News Day FR

Rencontrez Isabelle Simler et ses rêves

Après avoir dessiné pour la presse, la publicité ou encore l’animation, Isabelle Simler, diplômée des arts décoratifs de Strasbourg, a choisi de se consacrer pleinement à la littérature jeunesse. Depuis plus de dix ans, elle dessine des animaux avec la précision d’un naturaliste et la fantaisie d’un poète. En 2017, son livre Plume a été nommé l’un des 10 meilleurs livres illustrés de l’année par Le New York Times.

En résidence à l’école Jean-Zay pendant 4 semaines réparties sur l’année, l’auteur-illustrateur anime des ateliers de création collective avec toutes les classes. La première séance a eu lieu en novembre : les élèves, de la petite section au CM2, ont dessiné des parties d’animaux avec des plumes, de la fourrure et des écailles sous les conseils de l’illustratrice. Une fois assemblées, ces grandes chimères seront exposées à la Maison du livre, de l’image et du son pendant le Festival, du 2 au 6 avril 2025.

Rencontre.

Qu’est-ce que le style « Isabelle Simler » ?

J’ai une manière de procéder plutôt naturaliste : pour moi dessiner est presque un prétexte pour observer les choses en détail et sous tous les angles. Lorsque je choisis un sujet, je réalise d’abord un travail de recherche important, pour pouvoir ensuite me permettre de m’éloigner de la réalité.

J’ai donc une manière de dessiner assez réaliste, mais je ne m’efforce pas de coller parfaitement à la réalité, je travaille beaucoup les textures, je joue avec les lignes et les couleurs. Je considère qu’un dessin est complet quand j’ai l’impression que l’animal est un peu vivant, qu’on sent presque le souffle dans ses poils, comme s’il pouvait se mettre en mouvement.

Comment les animaux sont-ils devenus votre sujet de prédilection ?

Cela s’est fait tout naturellement. Je crois que ce qui motive l’envie de dessiner, c’est l’émerveillement, et la diversité que l’on trouve dans la nature est pour moi très stimulante. Je dessine toutes sortes d’animaux mais j’ai dessiné beaucoup d’insectes par exemple, pour la diversité des esthétiques qu’ils présentent. Je suis également fasciné par l’ingéniosité de la nature.

Et puis, s’intéresser aux animaux, c’est aussi une manière détournée de questionner le rapport que nous entretenons avec les animaux en tant qu’humains. C’est aussi un très bon sujet à aborder avec les enfants.

Qu’est-ce que vous préférez dans le travail avec les enfants ?

J’aime beaucoup les résidences de longue durée, comme celle que je fais dans le cadre du Festival du livre jeunesse de Villeurbanne, car dessiner, c’est long. Souvent, lorsque nous avons des rencontres ponctuelles avec des enfants, c’est très frustrant car nous sommes limités dans le temps et nous ne pouvons pas revenir au dessin. C’est plutôt idéal puisque je verrai les enfants quatre fois pour certains. Cela vous permet de développer quelque chose au fil du temps, et c’est en dessinant que cela se fait, au fil du temps. J’aime beaucoup ce type de rencontre.

Comment avez-vous construit cette résidence ?

J’aimais l’idée qu’il y ait vraiment tous les niveaux, de la petite section au CM2 et je ne voulais pas créer des choses différentes avec chaque tranche d’âge, bien au contraire. Il fallait donc trouver un projet dans lequel il était possible d’inclure tous les enfants, et aussi répondre au thème du festival du livre jeunesse. Je voulais partir du réel, de l’observation naturaliste, pour ensuite basculer dans la fiction. Chaque classe est donc invitée à créer une partie d’un animal et nous assemblerons ensuite toutes ces pièces pour créer des chimères. Le sujet reste le même pour tous les enfants, puis j’adapte les outils à chaque classe, des craies grasses pour les tout-petits par exemple, et des poscas fins qui demandent plus de dextérité pour les plus grands. C’est une œuvre graphique qui fonctionne avec tous les âges.

Avez-vous déjà une idée du résultat ou des attentes précises ?

J’essaie de ne pas trop prédéterminer les choses. L’idée est d’improviser avec les enfants, de faire avancer le projet avec eux. L’objectif est aussi de les embarquer tous, car dans une classe il y a toujours ceux qui sont extrêmement à l’aise avec le dessin et d’autres qui sont beaucoup plus timides. C’est intéressant d’avoir du temps et de revoir les enfants, ça permet de donner confiance aux plus timides. Dessiner demande beaucoup de persévérance, il faut donc accepter de ne pas réussir tout de suite, et d’essayer plein de choses avant d’arriver à un résultat convaincant. C’est ce que j’essaie de communiquer aux enfants, de leur donner confiance et de se surprendre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :