois, si cette façon de procéder agace tant une partie du conseil d’administration, c’est parce que Florian Cuny, qui vient d’être élu administrateur lors de l’assemblée générale du 11 novembre, est également membre de l’association de « sans pages « . Un autre administrateur élu à l’AG, Alex Sirac, est également membre du «sans pages« . Tout comme Capucine-Marin Dubroca-Voisin qui en fut même la trésorière. Tout comme Antoine Srun, secrétaire de l’association, et Cédric Tabouriech, un autre administrateur. Quant à Rémy Gerbet, il a également soutenu le « sans pages » à de nombreuses reprises, comme lorsqu’il a défendu Natacha Rault (employée de Wikimédia France et fondatrice du « sans pages “) en justifiant le partenariat avec l’association, alors qu’elle était mise en cause par une partie de la communauté Wikipédia pour avoir notamment “ recruté » contributeurs aux sites LGBT. Ces derniers devaient venir soutenir les positions du « sans pages » dans les espaces de discussion de l’encyclopédie.

Pour mémoire, après la publication l’année dernière d’un article dans Le Figaro mettant en cause Natacha Rault, Rémy Gerbet a cru bon de lui offrir un bouquet de fleurs d’une valeur de 90 € provenant des fonds de l’association. , pour marquer son soutien… Une décision citée en interne comme un exemple emblématique d’un management global où copinage et connexions idéologiques priment sur l’intérêt général de l’encyclopédie en ligne.

 
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