Vous avez décidé d’arrêter de publier des livres. Pour quoi ?
Pierrick Chuto, auteur : « Quand, il y a presque vingt ans, j’ai commencé des recherches généalogiques, je n’imaginais pas publier dix livres. Le premier, « Le maître de Guengat », dédié à Auguste Chuto, mon grand-père et maire de la commune de 1846 à 1871, a très bien fonctionné. J’en ai vendu 1 800 exemplaires. Mais aujourd’hui, il est devenu trop difficile de vendre des livres bretons. La surproduction est telle que les livres ne restent pas longtemps dans les rayons, faute de place. Pour l’autoédition, c’est encore pire et les relations avec les libraires sont de plus en plus tendues. Aujourd’hui, je ne suis distribué que dans cinq ou six points de vente, et un seul en Pays Bigouden, à L’aire de Broca. Ce n’est pas le manque de sujets qui me pousse à arrêter, c’est le fonctionnement de la chaîne du livre.
Comment en êtes-vous arrivée à l’écriture ?
« Tu devrais plutôt me demander pourquoi je ne suis pas venu plus tôt ! (rires) Je suis devenu commerçant par défaut, pour succéder à mon père. Cela m’a encore occupé pendant quarante ans, dont treize comme président de l’association des commerçants de Pont-l’Abbé. Mais ce que j’aurais aimé être, c’est être journaliste. Ainsi, le deuxième jour de ma retraite, à 60 ans, j’ai commencé à écrire. Ce sont les recherches généalogiques que j’avais entamées qui m’ont donné le déclic. J’ai découvert que les gens de ma famille étaient étranges et capricieux, et qu’il y avait des choses à raconter qui permettaient aussi d’évoquer l’histoire locale.
Vous n’êtes pas historien, comment avez-vous procédé ?
« J’ai exploré les archives départementales, diocésaines et municipales et j’y ai trouvé une mine d’informations. A chaque livre, j’en mettais de côté et cela m’a amené vers un nouvel ouvrage. Je ne suis pas historien, mais je suis passionné et consciencieux. Tout ce que je dis est vrai et vérifié. Parfois, cela peut être offensant ou douloureux, mais je ne juge pas, je dis simplement. Parfois avec un peu de second degré.
On vous a vu au dernier Salon du Livre Bigouden et vous avez ouvert un blog. Vous ne prenez donc pas complètement votre retraite ?
« Non, je continuerai à faire des salons et des conférences lorsque je serai invité. J’aime raconter des histoires, j’aime le contact avec le public et les lecteurs. Et j’ai encore des exemplaires de mes livres à vendre. Et grâce au blog, je peux continuer à raconter le quotidien de nos ancêtres, si différent du nôtre aujourd’hui. Après tant d’heures passées à fouiller dans les archives, je dispose d’un nombre impressionnant de documents inutilisés. Je l’utilise pour publier un article par semaine sur ce qui s’est passé entre 1800 et 1950 en Cornouailles.
« J’en suis très fier, tant sur le fond que sur la forme. Il a été imprimé sur un très beau papier au Cloître, à Saint-Thonan, et comporte de nombreuses illustrations originales de Jean-Marie Misslen. Quant à l’histoire de Mgr Duparc, elle n’était pas du tout connue et surprendra plus d’un lecteur. De 1908 à 1946, il mène une guerre sainte contre les danses Kof ha Kof (ventre contre ventre), considérées comme diaboliques et inventées par Satan. Les Bigoudens qui aiment beaucoup danser n’ont pas aimé ça, la presse anticléricale non plus ! « .
Pratique
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