Livre –
Géa Augsbourg reçoit une courte biographie chez Infolio
Décédé en 1974, le Vaudois a marqué son époque par ses peintures, ses céramiques et surtout ses dessins de presse. Il était bien oublié.
Publié aujourd’hui à 12h43
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Nous l’avions perdu de vue depuis longtemps. Où est Géa ? Et Géa ? Au fait, qui est Géa ? A l’époque où Géa Augsbourg travaillait dans son canton de Vaud, l’art n’avait pas encore le vertige. Les jeunes pousses ne se sont jamais succédées d’année en année. Il y avait donc de la place pour les vétérans, voire ceux récemment décédés. Nous ne vous avons pas oublié tout de suite. Notre homme n’avait-il pas marqué son pays non seulement par sa production picturale, mais par ses collaborations avec des publications aussi populaires que « L’illustré » ou le « Catalogue Veillon » par correspondance ? Un catalogue qui a pénétré profondément dans la campagne pour proposer les dernières nouveautés de la ville…
Un surproductif
Né en 1902 à Yverdon, Georges Charles Augsbourg a failli tenir son premier crayon dans son berceau. Écolier, il dessinait constamment, au grand désespoir de ses professeurs. A l’âge de 14 ans, il rencontre l’illustre Eugène Burnand, travaillant en plein air. Le clic. L’homme se consacre ensuite à la peinture à l’huile ainsi qu’à l’aquarelle ou plus tard à la céramique. Le tout avec une profusion déconcertante. Cette hyperactivité ne semble jamais s’arrêter, qu’il s’agisse de manger ou simplement de respirer. Ses exordiums seront modernistes, dans un canton qui le reste très peu. Leur auteur passera ensuite à la figuration, avec une attention constante portée aux lignes rapides. Une Augsbourg reste avant tout une ligne tracée sur le papier. D’où la tentation commerciale de travailler pour la presse, tout en côtoyant des gens honnêtes, de Pablo Picasso aux Belges Constant Permeke et James Ensor. La courte biographie que Sylvie Costa Paillat consacre à l’artiste, dans la précieuse collection « Presto » d’Infolio, s’apparente à un carnet sinon mondain, du moins artistique.
La carrière d’Augsbourg s’est longtemps déroulée entre sa ville natale et Paris, où il avait un atelier comme beaucoup d’autres Vaudois (Théophile Bosshard, Gustave Buchet, etc.). Avec les allers-retours que cela implique. Avec les différences d’inspiration que cela explique. L’émigré ne revient définitivement à Lausanne qu’en 1952, devenant ainsi l’une de ces personnalités locales qu’on ne qualifiait pas encore d’« incontournables » à l’époque. Il voyagera encore beaucoup. Les Suisses sont allés en Chine en 1959, alors que le pays restait aussi fermé qu’un coffre-fort. Cela ne l’a cependant pas découragé de devenir le chroniqueur de « l’Exposition nationale » de 1964, qui se préparait puis se déroulait sous ses yeux. La Suisse était en transition vers la modernité. Il fallait en témoigner.
Des milliers de dessins
Décédé en 1974, Géa Augsbourg se retrouve inhumé en quelque sorte au Musée historique de Lausanne. Cela préserve l’essentiel de son œuvre graphique. Des milliers de feuilles, ce qui, à mon avis, est beaucoup trop au même endroit. C’est Sylvie Costa Paillet qui s’occupe de ce patrimoine. Elle en parle donc en connaissance de cause. Il s’agit d’une première approche générale. Il convenait de faire revivre un nom. Y aura-t-il une suite ? Difficile de prévoir. L’art avec un « A » majuscule n’aime pas les compromis avec le commerce. Écoutez ici la presse populaire et la publicité. Et puis le monde vaudois des années 40 et 50 semble aujourd’hui aussi lointain que les Romains ou les Bourguignons. Cela vient du passé, à une époque où la célèbre génération Z parle à peine du présent tout en regardant attentivement l’avenir. Il reste évidemment des nostalgiques. Mais y en a-t-il assez ? Le temps nous le dira. En attendant, lisez le livre et découvrez Augsbourg. Ça vaut le coup.
Pratique
“Géa Augsbourg, A life in images” by Sylvie Costa Paillet, Editions Infolio, Presto collection, 64 pages.
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Né en 1948, Etienne Dumont étudié à Genève qui lui furent de peu d’utilité. Latin, grec, droit. Avocat raté, il se tourne vers le journalisme. Le plus souvent dans les sections culturelles, il travaille de mars 1974 à mai 2013 à la Tribune de Genève, commençant par parler de cinéma. Viennent ensuite les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le constater, rien à signaler.Plus d’informations
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